N'ayant plus de délai à respecter pour le Prix ELLE (j'ai rendu mes derniers avis mi-avril), j'ai pu passer aux lectures en souffrance. A l'ombre de la fête se trouvait sur le haut de la pile, en quelque sorte en suspends, et son titre résonnait comme un appel après la soirée des Molières.
Quadrature est une maison d’édition née en 2005 qui, aujourd'hui, fait paraître (à compte d'éditeur il faut le souligner) quatre recueils de nouvelles par an avec, comme seul critère, la qualité des textes soumis au comité de lecture.
Sorti loin des battages médiatiques, le livre mérite d'autant plus qu'on en parle dès lors qu'on l'a apprécié, pour lui éviter de rester lui-même à l'ombre. Ce mot ne figure pas par hasard dans le titre. Avant de se consacrer à l'écriture, Marie-France Versailles a d’abord été psychologue dans un centre de santé mentale bruxellois, puis longtemps journaliste au Ligueur (un hebdomadaire familial bien connu en Belgique). Ses souvenirs constituent une formidable réserve de personnages et de situations ...
La 4ème de couverture annonce : Six nouvelles. Six incursions dans l’intimité d’une famille. Moments de crise ou aléas du parcours. Un homme s’inquiète parce que sa fille n’est pas rentrée le soir ; un garçon se demande si, pour les vacances, il va encore rejoindre son père qui les a quittés, sa mère et lui ; une femme, tout à coup, doute de son couple... Tout le clan se réunira pour les quatre-vingts ans du grand-père... qui jettera sur sa fête une ombre inattendue.
L'éditeur se dit spécialisé dans la publication de nouvelles et doit s'estimer cohérent en qualifiant ainsi les chapitres du livre. Sauf que ce ne sont pas de nouvelles qu'il s'agit, ce qui m'avait déroutée car, mauvaise élève, je n'avais pas lu ces "histoires" dans l'ordre des pages. J'avais abandonné à la troisième, déçue par le manque d'originalité de l'une par rapport à l'autre. Et pour cause, puisque ce sont des facettes d'une même histoire, de famille bien entendu. Le livre s'était retrouvé alors en souffrance parmi d'autres, attendant des jours plus fastes.
Reprenant tout depuis le début j'ai pu apprécier la construction narrative. Certes, le principe de s'attacher successivement à chacun des protagonistes d'une affaire de famille n'est pas nouveau. Le secret qui pèse sur la conscience de l'ancêtre n'est pas très original non plus. Mais l'auteur sait écrire avec juste ce qu'il faut de contemporanéité pour qu'on se sente proche de ses personnages. Comme Pauline, on peut lire Marie-Claire ou avoir été au cinéma voir Séraphine (page 66). Comme Youri on peut tenir un blog ...
Beaucoup d'universel aussi dans la description du quotidien, ses petites phrases cultes, ou assassines, c'est selon. Et surtout la difficulté de chacun à vivre ses sentiments.
A l’ombre de la fête, de Marie-France Versailles, éditions Quadrature, Mars 2010, 16,00 €
Commande directe possible chez l'éditeur sans frais de port ni paiement préalable, par courriel à quadraturelib@gmail.com
2 commentaires:
Alors, iras-tu à la remise du prix Elle? C'est pour quand?
J'espère bien, c'est programmé pour le mercredi 26 mai mais on n'est à l'abri de rien ... un nuage islandais par exemple.
Je raconterai "tout" sur le blog !
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