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La publication des articles est conçue selon une alternance entre le culinaire et la culture où prennent place des critiques de spectacles, de films, de concerts, de livres et d’expositions … pour y défendre les valeurs liées au patrimoine et la création, sous toutes ses formes.

jeudi 30 octobre 2008

NOEL AVANT L'HEURE

Me croirez-vous si je vous dis que les décorations de fête sont déjà installées au Bon Marché ? Avec l'immense sapin au 3ème étage et un choix invraisemblable de délicates décorations ....
Cela signifie que pendant plus de deux mois vous allez pouvoir en profiter. Si je calcule correctement Noël mobilise un cinquième de l'année.

Qui dit Noël ne dit pas seulement décoration mais aussi et surtout chaussettes, chaussons et donc ... cadeaux à glisser dedans ou dessus! Est-ce un effet du hasard, mais à ce même troisième étage s'est ouverte depuis une semaine la Galerie imaginaire qui, malgré des prix plutôt élevés (la moindre petite chose est à 50 € ou au-delà) présente des objets plus que tentants, si bien que je voudrais ...

... tout, presque tout, mais est-ce un souhait raisonnable à faire à papa Noël ? au pris de 120 € ...

... peut-être alors cette matriochka, plus petite, moins chère, comme ses compagnes de vitrine ? (tout de même entre 50 à 80 € )

Ces "offrandes votives" en feutrine ont été imaginées et créées spécialement pour le Bon Marché par Julie Ansiau (photographe pour la presse française et japonaise) en s'inspirant de la tradition des ex-voto, dont le nom est une abréviation du latin ex voto suscepto, signifiant simplement "vœu fait".

Depuis la nuit des temps on conçoit un objet, une peinture, un dessin, qui illustre le souhait et qui est d'avance destiné à remercier la bonté divine en supposant qu'il suffit de le faire pour que son désir soit exaucé.

C'est en quelque sorte un chantage honnête. Comme une preuve concrète d'une prière intense. Particulièrement d'actualité pour la future période de l'Avent.

Jaime Hayon est un jeune artiste madrilène (né en 1974) qui s'est vite fait remarquer pour ses installations baroques réalisées pour les galeries prisées des collectionneurs et des meubles devenus cultes créés pour quelques grands noms du design - comme Established & Sons, Lladro, Bosa ou Gaia & Gino.

On le dit baroque, joyeux, intuitif. Il est tout simplement très talentueux. La créativité n'est pas un travail, a-t-il déclaré, c'est une manière de vivre. Il a revisité les figurines du célèbre porcelainier espagnol Llardo pour leur insuffler davantage de vie et de couleurs. Et le résultat qu'il qualifie de "contamination positive" est enthousiasmant, à la mesure de cet étonnant petit bonhomme, malicieux comme le farfadet Puck du Songe d'une nuit d'été de Shakespeare.


D'autres personnages de la collection Fantasia sont prisonniers, sous cloche, comme les objets précieux d'un cabinet de curiosités. Cette fois le prix frôle 700 € , mais quand on aime ... je crois que je vais arrêter de présenter les tarifs. Je ne veux pas décourager le lecteur. Juste lui signifier que de deux choses l'une, ou il a les moyens de s'offrir ces objets, et qu'il ne s'en prive pas, soit il ne les a pas et que cela ne l'empêche pas d'aller les admirer. Au moins il aura fait le travail de deuil avant et ne reviendra pas dépité, en m'en voulant de l'avoir tenté. Voilà c'est dit, le Bon Marché ne l'est pas (bon marché) mais c'est le tout premier grand magasin et il demeure un lieu d'exception.

Fondé en 1838 par les frères Videau il est vite racheté par de riches résidents de Fontenay-aux-Roses, Aristide et Marguerite Boucicaut. En 1852, ils se lancent dans la transformation du magasin, développant alors le nouveau concept de grand magasin avec (c'était alors un pari insensé) un assortiment large et profond, des prix fixés et indiscutables (finis les tarifs à la tête du client) , un accès direct et une mise en scène de la marchandise dans un espace de vente.

C'est le Bon Marché qui a servi de modèle à Émile Zola pour écrire Au Bonheur des Dames : « Une cathédrale de commerce pour un peuple de clients ». Mais revenons dans la galerie. Toutes les nuances de bleus y cohabitent. Même les oiseaux sont azurés, comme ce duo de carreaux de faïences anglaises aux reflets d'argent.


















Les boiseries noires de ce meuble de parfumeur miroitent. Sous cloche, ce sont des senteurs délicates que l'on hume tour à tour. C'est une présentation raffinée pour des cires qui seraient les plus parfumées au monde.


Ce sont les bougies de cire de la Maison Trudon. Qui autrefois fabriquait depuis la manufacture royale d'Antony pour la Cour de Versailles, et maintenant pour Hermès, Cartier, Dior, Guerlain, Kenzo, les palaces et les restaurants étoilés. Souvenez-vous, nous avons visité ensemble les vestiges de cette industrie dans le cadre des Journées du patrimoine, en septembre dernier.

Voici dans une profusion de dorures et de lumières ma senteur préférée, une alliance de verveine et de roses. Un parfum tendre et vif qui garde l'esprit des conversations de madame la marquise de Pompadour et des charmes voluptueux du chic Rocaille.
Bon, il faut investir 50 € pour donner à son petit chez soi l'air poudré et allègre d'un boudoir délicieux, quelques 70 à 80 heures, c'est le temps de combustion promis. Difficile de juger le rapport qualité/prix. Il faudrait comparer avec d'autres produits.

C'est justement ce que je m'empresse de faire consciencieusement en découvrant ces étagères installées depuis quelques mois au troisième étage, au milieu du linge de maison. Il y en a plusieurs autres que je n'ai pas photographiées. C'est dire combien le choix est immense. Un des grands avantages du magasin, c'est d'avoir des vendeuses qualifiées et non stressées. On a donc tout le temps de respirer les flacons et d'enregistrer les conseils. Avec calme, luxe, et volupté, ce qui est déjà une promesse de bonheur.


Les parfums sont tous plus enivrants les uns que les autres. Il y en a des bougies pour tous les goûts :
*des sucrées à l'arôme chocolaté (imaginées par la maison Ladurée, réputée pour ses macarons)
*des fleuries, des boisées,
*des petites, des moyennes, des gigantesques,
*des rondes surtout, mais aussi des carrés, au design très moderne, comme celles de la marque Ex Voto (décidément un terme très tendance à cet étage), élue par Madonna et Agassi, qui apprécient des senteurs conjuguant harmonieusement l'esprit masculin et le féminin. Le Deep Ginseng est un modèle du genre.
*Il y a aussi les crépitantes (grâce à une mèche plate spéciale) comme les très vanillées de Dayna Decker qui existent en version blanche ou noire.

Coté prix on oscille toujours entre 40 et 50 €, mais on me fait remarquer qu'il existe souvent les recharges (en général pour la moitié du prix d'origine) que l'on peut glisser dans le pot d'origine. Les plus beaux ont un couvercle de métal. Comme ceux de Rigaud, qui serait avec Dyptique, les deux marques favorites des parisiens.

Toujours est-il que quelque soit votre choix, voici les 3 principes de base pour tirer le meilleur profit de vos bougies.
  1. avant d'allumer, vérifiez que la mèche ne dépasse de plus d'un centimètre. Théoriquement il faudrait la couper un peu après chaque brûlage.
  2. à chaque brûlage laissez brûler jusqu'à ce que la surface totale de la bougie se soit liquéfiée. (Il faut savoir que la première phase de liquéfaction demandera plus de temps que les suivantes). Ce conseil est capital pour éviter que la bougie ne se creuse et perde en durée de vie.
  3. recentrez la mèche dès que la bougie aura été éteinte, et avant que la cire ne se resolidifie.
Beaucoup de fabricants proposent les parfums d'intérieur coordonnés qui peuvent agir en complément.

Un dernier petit détour la Galerie imaginaire avant de nous quitter pour découvrir ces tubes imaginés depuis trois ans par Thibaut de Breyne et Philippe Tisserand pour Flowerbox.
Une sorte d'alternative miniature au mur végétal que le botaniste chercheur au CNRS, Patrick Blanc, fait pousser sur les façades des hôtels de luxe (comme l'Hôtel du Pas-de-calais, 59 rue des Saints-Pères dans le VI° arrondissement de Paris) ou sur un des murs du musée du Quai Branly.

Le Bon Marché est situé dans le 7e arrondissement, au 24 de la rue de Sèvres (angle rue de Babylone et rue du Bac). La Galerie Imaginaire y est ouverte jusqu'au 31 décembre.

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