Dans Un printemps en moins, on apprend ce qui est arrivé par bribes, ou plutôt on le devine.
Les chapitres sont brefs, incisifs et je crois entendre le bruit de l'antique projecteur de diapositives qui claquait dans mon enfance entre deux images censées exprimer les émotions de vacances familiales mal cadrées.
La silhouette un peu floue d'un collégien en route vers son destin se détache sur la couverture de ce roman écrit avec pudeur par Arnaud Dudek.
L'adolescent ne se plaignait jamais et personne n'a rien vu venir. Ou plutôt personne n'a su décoder les signes. Il faut dire que les enseignants ne sont alertés que depuis peu sur le harcèlement scolaire et que l'impuissance n'est pas au programme du CAPES (p. 54) et que les modérateurs de la Toile sont sans doute trop laxistes (p. 80).
Et pourtant dresser la liste de tout ce que son père a fait de peu ordinaire pour lui s'achève par le triste constat d'avoir raté l'essentiel (p. 84). Romane, la prof de français, réalisera que même les enfants de poète ne sont à l'abri de rien (p. 89).
S'il y a un message que l'auteur veut faire passer c'est bien celui-là, et par voie de conséquence combien il est essentiel d'être à l'écoute du moindre signe. Surtout quand on sait que les jeunes passent plus de deux heures par jour sur les réseaux et sur Internet.
20% reconnaissent être ou avoir été concernés par du cyberharcèlement. Mais espérons que les choses sont en train de bouger.
Ce livre est un cri d'alarme qui ne manque pas de légèreté et d'humour comme en témoigne la recette paternelle favorite du cheesecake (p. 93). Je préfère tout de même la mienne, sans oeufs.
A lire à partir de 12 ans, pourquoi pas cet été et en profiter pour discuter du sujet avec ses enfants ?
Un printemps en moins d'Arnaud Dudek, Les Avrils
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