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La publication des articles est conçue selon une alternance entre le culinaire et la culture où prennent place des critiques de spectacles, de films, de concerts, de livres et d’expositions … pour y défendre les valeurs liées au patrimoine et la création, sous toutes ses formes.

mardi 9 mai 2017

Nous les humains de et par Maryvonne Beaune

Il faut aller à la Comédie des Trois Bornes voir Maryvonne Beaune. Cette mère de famille, chorégraphe, auteure, humoriste, polyglotte (elle parle cinq langues), comédienne ... pourrait cultiver ses talents sans se soucier d'autre chose.

Elle se préoccupe pourtant de l'avenir de la planète et de Nous les humains sans craindre de faire rire avec des sujets qui pourraient être désespérants.

Elle est aussi végétarienne et vegan friendly, ce qui ne l'empêche pas de s'empiffrer de macarons pendant le spectacle, mais qu'on se rassure elle est prête à partager.

Elle assume la folie intérieure qui transpire de son personnage. Et qui lui a bien compliqué la vie quand elle cherchait du travail. Il faut voir son "entretien d'embauche" avant de postuler soi-même pour éviter les gaffes, ou les sublimer. Son CV présente aussi bien ce qu'elle a fait que ce qu'elle pourrait faire et ce qu'elle a envie de faire ... Elle s'empêtre dans les arguments, en faisant trop ou trop peu, reconnaissant être inadaptée.

On rit beaucoup même si on reconnait la fracture qu'elle souligne. Qu'elle soit elle-même ou Marie-Caroline, la bourgeoise effrayée par un trajet en RER, ou encore Ursula, qui cherche désespérément à retrouver un emploi dans la pornographie et qui est une caricature largement en deçà de la réalité.

Retenez son nom. La photo de l'affiche n'est ni représentative ni illustrative du spectacle. S'il est nettement féministe, c'est bien l'espèce humaine toute entière qui est menacée. Comment résoudre la question de la survie ? Par un appel à un ami ? Dieu en l'occurrence ? Faut-il y croire ? Maryvonne et les copines qu'elle invite sur scène ont la foi chevillée au corps, bien décidées à ne pas se laisser arrêter par les problèmes.

Maryvonne n'est pas de celles qui se soumettent. Elle encaisse la vérité, les multiples formes de misogynie. Mais elle proteste haut et fort, souligne, alerte ... espérons qu'on l'écoute vraiment.

J'écrivais ce début de chronique sur mon carnet en plein trajet sur je ne sais plus quelle ligne de transport en commun. Un jeune black me repéra, insista pour me laisser son siège. Ouf, le RER n'est pas l'horreur ce soir et j'ai failli envoyer un SMS pour le dire à Maryvonne.

La salle de la Comédie des Trois Bornes est petite. 45 places maximum. C'est un avantage qui permet de se sentir en proximité avec les artistes. Il y a un public de fidèles qui y a découvert par exemple Nora Hamzawi. Maryvonne mérite autant de bonheur.

D'autant qu'elle est particulièrement attentive au monde qui l'entoure, même si elle le caricature. C'est très sérieusement qu'elle supplie Dieu de faire quelque chose pour sauver la planète, ... enfin les humains qui sont, elle nous l'apprend, en voie d'extinction même si on a du mal à se le représenter puisque nous sommes (aussi) en surpopulation. La mort rôde, celle de l'espèce, de l'homme, ... du veau électrocuté sous nos yeux alors que l'artiste danse sur la musique de Purcell.

Les quatre pièces qu'elle a déjà écrites ont toutes le même point commun de questionner notre impuissance et notre inaction face aux enjeux de notre humanité, en faisant de son mieux, même si ce n'est pas davantage qu'un petit colibri qui n'aurait à donner au public qu'un peu d'amour.

Nous les humains est un titre qui s'est imposé à elle alors qu'elle découvrait le livre de Neale Donald Walsch, publié en 2006, Conversations avec Dieu, dont elle applique le principe fondateur : la question n'est pas à qui on parle mais qui nous écoute.

C'est pour elle l'occasion d'évacuer ses obsessions, tous les dégâts provoqués par des humains qui se croient malins alors qu'ils ne perçoivent pas l'urgence de changer de mode de vie. Maryvonne Beaune n'est pas persuadée d'avoir trouvé tous les mots justes, alors elle évolue. On peut aller la voir plusieurs soirs et noter d'infimes changements. Rien n'est stable sauf son énergie, son talent et son leitmotiv : je ne pleure pas, je meurs.

Après la représentation, on peut engager la conversation au café voisin, dont le nom semble avoir été choisi pour elle : le Complot, dans une ambiance vintage de maison de campagne.

Nous les humains de et par Maryvonne Beaune
Mise en scène de Sabine Graissaguel
Tous les mardis à 19 heures jusqu'au 27 juin 2017
Reprise jusqu’au 4 janvier 2018 tous les jeudis à 20 heures 15
Soit le 19 et  le 26 octobre
Les 2, 9, 16, 23 et 30 novembre
Les 7, 14, 21 et 28 décembre
Dernière (sauf prolongation) le 4 janvier 2018
Comédie des trois Bornes
32 Rue des 3 Bornes, 75011 Paris
01 43 57 68 29

1 commentaire:

Philippe Chavernac Paris a dit…

C'est très bien http://critiques-theatres-paris.blogspot.fr/2017/05/nous-les-humains-maryvonne-beaune.html
à voir

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