Nicolas de Crécy a reçu hier le Prix Vendredi (annoncé comme étant le premier prix national de littérature ado) pour Les amours d'un fantôme en temps de guerre, publié chez Albin Michel.
Deux mentions spéciales ont été attribuées à Nastasia Rugani pour Milly Vodović (Editions MeMo), et Vincent Mondiot pour Nightwork (Editions Actes Sud Junior).
Le Prix Vendredi existe en partenariat avec la Fondation d’Entreprise La Poste et avec le soutien de la Sofia, qui l'ont initié l'an dernier, à l'instigation de son créateur Thierry Magnier, président du groupe jeunesse du Syndicat national de l'édition (SNE).
C'est donc une "toute jeune" récompense. Nommé "Prix Vendredi", en référence à Michel Tournier, il récompense un ouvrage francophone, destiné aux plus de 13 ans, désigné par un jury composé de professionnels. Il est doté d’un montant de 2.000 euros grâce au soutien de la Fondation d’Entreprise La Poste.
67 titres avaient été soumis cette année par 44 maisons d’édition Jeunesse au jury du Prix Vendredi, qui en avaient d'abord retenu dix. Le jury est composé de journalistes et d'auteurs spécialisés dans ce domaine (Marie Desplechin, Sophie Van der Linden).
Un prix a toujours cela d'intéressant qu'il participe (que l'on soit gagnant ou participant) à la promotion du livre et de la lecture. Il est important de renforcer l'impact de la littérature Jeunesse dans le paysage éditorial francophone.
Le livre primé raconte l'histoire d'un jeune fantôme parti à la recherche de ses parents disparus. L'adolescent doit aussi faire face à une guerre encore plus violente chez les humains alors que la guerre fait rage dans son monde. Il est très attaché à un petit chien, ce qui est contre nature chez les fantômes. Et surtout il y a une jolie jeune fille qu'il trouve ravissante. Comment peut-il l'aimer alors qu'elle n'a pas conscience de son existence?
Le livre primé raconte l'histoire d'un jeune fantôme parti à la recherche de ses parents disparus. L'adolescent doit aussi faire face à une guerre encore plus violente chez les humains alors que la guerre fait rage dans son monde. Il est très attaché à un petit chien, ce qui est contre nature chez les fantômes. Et surtout il y a une jolie jeune fille qu'il trouve ravissante. Comment peut-il l'aimer alors qu'elle n'a pas conscience de son existence?
L'ouvrage de Nicolas de Crécy est remarquable de beauté et de sensibilité. En premier lieu par ses illustrations qui ne sont jamais redondantes par rapport au texte et qui sont un vibrant hommage à la nature. L'humain y est peu présent, en raison du thème choisi, mais l'auteur parvient néanmoins à évoquer la représentation des fantômes sans tomber dans le cliché.
De la même façon on reconnait furtivement quelques scènes historiques et on pense, inévitablement aux camps ... et à la toute fin à Anne Frank en ayant sous les yeux la chambre du grenier, et son fameux carnet.
Il réussit à nous montrer une réalité insoutenable (la guerre) avec beaucoup de délicatesse et même de poésie, à travers des dessins extrêmement réalistes, y compris lorsqu'il témoigne d'un combat (ci-dessus, p. 180).
Son livre est un manifeste philosophique célébrant ce qu'on a appelé -en raison d'un contexte très particulier, celui de la soumission du gouvernement de Pétain aux forces allemandes- le devoir de désobéissance (p. 40) à travers l'injonction : la désobéissance est le plus sage des devoirs.
Il a recours à la métaphore du fantôme pour faire réfléchir, soixante-dix ans après la seconde Guerre mondiale, un jeune lectorat sur le sujet tout en l'emmenant dans un voyage dans le temps et dans l'espace, tout à fait dans la ligne du Vendredi de Michel Tournier.
Ce procédé rend sans doute les choses plus acceptables et moins traumatisantes. En effet, la vie des fantômes est particulière en ceci qu'il n'est pas certain qu'elle existe (p. 121). Il n'empêche que la monstruosité "humaine" existe bel et bien et la guerre avec.
De chapitre en chapitre se joue le destin du "jeune" fantôme qui est confronté douloureusement à une hiérarchie des valeurs que les jeunes enfants ont -en toute logique- bien du mal à admettre : la défense de la cause commune est plus importante que l'attachement à ses proches (p. 141). Encore faut-il ne pas se tromper sur la cause commune.
A l'instar de Tito qui vient de publier un roman graphique, Les amours d'un fantôme en temps de guerre est le premier roman pour la jeunesse de Nicolas de Crécy, par ailleurs connu pour ses bandes dessinées.
Il faut signaler que les dessins du livre sont exposés en ce moment et jusqu'au 5 au janvier 2019 avec ceux des Carnets d'été à la Galerie Barbier Mathon, 10 rue Choron - 75009 Paris, du mardi au samedi, de 14h à 19h30 ou sur rendez-vous. L'entrée est libre.
Il faut signaler que les dessins du livre sont exposés en ce moment et jusqu'au 5 au janvier 2019 avec ceux des Carnets d'été à la Galerie Barbier Mathon, 10 rue Choron - 75009 Paris, du mardi au samedi, de 14h à 19h30 ou sur rendez-vous. L'entrée est libre.
Les amours d'un fantôme en temps de guerre de Nicolas de Crécy, publié chez Albin Michel, en librairie depuis le 26 septembre 2018
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