Le Pavillon des Arts et du Patrimoine de la Ville de Châtenay-Malabry (92) propose "Jadis", une nouvelle exposition, absolument passionnante, permettant de découvrir la ville telle qu’elle était il y a cent ans.
Il faut saluer le travail entrepris pendant deux ans à collecter un millier de cartes postales et de négatifs sur verre auprès d'institutions et de particuliers, à les inventorier, les classer, les sélectionner en retenant les plus expressives (un peu plus de 250), et enfin écrire et maquetter un texte de présentation.
Je ne suis pas nostalgique du passé mais je la trouve si attrayante que j’aimerais qu’une baguette magique me permette de remonter le temps, l’espace d’une journée, pour profiter et de la campagne à la ville et de ses guinguettes.
Ce sont les premières empreintes visuelles des lieux qui ont façonné une époque. le grand-père et la petite fille dont il tient la main et qui a été choisi pour illustrer le livre et l'exposition sont des anonymes qui ont été saisis dans le Parc de la Roseraie, dont le Département des Hauts-de-Seine a acheté récemment les 8 hectares pour les ouvrir au public en 2025. Aucun d'eux ne pourrait témoigner aujourd'hui. Si on retrouvait leurs descendants ce serait quelque chose comme 7 générations plus loin. Ce cliché témoigne de la fragilité de la vie mais aussi d'une certaine forme de continuité. On remarquera que derrière le sourire il y a sans doute une certaine tristesse puisque l'homme porte le brassard du deuil au bras gauche. Il semblerait que son pantalon soit troué au-dessus du genou droit. Est-ce un vêtement de travail qui porterait l'usure de travaux agricoles ou d'entretien d'un jardin ?
Je ne m’étais jamais penchée sur l’apparition de la carte postale. A la réflexion il est logique qu’elle soit postérieure à l’invention de la photographie. C’est donc un moyen de communication relativement récent et qui n'aura pas duré très longtemps car on peut parier que les photos publiés sur les réseaux sociaux ont détrôné ce média.
Aucune ne rendra probablement compte d'autres évolutions intervenues sur la commune, comme l’installation en 1969 de l’Ecole centrale sur un immense terrain qui lui aussi a connu un changement radical avec la construction de 2200 logements où vivent déjà environ 1200 habitants. Il faudra sans doute recourir à d'autres images que les cartes postales pour réactiver les souvenirs.
Revenons en arrière. Tout a commencé avec les héliogravures, faite sur une plaque en métal recouverte de gélatine et sur laquelle le cliché apparait. Une fois la plaque posée sur du papier l'image apparait en noir et blanc. Le bromure a permis plus tard de reproduire l'image toujours en noir et blanc, sur un papier spécial, mais avec des détails plus précis. Ultérieurement on pensa à ajouter des couleurs sur les images pour obtenir des cartes colorismes qui furent très populaires. Ce sont les ancêtres de la carte postale et l'exposition explique cette évolution de façon très pédagogique.
Les concepteurs ont travaillé sérieusement mais avec humour en disposant quelques spécimens sur le sol pour inciter les visiteurs à suivre tout le parcours, y compris au premier étage. Ou en installant çà et là une pluie de cartes suspendues qui donnent envie de les saisir pour les observer de près.
Toutes les cartes exposées et mises en scène sont des témoins de leur époque. On s’intéresse aux modifications architecturales et on est surpris de voir les prairies sur les coteaux mais elles sont aussi le reflet d’un mode de vie disparu.
D'un siècle où les habitants se déplaçaient à pied, à vélo ou à cheval. il existait des services "hippomobiles "publics ou privés, à savoir fiacres, caresses et omnibus tirés par des chevaux. On n'y pense pas mais l'invention du pneumatique (en 1888 par John Boyd Dunlop) pour acquérir un avantage concurrentiel en course cycliste a été utile pour out le monde en popularisant la pratique cycliste. Mais l'arrivée de la voiture automobile individuelle modifia toutes les pratiques, faisant disparaitre progressivement l'emploi des chevaux et … du tramway en 1888 … lequel est de nouveau présent sur le territoire depuis juin 2023.
D’une époque où les draps blanchissaient en plein air (et c'est une jolie idée d'avoir installé un mannequin en costume de lavandière), où les bûcherons avaient leur cabane dans le bois de Verrières, où on allait quotidiennement chercher son lait à la ferme voisine, par exemple dans le bois de Verrières où l'on promettait "du lait à toute heure", sur la route de Versailles qui était alors bordée de champs (devenue Avenue de la Division Leclerc) ou encore chez la famille Boyer située sur la Grande rue, aujourd’hui rue Jean Longuet … et dont il subsiste encore une bouteille en verre pour y verser le précieux liquide.
… où on guettait le passage du rémouleur sur la place de l’église, où on se laissait tenter par les articles des vendeurs ambulants (Amazon en a repris le principe), où les pépinières Croux étaient les plus grandes de France (aujourd’hui Arboretum du Département des Hauts-de-Seine et établissement Truffaut).
… d'un centre ville où résonnaient les martèlements des maréchaux-ferrants, des selleries, et qui bruissait de l'activité des menuisiers, grainetiers, cafés, marchands de tabacs et épiceries.
… de grands espaces verts qui étaient aussi des lieux d'exploitation de pépiniéristes et de jardiniers.
Il y avait autrefois un restaurant juste en face de l'entrée actuelle conduisant à la maison de Chateaubriand, et dont les murs restent tout à fait reconnaissables. Et Malabry, parfois orthographié Malappris, était le nom d'une ferme
La culture n'a de sens que si elle est partagée pour rêver ensemble dira Carl Segaud, le maire de Chatenay-Malabry. Voilà pourquoi un ouvrage (en vente au Pavillon), dont le titre reprend l'intitulé de l'exposition, permet aux intéressés de consulter tranquillement les clichés et de prendre le temps de les restituer dans leur univers familier. Je savais que la mairie avait déménagé plusieurs fois, ayant d'ailleurs fait halte un moment dans ce Pavillon des arts qui est un bâtiment XVIII°. Mais j'ignorais par exemple que la Poste avait autrefois occupé une maison - à l'angle de la rue Colbert et de la rue Jean Longuet- qui est maintenant la propriété de particuliers.
Ce livre apporte des compléments d'information en reprenant aussi les messages écrits au verso de ces cartes qui, ne l'oublions pas, étaient utilisées pour communiquer avec famille et amis.
L’exposition couvre la période 1870-1930 et beaucoup d'actions ont été entreprises ensuite. Je crois savoir que d'autres expositions, et sans doute d'autres livres nous aideront à faire revivre les époques suivantes et poursuivre la conversation commencée avec le passé.
JADIS de 1870 à 1930
Du 3 décembre 2024 au 4 janvier 2025
Au Pavillon des Arts et du Patrimoine - 98 rue Jean longuet - 92290 Châtenay-Malabry
Entrée libre, les mardi et vendredi de 14h à 18h
Entrée libre, les mardi et vendredi de 14h à 18h
Mercredi, jeudi et samedi de 10h à 12h30 puis de 14h à 18h
Nombreuses animations et médiations culturelles programmées notamment avec les écoles et centres de loisirs.
Une visite et un atelier tout public sont annoncés le samedi 14 décembre de 10 à 12 heures.
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