Ne me reprochez pas de spoiler ! Le résumé de la quatrième de couverture s’y emploie :
Daisy, actrice au sommet de la gloire, quitte Paris pour s'installer près de Montpellier avec sa tribu : son fils de dix ans, Joseph, son mari, Raphaël, la gouvernante, Filipa, et sa fille, Louise, sans oublier Hubert, leur chien aveugle. S'annonce alors le temps des jeux dans le sable, des soirées en bord de mer, à regarder grandir Joseph. Mais c'est sans compter avec un coup du sort : une maladie foudroyante frappe Daisy, qui déploie ses dernières forces pour trouver le moyen le plus ingénieux de rester en lien avec son fils, bientôt orphelin, par-delà la séparation.
Evidemment l’ouvrage est répertorié dans la catégorie feel-good. Je l’ai plutôt considéré comme donneur de leçon, et je ne le mentionne pas de manière péjorative.
En effet, le livre est bien écrit et se lit agréablement et je ne doute pas de la sincérité de Sandrine Catalan-Massé à vouloir délivrer un message positif vantant la puissance de la résilience. Mais ce n’est plus un scoop. Et j’ai été relativement dérangée par le côté bien-pensant qui suinte constamment, y compris dans des situations que l’on pourrait estimer sujettes à caution. Le personnage principal accorde systématiquement le bénéfice du doute à tout le monde.
Quant au titre, Rien n’est écrit, il exprime exactement l’inverse de ce que nous martèle l’auteure. Et sa manie à vouloir tout contrôler est assez exaspérante. L’aspect « fantastique » du roman est vraiment artificiel (bien que logique avec le thème) peut-être parce que l’histoire est racontée du point de vue de la mère, décédée. Une écriture chorale aurait eu davantage de peps.
Ce qui m’a également perturbée, ce ne sont pas les flash-backs, mais l’irrégularité de la chronologie en zig-zag, qui m’obligeait souvent à vérifier les dates. Outre les retours en arrière, on assiste à l’ouverture de lettres rédigées par la mère à l’intention de son fils. On pense que ces courriers vont lui être remis à chacun de ses anniversaires mais on finit par comprendre que leur arrivée est imprévisible.
Au total il en recevra 5 pour ses 11-14-18-20 et 25 ans, ce qui est bien peu pour maintenir un lien. J’ai moi-même eu recours à ce procédé quand je me suis absentée une semaine alors que mes enfants n’avaient que 3 et 4 ans, et que le décalage horaire ne permettait pas que je leur téléphone pendant mon séjour.
J’avais préparé 7 enveloppes et le papa a eu pour mission d’en sortir chaque soir une de la boite aux lettres comme si c’était le facteur qui l’avait déposée. Je racontais des anecdotes plausibles sur ce que j’étais censée voir et faire là-bas et je m’inquiétais de ce que faisaient mes enfants en les encourageant.
J’approuve donc totalement le principe mais je ne comprends pas qu’il n’y ait pas une lettre par an. Qu’elles arrivent en quelque sorte au hasard devait être très déroutant pour le garçon. Oui, je sais c’est un personnage de papier et du coup ma remarque peut être considérée comme un compliment et le signe que les personnages sont plausibles malgré l’aspect fantastique. J’ai lu dans une interview que l’auteure s’était doublement inspirée de sa propre vie. Elle a perdu son père d’un cancer et lire des courriers de lui auraient atténué sa douleur, et pourtant elle était déjà adulte. Et puis elle a été confrontée à la question en devant subir elle-même une opération en urgence alors que son fils avait douze ans.
Sandrine Catalan-Massé est une journaliste montpelliéraine spécialisée en santé et psychologie. D’ailleurs elle situe plusieurs scènes dans la région où elle réside. Son premier roman, Dépêche-toi, ta vie n’attend plus que toi ! traitait déjà de la séparation et de la résilience. Dans ce second roman, elle aborde la peur de ne plus exister et invite le lecteur à s’interroger sur ce qu’il a reçu de ses parents et sur ce qu’il pourrait transmettre. C’est une double question à laquelle on pense de plus en plus en vieillissant.
Le thème n’est pas aisé à traiter et introduire un fantôme dans un roman ne va pas de soi, surtout en lui faisant « vivre » des évènements ordinaires. Sandrine Catalan-Massé s’en sort donc bien. Les valeurs qu’elle a choisi de transmettre au garçon sont de beaux sentiments : l’acceptation, le courage, l’empathie, l’humilité et l’autonomie. Sont-ce les plus importantes ou les plus essentielles ?
J’aurais aimé pouvoir discuter de l’ouvrage avec de jeunes adultes afin de savoir comment ils l’avaient reçu. Je pense qu’il peut donner l’occasion de débats en famille et donc être davantage qu’un roman pour l’été comme le suggère le visuel de la couverture.
Rien n'est écrit de Sandrine Catalan-Massé, édition Robert Laffont, en librairie depuis le 4 juin 2020
Lu en édition MonPoche août 2021
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