J’ai vu Perdrix au Sélect de la Ville d'Antony (92) depuis presque 24 heures et le film tournoie dans ma tête sans que je parvienne à en hiérarchiser les plans. J’aurais envie de revoir le générique de début, et puis celui de fin ... ce que je fais sans les images en ré-écoutant Gérard Manset et Sammy Decoster.
Perdrix sonne comme un nom de code, ce qu’il fut longtemps pour Erwan Le Duc dont c’est le premier long-métrage. On le caractérise comme une comédie amoureuse d’auteur. Il est bien plus que cela. Furieusement moderne et néanmoins nostalgique, ancré dans la profondeur d’une Lorraine que l’on filme trop rarement. J’ai reconnu la ville de Plombières et le lac des Corbeaux parce que je les ai arpentés pour un reportage il y a quelques années. J’adore la manière de les filmer comme une campagne irlandaise ou un lac écossais.
Perdrix est construit dans un troisième degré immédiatement accessible. Quand bien même le spectateur n’aurait pas remarqué les inférences, il sera sensible aux images, aux couleurs et aux formes comme le chante Gérard Manset (Entrez dans le rêve-1984), et aura envie de regarder l'aube qui se lève comme le chante Sammy Decoster (Je veux être à vous- 2018). Il faut être attentif aux paroles qui pourraient se confondre avec les dialogues du film.
Erwan le Duc doit être surdoué pour exprimer le non sens parce que je n’ai rien perçu de dissonant. Avec lui on se passionne pour la sexualité du ver de terre autant que pour la reconstitution de combats historiques de la deuxième guerre mondiale (en images mais sans le son) dans des paysages qui évoquent l’Ouest américain en plein été indien. Qu'une horde de contestataires se nourrisse de lecture n'est pas si farfelue que cela en aurait l'air.
Chaque plan est porteur de sens comme le serait un tableau. Le réalisateur a accordé une place essentielle à ses choix musicaux et la bande-son exceptionnelle de justesse, depuis Gérard Manset dont la voix rappelle l'album Bleu Pétrole de Bashung (et pour cause) à Sammy Decoster en passant par Niagara (Tchicki Boum), Grieg et Purcell (O Solitude).
On ne peut pas dire que le cinéaste ait osé des hommages à Bertrand Blier, Jean-Pierre Jeunet où Mocky, Godard ou Truffaut. Il n’y a pas de références fugitives implicites à leurs univers et pourtant on ressort de la projection en ayant le sentiment d’avoir vu un film qui s’inscrit dans une lignée.
Maud Wyler et Swan Arlaud (Petit Paysan), Fanny Ardant et Nicolas Maury sont prodigieux de naturel dans un scénario qui n’a rien de banal : Nous sommes le 18 septembre 2016. Juliette Webb arrête sa voiture en pleine campagne pour écrire quelques lignes dans son journal intime. Une naturiste surgit et lui vole le véhicule. C'est la catastrophe pour celle qui transporte sa vie entière dans son coffre. Elle va devoir porter plainte à la gendarmerie. Pierre Perdrix se charge de l'enquête mais ses méthodes ne seront pas du goût de la jeune femme qui ne se retiendra pas de lui donner un coup de main, ... et plus si affinités car comme le chante Niagara :
Tout est sans cesse décalé, débordant de partout, mais je ne dirais pas absurde. L'histoire que nous raconte Erwan Le Duc appartient sans doute à un genre nouveau, celui de l'amour-fiction, directement inspiré de la science-fiction. Il a confié aux spectateurs après la projection qu'il avait travaillé six ans sur ce film, tourné à l'automne dernier.
Perdrix fut longtemps le nom de code du projet. il est resté pour son coté intrigant.
Il a dirigé ses acteurs en leur demandant d'être le plus spontané possible, ce qui fut difficile pour Swan Arlaud qui, croyant bien faire, sortait d'un stage intensif auprès de gendarmes, et qui a du accepter de délester de la carapace qu'il s'était forgée, en quelque sorte apprendre à être au présent, à l'instar de la trajectoire de son personnage.
Mais de toi je ferai ce que je voudrais
Et si tu prends mon cœur ça ne me fait pas peur
Perdrix fut longtemps le nom de code du projet. il est resté pour son coté intrigant.
Il a dirigé ses acteurs en leur demandant d'être le plus spontané possible, ce qui fut difficile pour Swan Arlaud qui, croyant bien faire, sortait d'un stage intensif auprès de gendarmes, et qui a du accepter de délester de la carapace qu'il s'était forgée, en quelque sorte apprendre à être au présent, à l'instar de la trajectoire de son personnage.
Regarder Perdrix incite à lâcher prise et à changer de point de vue sur le monde. Juste ce qu’il convient de faire quand on est en vacances ou qu’on en revient. On comprend que ce fut un coup de cœur public et critique de la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire