La dernière a eu lieu le 27 avril dernier. Mais, comme la politique, rien n’est jamais complètement terminé puisqu’une nouvelle vie se jouera pour Jacques et Chirac au festival d’Avignon dans la salle 1 de la Luna, du 29 juin au 21 juillet - Tous les jours à 13h05 (Relâche les lundis).
JACQUES serre des mains, chérit le fric, tapote le cul des vaches, déconne et adore l’art ! CHIRAC bise les dictateurs, pilonne et pille l’Afrique ; il commence sous De Gaulle, poursuit sous Pompidou,… et avoue ses crimes : c’est un roi nu.Menteur comme personne et gargantuesque, c’est un personnage de théâtre. On va s’étonner et rire parce que c’est du théâtre et que le burlesque n’enlève rien au tragique.
Régis Vlachos que l'on connaissait déjà pour les spectacles Dieu est mort et moi non plus j'me sens pas très bien, a décidé de s'attaquer au mythe Chirac pour créer un spectacle mis en scène par Marc Pistolesi, avec qui il avait déjà collaboré pour Cabaret Louise.
Sur scène, ils sont trois comédiens, Régis Vlachos, Charlotte Zotto (et ils travaillent régulièrement ensemble) et bien entendu Marc Pistolesi qui est aussi un comédien hors pair.
En théorie on connait tous Jacques Chirac (1932-2019). C'est un homme politique français dont la vie est ponctuée d'épisodes qui semblent irréels. Voici, brièvement résumée sa carrière politique au gouvernement (sans parler de ses fonctions d'élus en Corrèze ou au Parlement européen) :
1962 : chargé de mission au secrétariat général du gouvernement puis auprès du premier ministre Georges Pompidou
1967-68 : secrétaire d'état aux affaires sociales chargé des problèmes de l'emploi (gouvernement Pompidou)
1968-71 : secrétaire d'état à l'économie et aux finances (gouvernement de Pompidou, Couve de Murville et Chaban-Delmas)
1971-72 : Ministre délégué chargé des relations avec le Parlement (gouvernement Chaban-Delmas)
1972-74 : Ministre de l'agriculture et du développement rural (Gouvernement Pierre Messmer)
1974 : Ministre de l'Intérieur (Gouvernement Pierre Messmer)
27 mai 1974 - août 76 : Premier Ministre
Mars 86- Mai 88 : Premier ministre de cohabitation
7 mai 95 : Président de la république, réélu en 2002
Il fut donc Premier ministre de 1974 à 1976, puis de 1986 à 1988, et président de la République de 1995 à 2007, après avoir été Maire de Paris du 20 mars 1977 au 16 mai 1995. Avant lui un certain Jean Sylvain Bailly fut quelques mois maire de la ville en 1789. Mais Chirac aura été le premier à accéder à la fonction à la suite d'élections.
C'est une personnalité hors normes à bien des égards et il n'y a rien de surprenant à ce qu'il ait inspiré plusieurs spectacles. Par exemple La vie et la mort de Jacques Chirac, roi des français de Julien Campani et Léo Cohen-Paperman, premier volet de leur série Huit rois en janvier 2020. Déjà au théâtre de la Contrescarpe en 2022, une rencontre fictive avec le Président, intitulée Chirac et mise en scène par Géraud Bénech. Et voici Jacques et Chirac de Régis Vlachos.
Leurs points communs : être fidèles à des faits réels (il faut dire qu'ils sont si extra-ordinaires qu'il est inutile d'inventer), comporter donc un un rappel de points historiques, apporter un éclairage mordant facilité par le recul, et faire rire.
Le dispositif scénique est très astucieux avec une dizaine de vrais écrans et de fausses portes, un divan qui devient table ou bureau. Les écrans au design années 70 ont disposés sen fond de scène pour permettre de projeter des images fabriquées autour d'un jeu télévisé qui revient à intervalles réguliers, tandis qu'un poste de télévision diffusera des archives, à la fois évidentes et indispensables. On voudrait se saisir d’une télécommande pour arrêter le temps, reprendre les promesses une à une et analyser le chemin politique incroyable de cet homme qui renie ses opinions (il vendait le journal l'Humanité), cède aux pressions familiales, abandonne son amour de jeunesse Florence, revient en France, épouse une aristocrate et passe d'un ministère à un autre avant d'accéder aux plus hautes fonctions alors que son rêve aurait été de travailler dans la culture. C'est d'ailleurs en toute logique que le musée du Quai Branly porte désormais son nom.
Il aurait aimé faire autre chose mais le pouvoir de l'argent, que l'on voit circuler abondamment, est plus fort que tout. Tout cela devait rester secret mais on n'ignore plus rien de l'horrible vérité, surtout lorsqu'elle s'exerce aux dépends des populations africaines. La satire est bien présente et elle a tout à fait sa place. Et pourtant, la salle ne cesse de rire.
Sans chercher à l'imiter, Régis Vlachos est un Jacques Chirac physiquement tout à fait crédible, même sans accessoire. Charlotte Zotto et Marc Pistolesi se partagent une vingtaine de personnages. On reconnait Tonton Marcel (Dassault) Nicolas Sarkozy bourré de tics, Charles Pasqua bedonnant, François Mitterrand, Marie-France Garraud, la première à croire en son potentiel, Claude Chirac, devenue sa directrice de la communication, et Bernadette qui l'aura vouvoyé sa vie durant.
La mise en scène de Marc Pistolesi ne laisse aucune place à un temps mort. Elle sert équitablement les trois acteurs qui sont formidables et on admire leur vitalité.
Après Catherine Deneuve irrésistible au cinéma dans le rôle de Bernadette alors que Michel Vuillermoz était un peu en retrait Régis Vlachos campe un Chirac de légende, historique et fantaisiste, grinçant et amusant, osé et drôle. Le dosage n'était pas évident à mesurer. On comprend que le succès ait été au rendez-vous à Paris comme en Avignon. Rions encore cet été de la politique avant de devoir peut-être en pleurer.
Jacques et Chirac de Régis Vlachos
Adaptation : Charlotte Zotto
Avec: Marc Pistolesi, Régis Vlachos, Charlotte Zotto
Mise en scène : Marc Pistolesi
Décor : Jean-Marie Azeau
Lumières : Thomas Rizzotti
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