
Il a trouvé le juste intitulé pour caractériser l'objet Boule Vide Son Sac En Public.
L'ours polaire (piste 1) commence fort en n'hésitant pas à frôler la vulgarité. Il faut situer ce choix dans le contexte d'un enregistrement en public, essentiellement des amateurs du style particulier de l'artiste, oscillant toujours entre la figue et le raisin.
Avec l'Avion (piste 2), autrement dit Appareil Volant Imitant L’Oiseau Naturel, on pense, après la superbe intro musicale menée par la guitare (dans laquelle Boule excelle), écouter une jolie déclaration d'amour mais si on est attentif aux paroles on décryptera vite le second degré à travers l'image de la civière et l'allusion aux anti-douleurs. On entendra aussi la critique d'un monde qui ne se concentre plus sur l'essentiel, à savoir, les sentiments qui peuvent lier deux êtres à jamais. Ce morceau donne le "vrai" ton de l'album, tout en tendresse.
Nouveau revirement de situation avec Le poisson (piste 3) auquel répond, vous l'aurez deviner, Le poison (piste 4) puisqu'il est décidé que Boule soufflera alternativement le chaud et le froid.
Le percolateur (piste 5) est d'une drôlerie crasse. Il faut un sens très aiguisé de l'observation pour l'avoir écrite. L'ironie ne l'effraie pas et le surréalisme pourrait bien être sa philosophie.
J'ai pensé à ce stade qu'il serait judicieux -peut-être- d'aller fouiner du côté de l'origine de la formule "vider son sac" qui aujourd'hui signifie "exprimer le fond de sa pensée", "dire ce qu'on a sur le cœur". Mais, au départ, l'expression, qui vient du milieu juridique, avait un sens beaucoup plus basique. Au XVII° siècle, les avocats rangeaient en effet l'ensemble des documents nécessaires pour plaider dans des besaces et "vider son sac" équivalait à mettre de l'ordre dans les dossiers et à les hiérarchiser. C'est un peu ce que fait Boule dans ce tour de chant au carré après trois années de tournée en solo.
Il retrouve les joies du collectif avec ce quatuor complice et redoutablement efficace : Fabrice Lhomme à la contrebasse, Sonia Rekis à l’accordéon – qui apporte des couleurs de musiques du monde magnifiques – Freddy Holleville aux percussions et lui à la guitare, au banjo et au chant. Ensemble ils revisitent les meilleurs titres de vingt ans d'une carrière menée tambour battant, vingt ans déjà, sans jamais tomber dans la nostalgie, mais en distillant une émotion brute, un humour ravageur et une sincérité désarmante.
Dès les premiers mots Mélanie (piste 10) la tonalité de la voix m'évoque le chanteur wallon Julos Beaucarne, lui aussi un sacré poète, grand conteur, et dont la philosophie de vie reste bouleversante. On peut aussi parfois sentir une atmosphère québécoise. Mais sous les mots jolis le message est terrible puisque sujet est celui des violences faites aux femmes.
La plupart des morceaux sont très dansants. Valse, mazurka ou cha-cha-cha, parfois une bourrée comme on peut encore en danser dans une fête villageoise, ou encore la java pour accompagner Politesses et banalités (piste 12), et même un air de klemzer sur Pensez à voir un psychologue (piste 14).
Les pizzas (piste 13) commence comme une fable écologique avec la probable disparition des mésanges charbonnières. C'est très vite une diatribe contre ceux (et celles) qui bouffent des pizzas en tripotant leur i-phone à la con.
Comme il a raison de pointer les dégâts du train-train et du numérique avec Je ne touche plus (piste 15) qu'il annonce comme une chanson d'amour alors que c'est de désamour qu'il est question.
Et que dire du Loup et le Chien (piste 17), superbe réécriture de la fable de La Fontaine.
Enregistré en public au Trianon Transatlantique de Sotteville-lès-Rouen, le 18 octobre 2024, l’album capture une soirée d’exception : la salle est pleine, l’ambiance brûlante, les rires fréquents, les silences éloquents. Boule, toujours entre deux éclats de rire, alterne chansons marquantes et anecdotes croustillantes, coups de gueule intimes et envolées poétiques. Forcément, il emballe le public. La finesse de ses textes, son humour ravageur et sans concession et sa sincérité évidente en font un artiste particulièrement attachant, sans doute un des plus étonnants de la chanson française.
Une véritable découverte pour moi !
Boule Vide Son Sac En Public
Cedrik Boule : Guitares, banjo
Fabrice Lhomme : Contrebasse
Sonia Rekis : Accordéon
Freddy Holleville : Percussions
Fabrice Lhomme : Contrebasse
Sonia Rekis : Accordéon
Freddy Holleville : Percussions
Vache à Lait Productions
Dans les bacs à partir du 24 mai 2025
Dans les bacs à partir du 24 mai 2025
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