Chloé, jeune femme libre et indépendante, a une conception toute personnelle de la vie et surtout de l'amour, ce qui désarçonne son entourage. Jusqu'au jour où elle rencontre Colin, à l'indéfectible sourire. Les sentiments vont peu à peu infecter Chloé malgré elle, jusqu'à provoquer la gangrène de son coeur. Mais Colin est-il arrivé par hasard dans sa vie ? Une anti-romance cynique, cruelle et corrosive qui pose un diagnostic sur la maladie d'amour.
Voilà comment L.-J. Wagner présente son premier roman, qu’il fait bien de sous-titrer une histoire d’amour car la couverture aurait pu laisser supposer un autre thème. A la réflexion l'association entre le coeur et la tête est forte et m'évoque les calaveras recouvertes de perles de toutes les couleurs réalisées par la communauté des Huichols et qui me bouleversent à chacun de mes mes voyages au Mexique.
Il est publié aux Souffles Littéraires, qui est une maison d'édition fondée par la Société Littéraire de la Poste, et qui a confié la distribution à Hachette.
Il est publié aux Souffles Littéraires, qui est une maison d'édition fondée par la Société Littéraire de la Poste, et qui a confié la distribution à Hachette.
Quand j’indique "premier" je dois préciser premier en terme de publication car en fait Julien écrit beaucoup et depuis très longtemps. De tout, des romans, des nouvelles, des sketchs, du théâtre ... et accessoirement des communiqués de presse qui me surprennent souvent par leur tonalité décalée même si le sérieux est toujours au rendez-vous.
Donc s’il y a bien une caractéristique que je m’attendais à trouver c’était l’humour. Je n’ai pas été déçue et je dois dire que même s’il prévient que son roman est corrosif il serait faux de le croire dénué de tendresse.
Certes on est immergé dans le registre de l’humour noir mais je suis persuadée qu’il aurait pu aller encore plus loin dans ce style. Il faudra que je lui demande s’il s’est contraint pour être au final aussi résolument optimiste, même si tout est question de point de vue.
L’ouvrage s’organise en cinq parties, qu’il serait plus juste de qualifier d’actes, l’avant-dernier étant franchement théâtral ... à tel point que j’imagine aisément une adaptation pour la scène.
Sans avoir été pensé intentionnellement pour un lectorat adolescent il me semble qu’il serait utile de mettre ce roman entre leurs mains (innocentes) pour les prévenir combien, entre révélations, prises de conscience, et malgré des tentatives de consolation dans les bras d’un amant occasionnel, l’amour est une plaie incurable (p. 179).
La trame Internet, ses mails, ses textos, les pratiques controversées comme le piratage inscrivent l’histoire dans l’actualité, sans oublier la pression des réseaux sociaux qui vont faire chanter puis déchanter Belle Chloé. Elle souffrira diverses affections, du petit rhume des foins Romain à la gangrène Colin. Son petit coeur va subir les pires affres mais rassurez-vous ce roman pourra se terminer bien, faites-moi confiance, du moins pour ceux qui le méritent. Car, au bout du compte, L.-J. Wagner est un auteur fort moraliste et son roman est une éducation sentimentale revue et corrigée.
Ce n’est pas parce qu’on a une seule vie qu’il faut mal la vivre (p. 212). A condition de ne pas accorder foi à toutes les (bonnes) intentions de son entourage en suivant les conseils de ceux qui ne seront jamais les payeurs. Il est néanmoins difficile de se faire confiance, surtout quand, comme Chloé, on a conscience que l'on joue avec nos émotions.
Il faut reconnaitre à L.-J. Wagner une grande compétence dans l'analyse du jeu des sentiments. Sa mise en garde en matière de lettre de rupture est savamment observée. On la reconnaît à la manière dont elle est adressée. Le mot doux qui vous qualifie est remplacé par votre prénom suivi de la terrible virgule, vous pouvez passer directement à la fin du courrier où l’être aimé vous souhaite tout le bonheur du monde sans lui, préfère votre amitié à votre amour, et vous embrasse tendrement en souvenir du passé (p. 177).
Le roman est très actuel aussi par la pertinence des questions auxquelles il nous force à réfléchir : pourquoi le célibat est-il un tabou social, au même titre que le refus d’enfant (p. 21). Par extension il a raison d’interroger : pourquoi le non-désir d’aimer est-il si mal perçu, surtout quand on est une femme somme toute désirable ? A un homme sempiternellement célibataire, on disait qu’il agissait en Don Juan, qu’il finirait par tourner chaussure à son pied, qu’il avait tout le temps pour ça, qu’il pouvait se reproduire à tout moment, même au dernier, et on lui pardonnerait son passé de séducteur invétéré. Mais, pour une femme, jolie de surcroît, c’était le tabou ultime. Avec en prime l'injonction d’une obsolescence programmée.
Il a aussi le talent de placer cette observation fine des rapports amoureux dans un contexte social qui gratte les différences socio-culturelles et quelques autres luttes de pouvoir, même si les revendications des employés d'une grande enseigne culturelle vêtus de gilets vert est sans commune mesure avec celles d'autres gilets. On suit avec un plaisir supplémentaire les pérégrinations des personnages entre les joies de la vie parisienne, les contraintes provinciales et les angoisses africaines.
L'auteur est un homme cultivé qui a lu ses classiques avant de prendre la plume. Sa référence à la salle 101 et à la torture psychologique qui est l'un des points clés du 1984 de George Orwell est pertinente. Les allusions à ce roman, paru en 1948 sont fréquentes pour rappeler le risque de l'hypersurveillance d'un Big Brother qui suit nos faits et gestes. La fiction rejoint presque la réalité. C'est un certain Ignacio qui tente de prévenir Chloé en lui proposant appelle-moi Winston et je t'appellerai Julia (p. 170). Chloé qui connait l'histoire s'interroge à propos du rôle de son Colin d'amour? Serait-il un O'Brien prêt à tout pour imposer la loi du Parti ? Le jeune homme lui répond qu'il conseillerait à Julia de se méfier. Quand on aime, on ne voit pas le mal qui nous entoure. Surtout s’il est doté d’un sourire (et Dieu sait combien celui de Colin est ravageur). Comme elle ne comprend pas il prend le contrepied et renonce : allez, Julia, cours vers ton destin.
Il n’y a aucun doute à avoir, L.-J. Wagner sait écrire, avec psychologie, en glissant aussi quelques références littéraires au bon moment, en enchaînant des situations dans un style alerte et en osant des métaphores et des traits d’esprit. L'absence de temps mort produit un page-turner plutôt addictif.
Journaliste de formation, il vit et travaille à Paris, tout en vouant une passion à l'écriture et à la scène depuis son enfance, comme en témoigne son site internet. Il joue au sein d’une troupe, écrit régulièrement des nouvelles et des pièces de théâtre et a créé Hop Frog Entertainment, une société consacrée aux relations presse de spectacles vivants, que je vous invite à suivre.
Il n'est jamais en manque d’inspiration. D'ailleurs, à l'instant où vous lisez ces lignes il est encore en train d'écrire... et nous avons hâte de découvrir quelle nouvelle intrigue il a tricotée.
Ce n’est pas parce qu’on a une seule vie qu’il faut mal la vivre (p. 212). A condition de ne pas accorder foi à toutes les (bonnes) intentions de son entourage en suivant les conseils de ceux qui ne seront jamais les payeurs. Il est néanmoins difficile de se faire confiance, surtout quand, comme Chloé, on a conscience que l'on joue avec nos émotions.
Il faut reconnaitre à L.-J. Wagner une grande compétence dans l'analyse du jeu des sentiments. Sa mise en garde en matière de lettre de rupture est savamment observée. On la reconnaît à la manière dont elle est adressée. Le mot doux qui vous qualifie est remplacé par votre prénom suivi de la terrible virgule, vous pouvez passer directement à la fin du courrier où l’être aimé vous souhaite tout le bonheur du monde sans lui, préfère votre amitié à votre amour, et vous embrasse tendrement en souvenir du passé (p. 177).
Le roman est très actuel aussi par la pertinence des questions auxquelles il nous force à réfléchir : pourquoi le célibat est-il un tabou social, au même titre que le refus d’enfant (p. 21). Par extension il a raison d’interroger : pourquoi le non-désir d’aimer est-il si mal perçu, surtout quand on est une femme somme toute désirable ? A un homme sempiternellement célibataire, on disait qu’il agissait en Don Juan, qu’il finirait par tourner chaussure à son pied, qu’il avait tout le temps pour ça, qu’il pouvait se reproduire à tout moment, même au dernier, et on lui pardonnerait son passé de séducteur invétéré. Mais, pour une femme, jolie de surcroît, c’était le tabou ultime. Avec en prime l'injonction d’une obsolescence programmée.
Il a aussi le talent de placer cette observation fine des rapports amoureux dans un contexte social qui gratte les différences socio-culturelles et quelques autres luttes de pouvoir, même si les revendications des employés d'une grande enseigne culturelle vêtus de gilets vert est sans commune mesure avec celles d'autres gilets. On suit avec un plaisir supplémentaire les pérégrinations des personnages entre les joies de la vie parisienne, les contraintes provinciales et les angoisses africaines.
L'auteur est un homme cultivé qui a lu ses classiques avant de prendre la plume. Sa référence à la salle 101 et à la torture psychologique qui est l'un des points clés du 1984 de George Orwell est pertinente. Les allusions à ce roman, paru en 1948 sont fréquentes pour rappeler le risque de l'hypersurveillance d'un Big Brother qui suit nos faits et gestes. La fiction rejoint presque la réalité. C'est un certain Ignacio qui tente de prévenir Chloé en lui proposant appelle-moi Winston et je t'appellerai Julia (p. 170). Chloé qui connait l'histoire s'interroge à propos du rôle de son Colin d'amour? Serait-il un O'Brien prêt à tout pour imposer la loi du Parti ? Le jeune homme lui répond qu'il conseillerait à Julia de se méfier. Quand on aime, on ne voit pas le mal qui nous entoure. Surtout s’il est doté d’un sourire (et Dieu sait combien celui de Colin est ravageur). Comme elle ne comprend pas il prend le contrepied et renonce : allez, Julia, cours vers ton destin.
Il n’y a aucun doute à avoir, L.-J. Wagner sait écrire, avec psychologie, en glissant aussi quelques références littéraires au bon moment, en enchaînant des situations dans un style alerte et en osant des métaphores et des traits d’esprit. L'absence de temps mort produit un page-turner plutôt addictif.
Journaliste de formation, il vit et travaille à Paris, tout en vouant une passion à l'écriture et à la scène depuis son enfance, comme en témoigne son site internet. Il joue au sein d’une troupe, écrit régulièrement des nouvelles et des pièces de théâtre et a créé Hop Frog Entertainment, une société consacrée aux relations presse de spectacles vivants, que je vous invite à suivre.
Il n'est jamais en manque d’inspiration. D'ailleurs, à l'instant où vous lisez ces lignes il est encore en train d'écrire... et nous avons hâte de découvrir quelle nouvelle intrigue il a tricotée.
Gangrène de L.-J. Wagner, Editeur Souffles littéraires, en librairie depuis le 23 juin 2020
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