(mise à jour 18 juin 2020 :
Grand Prix des Lectrices de ELLE)
Tout le monde parlait de Rien n'est noir alors que j'avais du mal à entrer dedans. Dieu sait pourtant combien j'adore le Mexique. Je ne m'explique pas le phénomène parce qu'un jour Frida m'a prise par la main. Nous ne nous sommes plus quittées. Et je suis sûre que je relirai ce livre une seconde fois.
Frida Kahlo (1907-1954) est née à Coyoacan, dans les faubourgs de Mexico, dans un quartier excentré où j'aime flâner. Elle avait cinq soeurs, une mère bigote, un père originaire d'Allemagne. Elle suivait les cours à la Tretabona parmi une trentaine de filles et ... deux milliers de garçons, j'ai envie d'ajouter "évidemment".
Elle est tombée amoureuse de Diego Rivera le "crapaud" insatiable et sa vie en a été bouleversée. Pourtant elle est patiente. La première fois qu'elle le voit il est encore trop tôt pour tenter quelque chose mais elle sait que son heure viendra. Partie remise, Diego j’ai tout mon temps. C’est ce que la prison du corset m’a appris, le temps (p. 20).
Le roman de Claire Berest n'est ni une bio ni un portrait, mais le récit de l'amour fou qui a rapproché ces deux êtres. Ce qui est réellement extraordinaire c'est qu'elle comprend Diego et Frida comme si elle avait vécu avec eux, et partagé leur quotidien. Bien sûr qu'il y eut un énorme travail de documentation mais l'écriture va au-delà, et c'est sans nul doute l'explication de la difficulté à entrer dans le roman, et ensuite paradoxalement la facilité à y rester.
J'ai les larmes aux yeux en repensant à cette lecture. Je suis ici et je suis encore là-bas. Toujours en réflexion sur les blessures qui nous changent pour toujours… ou pas ... si on les digère. Frida, la femme libre et fière, quémandait sans cesse "aime-moi un tout petit peu."
C’est David Simon qui a réalisé un tableau sur mesure intitulé Kiss mis hard pour la couverture du livre. Quant au titre il est simple, mais juste, car tout est couleur au Mexique en général, et pour Frida en particulier. Il y a dans son journal intime une page où elle parle des couleurs, mentionnant à propos du noir nada es negro, realmente nada tandis que Diego c'est la couleur de la couleur.
Tout naturellement chaque chapitre est intitulé d’une couleur très précise et la plupart du temps d’un sous-titre en italiques placé là comme une définition. Ainsi (p. 48) un bleu très particulier qui m'évoque la terre égyptienne dans laquelle j'avais modelé des croix, le Bleu égyptien, Turquoise, hypnotique et durable.
Toutes les nuances de Bleu seront associées à Mexico où sa maison est connue sous le nom de Casa azul (celle de Diego, à San Angel est pour partie de la même nuance, pour l'autre moitié ocre rouge).
Leur premier séjour aux Etats-Unis sera sous l'influence des Rouges. Les Jaunes marqueront la fin de sa vie, juste avant un Noir d'ivoire (obtenu en calcinant des os d'animaux en vase clos, pour donner ce noir chaud et intense) et un Noir d'encre.
Chaque couleur est un sentiment qui la recouvre (p. 46). Bleu, rouge, jaune, elle va les utiliser comme du sang, de l'oxygène. Elle s’imaginait médecin et c'est le contraire qui se produisit, suite à l'accident de circulation qui aura tant de conséquences sur sa vie et que Claire Berest lui fait raconter à Diego. C’est plus original de procéder ainsi que de suivre le strict ordre chronologique. Cela s'est passé à l’angle des rues Cuahutemozin et Calzada de Tlalpan (p. 26). A une demi-heure à pied de chez ses parents. Son destin s'est joué à peu de choses. "Ce qui est absurde, dit-elle à Diego, c'est que j'étais, contre toute logique, descendue du bus précédent, pour une ombrelle perdue" (p. 28).
Elle qui, à 20 ans se sent vieille (…) ne pourra pas retendre le fil doré de son ancien tumulte. Elle est la preuve qu’on ne change pas, malgré les aléas de santé ou d’amour (p. 20).
Tout est cassé dedans, mais ça ne se voit pas, non ? lui demande Frida. Quand on a mal partout, on n’a mal nulle part ajoute-t-elle (p. 42). Elle souffrira le martyre. Claire Berest le suggère sans détour. Et pourtant elle ne s’appesantit jamais sur le moindre détail. Et si ce livre provoque les pleurs chez le lecteur c’est plutôt de rage que de compassion. Ses douleurs sont indissociables de ses humeurs (p. 74). Elles le seront évidemment toute sa vie. C'est peut-être ce qui explique combien il est difficile d’évaluer l’humeur de Frida Kahlo, qui peut transformer son allégresse en désespoir en un battement de cils et retour (p. 138). On peut lire une terrible description d’un de ses avortements spontanés (p. 118).
J’imagine parfaitement les sorties qu’elle pouvait faire, couchée dans son lit à baldaquin comme dans un sarcophage, "comme un petit animal à qui il faut faire prendre l’air pour s'ébrouer" (p. 43) dans le patio intérieur où on l'installait entre les cactus et les bougainvilliers.
Le texte est ponctué d’expressions et de mots mexicains en italiques et cela donne une saveur pimentée au récit. Quand elle rencontre Rivera pour la première fois, le Lénine du Mexique est déjà célèbre, mais il ne l'impressionne pas. Pourtant elle sait qu'elle vient de prendre son aller simple pour la vida (p. 35).
Elle se rêvait médecin. Tant pis. Elle se rêvait valide aussi. D’ailleurs, non, elle ne se rêvait pas : elle avait été valide. Qu’elle est cruelle la conscience de ce qui a été perdu et dont on ignorait la simple jouissance (p. 48).
Quelle force de caractère, quel courage il lui fallut. Ce n'est pas lorsqu'elle se tire d'une mauvaise situation que Frida gagne mon admiration mais lorsqu'elle sombre. Je salue sa faiblesse, oui sa faiblesse, à ne pas se protéger des ennuis, à vivre pleinement une relation dont elle sait qu'elle va lui porter des coups.
Frida n'est pas masochiste. On apprend (p. 112 ) qu'on la désigne par son troisième prénom Frieda, qui vient de l’allemand Fried, paix, et qui a été déformé (lui aussi). On l'appellera aussi Fisita. Elle aime la vie plus que tout et elle accepte d'en payer le prix. Aucun moment, même le plus pathétique, ne lui fera remettre en cause ses objectifs. Elle sait parfaitement ce qui fera son bonheur et elle est prête à débusquer ces instants partout, y compris sur de la pourriture, et à les arracher avec les dents.
Quand Diego propose à Frida de l’épouser, elle lui reproche de ne rien prendre au sérieux sauf la peinture et le communisme. Et puis aussi d’avoir été marié deux fois, ce à quoi il rétorque que justement il est un connaisseur. Claire fait allusion (p. 76) à Francis Picabia, grand coureur de femmes, et qui n’avait pourtant d’yeux que pour son épouse, dont elle connait la vie par coeur puisqu'elle est l'arrière-petite-fille de Gabriële Buffet-Picabia, dont elle a écrit la biographie avec sa soeur Anne. Un jour Picabia lui dit : dans la vie, on se marie, et si on s’ennuie, on se démarie. Voilà tout. Frida ignore à cet instant qu’elle subira pareille mésaventure.
Cette femme volcanique retient ses flammes pour ne pas détruire le paysage qui se déploie autour d'elle. Claire Berest nous la ferait presque toucher du tout des doigts.
Est-ce parce qu'elle a ce talent de trouver les mots justes ? Est-ce parce que j'ai lu ce roman alors que j'étais certes vivante, mais enfermée en plein épisode Covid 19, que j'ai ressenti presque douloureusement l'envie de retourner dans la maison bleue de Coyoacan ?
Je la connais. J'ai flâné entre le logement, les vérandas et le jardin. Comme j'aimerais m'asseoir dans la cuisine et préparer de (vrais) cupcakes. Comme je comprends que cet endroit était sa pièce préférée, avec ses murs blancs, ses carreaux bleus et jaunes, et le couple de colombes prêt à s'envoler ...
Frida est unique, légendaire et pourtant si réelle. Sa beauté et son intelligence éclipsent tout le monde. Éclipse, encore un mot qui a un rapport avec la lumière. Le couple Rivera est aux États-Unis une "attraction clownesque" alors que le peintre réalise la fameuse fresque à la gloire de Motor City (p. 110) commandée par Henry Ford. Difficile d'imaginer l'emballement que provoquait alors la réalisation des murales. On se délecte de la rencontre savoureuse avec l'industriel qui lui propose de lui apprendre à conduire, et elle de cuisiner un mole negro. Plus tard Diego deviendra persona non grata aux États-Unis pour avoir peint Lénine sur le mur du RCA Building, qui sera plus tard passé à la chaux (p. 144).
Frida adorait aussi porter des vêtements colorés. Elle s’habille comme un peintre compose un paysage. Et Claire (dont je n'avais pas jusque là remarqué la signification de son prénom) en fait de très belles descriptions. Sa tenue de mariage n'est pas classique. Elle ne portera pas de blanc mais une robe empruntée à une servante, en justifiant son choix par un ver de Walt Whitman dont elle connait les poésies par cœur : M’apprêter de parures pour m’offrir au premier qui voudra de moi (p. 74).
Ses robes préférées sont celles que portent les femmes de Tehuantepec, de la vallée de Oaxaca, aux origines zapothèques, aux motifs huipiles. je vous recommande le musée du textile de Oaxaca (où j'ai pris la photo ci-dessus).
Frida partage avec son mari le goût pour l’exagération, si la légende est plus belle que la vérité … Rien d’étonnant à ce qu’elle soit plus divertissante que le cinéma (p. 130). Elle semble tout accepter de lui : quand tu es choisie par Diego, tu as l’impression de respirer plus haut que les autres (…) Pour lui la fidélité est une convention bourgeoise (p. 184). Néanmoins quand c'est avec sa soeur Cristina qu'il la trompe elle ne supportera pas, même si de son coté elle multiplie les aventures, notamment avec Léon Trotski.
Quand Diego lui propose de divorcer sa première réaction et de refuser probablement parce qu’elle ne veut pas être "amie" avec lui. J’ignorais qu’elle avait déménagé au centre de México, 432 avenues Insurgentes, loin de San Angel où vit Diego et loin de Coyoacan où vit Cristina, sa petite sœur presque jumelle avec qui elle entretient une relation compliquée.
Frida abusait de l'alcool : je bois pour noyer ma peine mais cette garce apprend très vite à nager (p. 185). Plusieurs fois elle se coupera les cheveux comme d'autres se mutilent. Elle coudra dans les doublures de ses jupons et de ses châles rebozos des mèches, et des photos, pour porter sur elle les reliques de ses amours chancelantes en toutes occasions (p. 263).
On s'interroge sur le pourquoi du comment deux peintres si absolument différents s’aiment-ils avec une telle rage ? (p. 205) Elle le ré-épouse neuf mois après le divorce. Et pourtant Frida ne niait pas que cet amour fusionnel était également toxique.
- J’ai remarqué que plus tu souffrais et mieux tu peignais. Je te rends service.
- Tu es un monstre.
- (…) C’est bon d’avoir mal ? Tu te sens vivante ? Tu en veux encore ? (p. 252)
Suis alors une scène atroce au cours de laquelle Diego brûle le vestige fétiche chéri, relique de leur amour.
Rien n'est noir n’est pas un roman sur Frida. Ce n’est pas un roman sur Diego Rivera. C’est un roman sur une passion commune, celle de la peinture, sur une époque, sur un tourbillon. Il est étonnant cependant que l’on n'entende pas (ou si peu) de musique pendant notre lecture.
Les chapitres sont brefs. L'écriture de Claire Berest est énergique. Quand elle évoque le Zócalo, ou Coyoacan, la Casa azul comme celle de San Angel ou la cuisine mexicaine ou la façon de célébrer les morts, tout cela me parle. Alors, forcément, j’aime ce roman.
Rien n'est noir de Claire Berest, chez Stock, 2019
Elle se rêvait médecin. Tant pis. Elle se rêvait valide aussi. D’ailleurs, non, elle ne se rêvait pas : elle avait été valide. Qu’elle est cruelle la conscience de ce qui a été perdu et dont on ignorait la simple jouissance (p. 48).
Quelle force de caractère, quel courage il lui fallut. Ce n'est pas lorsqu'elle se tire d'une mauvaise situation que Frida gagne mon admiration mais lorsqu'elle sombre. Je salue sa faiblesse, oui sa faiblesse, à ne pas se protéger des ennuis, à vivre pleinement une relation dont elle sait qu'elle va lui porter des coups.
Frida n'est pas masochiste. On apprend (p. 112 ) qu'on la désigne par son troisième prénom Frieda, qui vient de l’allemand Fried, paix, et qui a été déformé (lui aussi). On l'appellera aussi Fisita. Elle aime la vie plus que tout et elle accepte d'en payer le prix. Aucun moment, même le plus pathétique, ne lui fera remettre en cause ses objectifs. Elle sait parfaitement ce qui fera son bonheur et elle est prête à débusquer ces instants partout, y compris sur de la pourriture, et à les arracher avec les dents.
Quand Diego propose à Frida de l’épouser, elle lui reproche de ne rien prendre au sérieux sauf la peinture et le communisme. Et puis aussi d’avoir été marié deux fois, ce à quoi il rétorque que justement il est un connaisseur. Claire fait allusion (p. 76) à Francis Picabia, grand coureur de femmes, et qui n’avait pourtant d’yeux que pour son épouse, dont elle connait la vie par coeur puisqu'elle est l'arrière-petite-fille de Gabriële Buffet-Picabia, dont elle a écrit la biographie avec sa soeur Anne. Un jour Picabia lui dit : dans la vie, on se marie, et si on s’ennuie, on se démarie. Voilà tout. Frida ignore à cet instant qu’elle subira pareille mésaventure.
Cette femme volcanique retient ses flammes pour ne pas détruire le paysage qui se déploie autour d'elle. Claire Berest nous la ferait presque toucher du tout des doigts.
Est-ce parce qu'elle a ce talent de trouver les mots justes ? Est-ce parce que j'ai lu ce roman alors que j'étais certes vivante, mais enfermée en plein épisode Covid 19, que j'ai ressenti presque douloureusement l'envie de retourner dans la maison bleue de Coyoacan ?
Je la connais. J'ai flâné entre le logement, les vérandas et le jardin. Comme j'aimerais m'asseoir dans la cuisine et préparer de (vrais) cupcakes. Comme je comprends que cet endroit était sa pièce préférée, avec ses murs blancs, ses carreaux bleus et jaunes, et le couple de colombes prêt à s'envoler ...
Frida est unique, légendaire et pourtant si réelle. Sa beauté et son intelligence éclipsent tout le monde. Éclipse, encore un mot qui a un rapport avec la lumière. Le couple Rivera est aux États-Unis une "attraction clownesque" alors que le peintre réalise la fameuse fresque à la gloire de Motor City (p. 110) commandée par Henry Ford. Difficile d'imaginer l'emballement que provoquait alors la réalisation des murales. On se délecte de la rencontre savoureuse avec l'industriel qui lui propose de lui apprendre à conduire, et elle de cuisiner un mole negro. Plus tard Diego deviendra persona non grata aux États-Unis pour avoir peint Lénine sur le mur du RCA Building, qui sera plus tard passé à la chaux (p. 144).
Frida adorait aussi porter des vêtements colorés. Elle s’habille comme un peintre compose un paysage. Et Claire (dont je n'avais pas jusque là remarqué la signification de son prénom) en fait de très belles descriptions. Sa tenue de mariage n'est pas classique. Elle ne portera pas de blanc mais une robe empruntée à une servante, en justifiant son choix par un ver de Walt Whitman dont elle connait les poésies par cœur : M’apprêter de parures pour m’offrir au premier qui voudra de moi (p. 74).
Ses robes préférées sont celles que portent les femmes de Tehuantepec, de la vallée de Oaxaca, aux origines zapothèques, aux motifs huipiles. je vous recommande le musée du textile de Oaxaca (où j'ai pris la photo ci-dessus).
Frida partage avec son mari le goût pour l’exagération, si la légende est plus belle que la vérité … Rien d’étonnant à ce qu’elle soit plus divertissante que le cinéma (p. 130). Elle semble tout accepter de lui : quand tu es choisie par Diego, tu as l’impression de respirer plus haut que les autres (…) Pour lui la fidélité est une convention bourgeoise (p. 184). Néanmoins quand c'est avec sa soeur Cristina qu'il la trompe elle ne supportera pas, même si de son coté elle multiplie les aventures, notamment avec Léon Trotski.
Quand Diego lui propose de divorcer sa première réaction et de refuser probablement parce qu’elle ne veut pas être "amie" avec lui. J’ignorais qu’elle avait déménagé au centre de México, 432 avenues Insurgentes, loin de San Angel où vit Diego et loin de Coyoacan où vit Cristina, sa petite sœur presque jumelle avec qui elle entretient une relation compliquée.
Frida abusait de l'alcool : je bois pour noyer ma peine mais cette garce apprend très vite à nager (p. 185). Plusieurs fois elle se coupera les cheveux comme d'autres se mutilent. Elle coudra dans les doublures de ses jupons et de ses châles rebozos des mèches, et des photos, pour porter sur elle les reliques de ses amours chancelantes en toutes occasions (p. 263).
On s'interroge sur le pourquoi du comment deux peintres si absolument différents s’aiment-ils avec une telle rage ? (p. 205) Elle le ré-épouse neuf mois après le divorce. Et pourtant Frida ne niait pas que cet amour fusionnel était également toxique.
- J’ai remarqué que plus tu souffrais et mieux tu peignais. Je te rends service.
- Tu es un monstre.
- (…) C’est bon d’avoir mal ? Tu te sens vivante ? Tu en veux encore ? (p. 252)
Suis alors une scène atroce au cours de laquelle Diego brûle le vestige fétiche chéri, relique de leur amour.
Rien n'est noir n’est pas un roman sur Frida. Ce n’est pas un roman sur Diego Rivera. C’est un roman sur une passion commune, celle de la peinture, sur une époque, sur un tourbillon. Il est étonnant cependant que l’on n'entende pas (ou si peu) de musique pendant notre lecture.
Les chapitres sont brefs. L'écriture de Claire Berest est énergique. Quand elle évoque le Zócalo, ou Coyoacan, la Casa azul comme celle de San Angel ou la cuisine mexicaine ou la façon de célébrer les morts, tout cela me parle. Alors, forcément, j’aime ce roman.
Rien n'est noir de Claire Berest, chez Stock, 2019
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