La rentrée littéraire concerne autant les jeunes que les adultes. Sous peine de radoter j'ajouterais que les grands gagneraient à lire cette littérature dite "jeunesse" qui concerne tout le monde.
Kitty Crowther a lu un extrait du roman de Ulf Stark, la Cavale, traduit du suédois par Alain Gnaedig, chez Pastel, et qu'elle a illustré.
L'histoire de ce petit garçon organisant la fugue de son grand-père l'a d'autant plus touchée que, si elle vit et travaille en Belgique, elle est née d’une mère suédoise et d’un père anglais. Quant à moi j'ai adoré ce roman dont la première phrase est à elle seule l'annonce de l'aventure qui va suivre : Les feuilles de l'érable devant l'hôpital avaient des reflets rouges et dorés. Je regardais par la fenêtre, et je me suis dit : c'est étonnant comme les feuilles brillent si joliment juste avant de tomber.
L'auteur raconte avec pudeur et humour sa version du chant du cygne dans un récit plein de tendresse. L'illustratrice s'est inspirée de la manière de représenter les visages adoptée par le peintre norvégien Edward Munch (qui a fait bien d'autres tableaux que Le cri) et pour qui le visage était comme une cartographie de la vie de la personne.
Ce fut l'occasion d'annoncer la réédition, en livre d'or, de son premier livre, Mon Royaume, paru en 1994. Il sera en exclusivité d'abord pour les libraires du réseau Sorcières.
Les loups ont été à l'honneur. Geoffroy de Pennart a imaginé un animal prétentieux, envieux et colérique, qui attire la moquerie parce qu'il est finalement un looser. La première aventure qu'il lui a fait vivre avait pour titre "Le loup est revenu". Il en reste à écrire, comme le détournement du conte du Petit Chaperon Rouge, qu'il n'a pas encore revisité.
Il dit être resté bloqué dans ses dessins aux années 50-60 qui sont celles de son enfance. La question du vêtement est dans l'air du temps et il prend plaisir à bien habiller son loup. Chacun de ses albums recèle une forte intertextualité. Il énonce une vérité très simple que l'on oublie trop souvent : l'album est un partage et il doit donc satisfaire les adultes comme les enfants. Il fait en sorte que ses livres soient lus par des adultes qui s'amusent. Du coup ils les liront bien. Et souvent.
Nous avons eu la joie de visionner un extrait de la série de courts-métrages Loups tendres est loufoques qui sortira en salle le 16 octobre (et que j'aurai grand plaisir à visionner en intégralité dans quelques jours au cours du prochain festival Paysages de cinéastes). Nous avons regardé C'est moi le plus fort d'après le livre de Mario Ramos. La série comprend aussi C'est moi le plus beau où le loup cherche à épater tous les héros des contes avec sa cravate turquoise.
Clémentine du Pontavice, déjà auteure jeunesse avec Truc de fille ou de garçon ? propose un nouvel opus qui poursuit son interrogation sur la différence avec Seul(s) au monde ? dont le message vise à déculpabiliser.
Elle estime être elle-même née dans une famille qui ne rentre pas du tout dans les cases (sous-entendu classiques) et pas davantage que ses enfants. Elle ne renie cependant pas ce concept de "groupe" en se demandant s'il ne faut pas inventer de nouvelles catégories.
Elle détourne la chanson (pourtant pas récente) de Georges Brassens, La mauvaise réputation, qui est en sorte la base-line de son album. Elle mixte avec une simplicité, qui confine à l'art, l'écriture bâton, l'écriture manuscrite et l'écriture dessin. Le résultat est sobre, ludique, facile à lire et surtout à comprendre, y compris par de tout jeunes lecteurs, puisqu'elle est publiée dans la collection Moucheron.
Cette jeune femme qui se dit autodidacte a beaucoup de talent pur exprimer les sentiments en faisant le choix de la simplicité graphique. Ses bonhommes sont des taches de couleur qui prennent vie sous nos yeux. On a presque le sentiment qu'ils nous parlent chacun d'une voix particulière ... peut-être parce que Clémentine, qui vit avec un musicien, et qui écrit des chansons, parvient à jouer aussi avec la sonorité des mots écrits.
Elle laisse une page blanche après une dernière question, invitant le lecteur à y coucher sa propre prise de paroles.
Maryam Madjidi avait publié un premier roman, Marx et la poupée, au Nouvel Attila. Elle adapte un extrait de son autobiographie dans un tout petit album, paru en collection Mouche, Je m'appelle Maryam où la petite fille qui y est représentée balance entre Ici et Là-bas (l'Iran) et apprend à jongler entre deux cultures et deux langues.
L'illustration est de Claude K.Dubois qui s'est inspiré de photographies de l'auteure et qui a réussi à les transposer en de très jolis dessins qui peu à peu prennent vie en se chargeant de couleurs.
L'écureuil d'Olivier Tallec adore SON arbre à tel point que l'auteur fait figurer tous les adjectifs possessifs en majuscules. La queue de l'animal amplifie les sentiments qu'il éprouve et on est tenté d'y voir une forme d'anthropomorphisme et de gémellité avec Olivier quand on les regarde de profil.
Il y dessine une tondeuse à gazon qui symbolise la présence des voisins comme celle de la revendication de la propriété. Quel mur l'animal érigera-il pour se protéger ? Le propos est amusant quand on sait que l'écureuil, en règle générale, et dans la "vraie" vie, ne se souvient que rarement de l'endroit où il stocke ses noisettes.
Colas Gutman a laissé quelque temps la bride à Chien pourri et à ses camarades (la série se déploie depuis 2013) pour écrire les collégiens, parler des adolescents, mais pas de l'établissement. Ce livre très profond et néanmoins très drôle aborde la question de l'ennui.
Les coups de crayon de Thomas Baas nous font penser à Sempé. Il a transposé les Lettres d'amour de 0 à 10 que Suzie Morgenstern a écrites en 1996 et qui connurent un énorme succès, en remportant de multiples récompenses en Bande Dessinée pour Rue de Sèvres. L'auteure n'est pas intervenue dans les choix de Thomas pourvu qu'il respecte deux exigences, que la grand-mère soit belle et que le bébé figure sur la couverture. Vous pourrez constater à partir du 23 octobre que ces voeux ont été comblés.
Ernest a 10 ans. Sa mère est morte le jour de sa naissance et son père a disparu. Sa vie avec sa grand-mère, prénommée Précieuse, n'a rien de très exaltant : école, goûter, devoirs et soupe. Sa seule distraction est d'essayer de déchiffrer une mystérieuse lettre que son grand-père a envoyée du front pendant la guerre. Et c'est en utilisant des techniques de cinéma que Thomas Baas est parvenu à inclure les lettres dans son chemin de fer.
Autre sortie importante dans la maison avec le magnifique album Chaplin en Amérique de Laurent Seksik et David François, qui relate l'histoire de Charles Spencer Chaplin (né il y a 130 ans) à partir d'octobre 1912 et qui sera à suivre.
Emmanuelle Bayamack-Tam est professeure de lettres dans un lycée de banlieue. Elle a écrit une douzaine de romans, caustiques et étonnants. Rebecca Lighieri est le pseudo qu’elle a choisi dès qu'elle aborde une littérature plus sombre, comme avec Husbands ou Les garçons de l’été. C’est sous ce nom qu’elle a publié Éden, qui est son premier roman pour la jeunesse. Elle s'est inspirée de l'enfer de Jérome Bosch pour imaginer l'espace dans lequel Ruby, une adolescente de 14 ans, va être happée un soir.
Le récit est traversé par la crainte d'un accident nucléaire ou climatique. Il est clairement militant à propos de questions d'écologie. Ce roman sera sans doute déstabilisant, comme cette auteure a l'habitude de le faire.
Le club des amateurs de Sauveur et Fils sera heureux d'apprendre la sortie de la Saison 5 dans lequel Marie-Aude Murail est toujours très engagée à défendre l’égalité homme/femme mais aussi la vie si difficile des agriculteurs. Elle continue aussi de dénoncer ceux qui utilisent les réseaux sociaux pour nuire à autrui. L'humour demeure néanmoins et on découvrira que la clientèle du psychologue semble évoluer, suite à des recommandations d'un employé de Jardiland qui le conseille en tant que comportementaliste animalier.
Anaïs Vaugelade fait revenir la famille Quichon dans un format différent des précédents et avec une nouvelle maquette. On savait qu'elle était composée d'une maman et d'un papa avec 73 enfants, tous différents. J'ai ouvert Maman Quichon se fâche, paru en septembre 2004. Tous les personnages y figuraient déjà. On saura désormais avec Le premier frère de Mimi Quichon, à paraitre en octobre, comment cette famille s'est constituée.
La présentation s'est achevée avec une joyeuse incitation à dessiner des petits ou des grands cochons partout sur une immense feuille.
Il dit être resté bloqué dans ses dessins aux années 50-60 qui sont celles de son enfance. La question du vêtement est dans l'air du temps et il prend plaisir à bien habiller son loup. Chacun de ses albums recèle une forte intertextualité. Il énonce une vérité très simple que l'on oublie trop souvent : l'album est un partage et il doit donc satisfaire les adultes comme les enfants. Il fait en sorte que ses livres soient lus par des adultes qui s'amusent. Du coup ils les liront bien. Et souvent.
Nous avons eu la joie de visionner un extrait de la série de courts-métrages Loups tendres est loufoques qui sortira en salle le 16 octobre (et que j'aurai grand plaisir à visionner en intégralité dans quelques jours au cours du prochain festival Paysages de cinéastes). Nous avons regardé C'est moi le plus fort d'après le livre de Mario Ramos. La série comprend aussi C'est moi le plus beau où le loup cherche à épater tous les héros des contes avec sa cravate turquoise.
Clémentine du Pontavice, déjà auteure jeunesse avec Truc de fille ou de garçon ? propose un nouvel opus qui poursuit son interrogation sur la différence avec Seul(s) au monde ? dont le message vise à déculpabiliser.
Elle estime être elle-même née dans une famille qui ne rentre pas du tout dans les cases (sous-entendu classiques) et pas davantage que ses enfants. Elle ne renie cependant pas ce concept de "groupe" en se demandant s'il ne faut pas inventer de nouvelles catégories.
Elle détourne la chanson (pourtant pas récente) de Georges Brassens, La mauvaise réputation, qui est en sorte la base-line de son album. Elle mixte avec une simplicité, qui confine à l'art, l'écriture bâton, l'écriture manuscrite et l'écriture dessin. Le résultat est sobre, ludique, facile à lire et surtout à comprendre, y compris par de tout jeunes lecteurs, puisqu'elle est publiée dans la collection Moucheron.
Cette jeune femme qui se dit autodidacte a beaucoup de talent pur exprimer les sentiments en faisant le choix de la simplicité graphique. Ses bonhommes sont des taches de couleur qui prennent vie sous nos yeux. On a presque le sentiment qu'ils nous parlent chacun d'une voix particulière ... peut-être parce que Clémentine, qui vit avec un musicien, et qui écrit des chansons, parvient à jouer aussi avec la sonorité des mots écrits.
Elle laisse une page blanche après une dernière question, invitant le lecteur à y coucher sa propre prise de paroles.
Maryam Madjidi avait publié un premier roman, Marx et la poupée, au Nouvel Attila. Elle adapte un extrait de son autobiographie dans un tout petit album, paru en collection Mouche, Je m'appelle Maryam où la petite fille qui y est représentée balance entre Ici et Là-bas (l'Iran) et apprend à jongler entre deux cultures et deux langues.
L'illustration est de Claude K.Dubois qui s'est inspiré de photographies de l'auteure et qui a réussi à les transposer en de très jolis dessins qui peu à peu prennent vie en se chargeant de couleurs.
L'écureuil d'Olivier Tallec adore SON arbre à tel point que l'auteur fait figurer tous les adjectifs possessifs en majuscules. La queue de l'animal amplifie les sentiments qu'il éprouve et on est tenté d'y voir une forme d'anthropomorphisme et de gémellité avec Olivier quand on les regarde de profil.
Il y dessine une tondeuse à gazon qui symbolise la présence des voisins comme celle de la revendication de la propriété. Quel mur l'animal érigera-il pour se protéger ? Le propos est amusant quand on sait que l'écureuil, en règle générale, et dans la "vraie" vie, ne se souvient que rarement de l'endroit où il stocke ses noisettes.
Colas Gutman a laissé quelque temps la bride à Chien pourri et à ses camarades (la série se déploie depuis 2013) pour écrire les collégiens, parler des adolescents, mais pas de l'établissement. Ce livre très profond et néanmoins très drôle aborde la question de l'ennui.
Les coups de crayon de Thomas Baas nous font penser à Sempé. Il a transposé les Lettres d'amour de 0 à 10 que Suzie Morgenstern a écrites en 1996 et qui connurent un énorme succès, en remportant de multiples récompenses en Bande Dessinée pour Rue de Sèvres. L'auteure n'est pas intervenue dans les choix de Thomas pourvu qu'il respecte deux exigences, que la grand-mère soit belle et que le bébé figure sur la couverture. Vous pourrez constater à partir du 23 octobre que ces voeux ont été comblés.
Ernest a 10 ans. Sa mère est morte le jour de sa naissance et son père a disparu. Sa vie avec sa grand-mère, prénommée Précieuse, n'a rien de très exaltant : école, goûter, devoirs et soupe. Sa seule distraction est d'essayer de déchiffrer une mystérieuse lettre que son grand-père a envoyée du front pendant la guerre. Et c'est en utilisant des techniques de cinéma que Thomas Baas est parvenu à inclure les lettres dans son chemin de fer.
Autre sortie importante dans la maison avec le magnifique album Chaplin en Amérique de Laurent Seksik et David François, qui relate l'histoire de Charles Spencer Chaplin (né il y a 130 ans) à partir d'octobre 1912 et qui sera à suivre.
Emmanuelle Bayamack-Tam est professeure de lettres dans un lycée de banlieue. Elle a écrit une douzaine de romans, caustiques et étonnants. Rebecca Lighieri est le pseudo qu’elle a choisi dès qu'elle aborde une littérature plus sombre, comme avec Husbands ou Les garçons de l’été. C’est sous ce nom qu’elle a publié Éden, qui est son premier roman pour la jeunesse. Elle s'est inspirée de l'enfer de Jérome Bosch pour imaginer l'espace dans lequel Ruby, une adolescente de 14 ans, va être happée un soir.
Le récit est traversé par la crainte d'un accident nucléaire ou climatique. Il est clairement militant à propos de questions d'écologie. Ce roman sera sans doute déstabilisant, comme cette auteure a l'habitude de le faire.
Le club des amateurs de Sauveur et Fils sera heureux d'apprendre la sortie de la Saison 5 dans lequel Marie-Aude Murail est toujours très engagée à défendre l’égalité homme/femme mais aussi la vie si difficile des agriculteurs. Elle continue aussi de dénoncer ceux qui utilisent les réseaux sociaux pour nuire à autrui. L'humour demeure néanmoins et on découvrira que la clientèle du psychologue semble évoluer, suite à des recommandations d'un employé de Jardiland qui le conseille en tant que comportementaliste animalier.
Anaïs Vaugelade fait revenir la famille Quichon dans un format différent des précédents et avec une nouvelle maquette. On savait qu'elle était composée d'une maman et d'un papa avec 73 enfants, tous différents. J'ai ouvert Maman Quichon se fâche, paru en septembre 2004. Tous les personnages y figuraient déjà. On saura désormais avec Le premier frère de Mimi Quichon, à paraitre en octobre, comment cette famille s'est constituée.
La présentation s'est achevée avec une joyeuse incitation à dessiner des petits ou des grands cochons partout sur une immense feuille.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire