J’ai vu Brasser de l’air et s’envoler juste après un autre seule-en-scène, exceptionnel, celui dans lequel Christine Murillo incarne une pétillante Pauline Carton et il faut reconnaître que passer après une telle comédienne est un challenge difficile à relever.
Annoncé comme spectacle hors norme je pensais que la performance de Xavier Guelfi pourrait être à la hauteur, puisqu’il est question de vol.
On sera tous d’accord avec lui pour convenir que nous nous heurtons à un sentiment général d’impuissance face aux difficultés de notre temps et qu’on a grandement besoin de se réconcilier avec la vie et reprendre foi en la nature humaine. Sa proposition de questionner la morosité ambiante pour donner des réponses aux aquoibonistes est une attente qu’on peut -à priori- facilement partager.
Il admet se raconter en brassant un chaos verbal frénétique et il est vrai que les mots s’entrechoquent à la vitesse d’un baby-foot qui ne marque pas un but à chaque coup. Si ça remue les molécules on se parvient pas toujours à saisir le sens de rotation, hormis dans la très belle scène finale dans laquelle le hublot de la machine à laver essorera les extraits fugitifs de nos plus beaux souvenirs parmi lesquels on reconnaîtra (dans le désordre) les tortues Ninja, Jean-Pierre Bacri et Claude Rich, Nina Simone, Jean-Louis Trintignant, la Callas, Barbara, Balavoine, la voix de Souad Massi et celle d’Agnès Varda s’enthousiasmant à propos de patates en forme de coeur (image tirée du très intéressant documentaire Les glaneuses).
Le comédien se présente en polo bleu avec un morceau de tissu blanc appliqué, et sa botte de poireaux. Il a l'intention de se faire un smoothie pour, prétend-il éviter de se vautrer en s'adressant à un public de plus de 7, 5 personnes, ce qui est largement inférieur au nombre de spectateurs présents.
Faut-il en rire ? On sera tous en phase avec lui pour convenir qu'être ridicule rend humble. Et d'accord avec son oncle qui lui recommande d'arrêter de se poser des questions puisqu'il ne trouvera pas les réponses.
A l'inverse de l'albatros du poète, les ailes angéliques et dorées de l'humoriste ne l'encombrent pas pour marcher sur le sol et sa détermination à s'acharner à vouloir changer le monde reste touchante.
On aimerait que son fauteuil ne se dégonfle pas à l'aune des derniers rebondissements internationaux qui ne nous placent pas dans la meilleure disposition pour rire de toutes les propositions. L'avenir dira qui a raison …
Brasser de l’air et s’envoler de et par Xavier Guelfi
Mise en scène François Rollin
Création Lumière Quentin Maudet
Scénographie Laura Thavenot
Jusqu'au 9 juin 2025 à 19 h 15 ou 21 h 15
Attention le spectacle sera interrompu à partir du 5 janvier pour reprendre le 4 mai
A la Picola Scala - 13, boulevard de Strasbourg - 75010 Paris - 01 40 03 44 30
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