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mercredi 2 mars 2011

Psy cause (s) de et avec Josiane Pinson aux Mathurins

J’avance et j’ai peur. La voix grave et chaude de la chanteuse Barbara résonne puissamment. La chanson, tirée de l’album du spectacle de Lily-Passion, interprété au Zénith en 86 avec Gérard Depardieu, accompagne le cheminement de la psy. Le choix n’est pas anodin quand on se souvient de l’enfance saccagée de la chanteuse par un père incestuel auquel elle pardonne tout un soir qu’il pleut sur Nantes.

Josiane Pinson réussit la prouesse d’être sérieuse, de faire réfléchir et rire tout à la fois. D’un rire joyeux, jamais grinçant.

La clientèle de son cabinet de psychanalyse compose une galerie de personnages hauts en couleurs quoique très représentative de ce qu’on peut rencontrer dans la réalité.
On a beau la supplier, la première patiente reste mutique : dites-moi deux petits mots avant de partir ! Cela devient culpabilisant de vous prendre votre argent.

Arrive Jeanne avec ses délires. Une voix lui parle de lion, d’éléphant. Une maman prostituée, un papa sapeur-pompier, on progresse, dit la psy, provoquant les rires de la salle.

Vous ne pouvez rien pour moi, proteste la patiente suivante qui refuse d’endosser le rôle de la mère formidable. Elle n’en peut plus d’enchainer les taches ménagères et d’encourager ses enfants à faire leurs devoirs. Mais à quelle heure vont-ils comprendre ? Son fantasme c’est d’être la marâtre de Blanche-neige.
Josiane aussi a ses états d’âme dont elle évacue le trop plein auprès de son ami Pierre, également thérapeute. A son tour elle s'allonge dans son propre fauteuil devenu divan. Elle ne sait pas comment faire pour se protéger. Ce n’est pas donné à tous les praticiens de posséder une vulnérabilité dosée et maitrisée. Comment résister en effet à celle qui se dit pas finie, à la mère d’enfant violée, à madame Gras, celle qui ne fait que vomir, à la femme bloquée qui somatise, à la productrice richissime porteuse d’un phallus interne, à la phobique qui mange une pomme avec une moufle.

Et quand ce ne sont pas les patientes c’est sa fille, Margaux, 13 ans, qui la harcèle avec un énoncé mathématique hermétique, une récrimination ou encore une de ces phrases assassines que les jeunes filles lancent dans les gencives de leurs mères sans prendre garde aux dégâts : tu veux pas tout rater comme ta mère ?

Il y a de quoi craquer. La psy se met elle-même à multiplier les consultations, tente la sophrologie pour éteindre le stress, finit par se jeter sur un lexomyl avant de tomber raide amoureuse d’un apollon provocateur et dangereux, quitte à sortir gravement du cadre.

Elle a franchi le cap de la cinquantaine, cet âge où, parait-il, une femme entre dans l’ère où l’on dit qu’elle est belle … à l’intérieur. Parviendra-t-elle à évacuer ses névroses en soignant celle des autres ?

C’est la comédienne qui écrit elle-même, et avec talent, cette pièce en 2002. Elle l’a présentée au Théâtre du Renard, puis au Festival d’Avignon et au Théâtre du Marais. Elle est maintenant à l’affiche des Mathurins depuis le 18 janvier et on annonce déjà des prolongations jusqu’au 30 avril 2011.

Psy cause (s) de et avec Josiane Pinson
du mardi au samedi à 19 heures
Théâtre des Mathurins, 36 rue des Mathurins 75008 Paris.
http://www.theatredesmathurins.com/
Site de l'artiste : http://psycauses.josianepinson.fr/

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