C'est à la Comédie Bastille que j'ai vu le spectacle au moment de sa création, à deux pas d'un des multiples mémoriaux dédiés à Charlie Hebdo. La vie continue malgré tout ... Et cet excellent spectacle voyagera de théâtre en théâtre.
La Polonaise de Chopin succède aux rires de la représentation précédente. Beaucoup de personnes âgées dans la salle. A croire qu'on ne lit plus les Malheurs de Sophie à l'école et que le nom de Ségur ne représente pas autre chose qu'une station de métro pour les jeunes générations.
Une vieille dame s'inquiétait à la caisse qu'il ne s'agit pas tout de même d'un spectacle pour enfants. Tu as été enfant, de toute façon, argumente son mari (à moins qu'il ne se moque).
Je la retrouve navigant d'un fauteuil à l'autre, parlant très fort au téléphone ... branché sur haut-parleur, se levant bruyamment, quittant sa place pour une autre, semant des magazines au passage et mettant de la pagaille dans le système des places numérotées. Les personnages sont parfois dans la salle !
Bérengère Dautun entre en scène. C'est l'heure des bilans, annonce-t-elle. Je serai moi et tous les personnages à la fois.
A peine nous a-t-elle raconté le joyeux Bal des Ambassades sur un air de valse que Sofoletta nous prévient qu'elle n'entend pas idéaliser sa légende : Les fractures émotionnelles se soldent comptant. J'en sais quelque chose. C'est pas une plaisanterie la vie.
En fait, entre un père, parfait honnête homme, mais nous dirons peu efficace, et une mère qui la fit souffrir de mille façons, soit disant "pour son bien", la comtesse va livrer les blessures d'enfance et raconter le drame de sa vie d'adulte, la perte d'un enfant.
J'ignorais quasiment tout de cela, sachant juste qu'elle était d'origine russe. Je connais par coeur des pans entiers des Malheurs de Sophie en n'ayant jamais fait le rapprochement entre son prénom et celui de cette petite fille pleine de vie et désobéissante "par mégarde".
Je voyais dans cette littérature (qui fut la première à être diffusée dans les gares par le réseau Hachette, Eugène de Ségur, son mari étant président de la Compagnie des Chemins de fer de l’Est, mais c'est une autre histoire ...) des leçons de morale et d'éducation, distrayantes au demeurant, fort bien écrites, que j'aimais lire et relire en me situant à mi-chemin entre la turbulente Sophie et ses sages cousines Camille et Madeleine.
Pascal Vitiello, le metteur en scène, souligne combien Bérengère Dautun fait corps avec Sophie de Ségur. Il n'en faut pas plus qu'un sofa, une malle, un châle, un samovar et surtout des livres pour restituer le caractère de cette femme de lettres d'exception au destin incroyable.
Je ne peux pas déterminer la part du vrai et du véritable dans ce portrait vraisemblable qui a été écrit par Joëlle Fossier. Ce qui ne fait aucun doute c'est la qualité de l'incarnation de la comédienne, ex sociétaire de la Comédie française, que j'avais admirée dans une autre femme extraordinaire, Alexandrine Zola dans J'accuse au Petit Hébertot en 2011.
Si elle a connu l'enfance qu'elle raconte sur la scène de la Comédie Bastille je comprends que l'écriture l'ait aidée à vivre. Son existence a été marquée par des horreurs. Avoir connu la faim jusqu'à ne pas résister à voler le pain des chevaux. Avoir été abandonnée en forêt par une mère sadique qui n'hésita pas à jeter sa poupée (un point commun avec Louise de Vilmorin qui même adulte en pleurait encore), avoir perdu un enfant, avoir pour mari un homme qui estimait que donner du jugement à une femme équivalait à lui mettre un couteau entre les mains ... tout cela vous anéantit ou vous rend indestructible.
On comprend qu'après avoir traversé des années à restaurer l'image de soi elle soit parvenue à survivre et à trouver dans l'écriture une forme de résurrection cathartique.
Etait-il nécessaire pour autant de lui mettre dans la bouche des paroles empruntées à Saint Exupéry même s'il est exact qu'on ne voit bien qu'avec le coeur ?
J'ignorais quasiment tout de cela, sachant juste qu'elle était d'origine russe. Je connais par coeur des pans entiers des Malheurs de Sophie en n'ayant jamais fait le rapprochement entre son prénom et celui de cette petite fille pleine de vie et désobéissante "par mégarde".
Je voyais dans cette littérature (qui fut la première à être diffusée dans les gares par le réseau Hachette, Eugène de Ségur, son mari étant président de la Compagnie des Chemins de fer de l’Est, mais c'est une autre histoire ...) des leçons de morale et d'éducation, distrayantes au demeurant, fort bien écrites, que j'aimais lire et relire en me situant à mi-chemin entre la turbulente Sophie et ses sages cousines Camille et Madeleine.
Pascal Vitiello, le metteur en scène, souligne combien Bérengère Dautun fait corps avec Sophie de Ségur. Il n'en faut pas plus qu'un sofa, une malle, un châle, un samovar et surtout des livres pour restituer le caractère de cette femme de lettres d'exception au destin incroyable.
Je ne peux pas déterminer la part du vrai et du véritable dans ce portrait vraisemblable qui a été écrit par Joëlle Fossier. Ce qui ne fait aucun doute c'est la qualité de l'incarnation de la comédienne, ex sociétaire de la Comédie française, que j'avais admirée dans une autre femme extraordinaire, Alexandrine Zola dans J'accuse au Petit Hébertot en 2011.
Si elle a connu l'enfance qu'elle raconte sur la scène de la Comédie Bastille je comprends que l'écriture l'ait aidée à vivre. Son existence a été marquée par des horreurs. Avoir connu la faim jusqu'à ne pas résister à voler le pain des chevaux. Avoir été abandonnée en forêt par une mère sadique qui n'hésita pas à jeter sa poupée (un point commun avec Louise de Vilmorin qui même adulte en pleurait encore), avoir perdu un enfant, avoir pour mari un homme qui estimait que donner du jugement à une femme équivalait à lui mettre un couteau entre les mains ... tout cela vous anéantit ou vous rend indestructible.
On comprend qu'après avoir traversé des années à restaurer l'image de soi elle soit parvenue à survivre et à trouver dans l'écriture une forme de résurrection cathartique.
Etait-il nécessaire pour autant de lui mettre dans la bouche des paroles empruntées à Saint Exupéry même s'il est exact qu'on ne voit bien qu'avec le coeur ?
Comtesse de Ségur, née Rostopchine
De Joëlle Fossier
Mise en scène Pascal Vitiello
Avec Bérengère Dautun
à la Comédie Bastille, 5 rue Nicolas Appert 75011 Paris, 01 48 07 52 07
Reprise au Studio Hébertot à partir du mar. 25 avr. 2017
Du mardi au samedi à 19 heures
Les dimanches à 17 heures
Jusqu'au 2 juillet 2017
De Joëlle Fossier
Mise en scène Pascal Vitiello
Avec Bérengère Dautun
à la Comédie Bastille, 5 rue Nicolas Appert 75011 Paris, 01 48 07 52 07
Reprise au Studio Hébertot à partir du mar. 25 avr. 2017
Du mardi au samedi à 19 heures
Les dimanches à 17 heures
Jusqu'au 2 juillet 2017
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