Au Château de Cheverny la saisonnalité n’est pas un vain mot. Chaque période est dignement fêtée, particulièrement l’hiver avec Noël qui en est l’apothéose, et le printemps à travers la floraison de centaines de milliers de tulipes depuis maintenant dix ans.
Une variété porte même le nom de Cheverny. Son baptême a donné lieu à de belles réjouissances il y a un peu moins de deux ans. La faute au réchauffement climatique, … elle commence déjà à fleurir (ci-dessous à droite).
La précocité concerne aussi l’ensemble du ruban dont les bulbes, uniquement des Triomphe, ont été plantés -tous à la main- par l’équipe de jardiniers du domaine, renforcée par plusieurs temporaires pour que l’opération se déroule dans un laps de temps raisonnable, pendant dix jours à l'automne.
Ce ne sont que des tulipes Triomphe mais plusieurs variétés sont choisies. Sami, le chef jardinier, nous citera la Darin, à très grosses fleurs de 12 à 15 cm, de forme parfaite, aux tiges fortes et rigides, donc aptes à résister au vent en massif. Il y a aussi des spécimens de la Tulipa Kaufmanniana ou Tulipe nénuphar, originaire des montagnes d'Asie centrale, qui s'étend en grands tapis, petite, légère et charmante.
Ce sont 500 000 fleurs -simples, doubles ou triples comme la tulipe Pivoine- qui vont éclore d’ici quelques jours et embellir le parc pendant trois semaines. C'est un budget conséquent et l'an prochain on expérimentera de ne changer qu'un tiers des bulbes.
Vous constaterez sur les photos combien il y a déjà beaucoup à admirer dans ce parc qui évoque le célèbre Keukeunof néerlandais, riche de 9 millions de bulbes, tous plantés à la main, sur 36 hectares de parterre.
Il est situé dans la commune de Lisse, en province de Hollande-Méridionale, presque à équidistance entre Amsterdam au nord et La Haye au sud. Il est visité par 1,4 million de personnes entre la mi-mars et la mi-mai. Les Pays-Bas restent le premier producteur de fleurs au monde.
A Cheverny, la tulipe (aussi) est reine. Le premier bandeau était composé de 100 000 bulbes en 2013 et il était déjà fort beau. Il a été agrandi au fil des années pour arriver à 250 000 bulbes plantés en 2022.
Le dixième anniversaire est célébré de manière encore plus spectaculaire avec deux gigantesques bandeaux déclinant des fleurs en rouge, roses jaune, orangé, mauve et blanc. Chacun mesure 250 mètres de long et 12 mètres de large. Et comme Constance de Vibraye a toujours de nouvelles idées, un partenariat vient d’être conclu avec l'Ecole nationale des fleuristes. De par sa renommée, le nombre de visiteurs, l’immensité et la diversité du domaine, le Château de Cheverny représente un terrain d’expérience hors normes pour les élèves de cet établissement qui est unique en son genre.
L’ENF est la première organisation patronale à missions, administrée par des fleuristes en activité, pour tous les fleuristes, partout en France, quelle que soit la taille ou le statut. L'objectif est d'engager tous les fleuristes français indépendants à être acteurs du changement, qu’ils œuvrent en boutiques, en ateliers ou sur les marchés. Elle est unique en Europe. La fleuristerie est une voie d'avenir car on manque de personnel.
Elle se veut être un laboratoire de réflexions et de solutions au service de l’excellence de la filière. En ce sens les frais de scolarité sont pris en charge par les employeurs et elle assure 100% d'employabilité à ses élèves. Elle forme 450 élèves, toutes filières confondues, dont 80% de filles, au CAP en apprentissage (sur 1 ou 2 ans), également en BP en 2 ans, assure une formation en alternance, des formations pour adultes, y compris en reconversion professionnelle, et dispense aussi des cours d’art floral, de botanique, d’arts appliqués, de vente, d’économie…
Il a attendu d'avoir 35 ans pour postuler à être MOF et en parle peu avec ses élèves car il ne veut surtout pas instaurer de barrière. La transmission est une de ses missions fondamentales et il aime l'enseignement. Il a encore des objectifs de progression, par exemple en représentant la France à la coupe du monde.
L'opération aura mobilisé 25 étudiants et 2 professeurs sur 4 jour. Avant toute chose il a fallu déterminer -au cours de deux mois de réflexion- quelles techniques on pourrait employer, dans quels espaces, repérer une salle de travail, évaluer les couts tant en produits, qu'en manutention et logistique pour produire une dizaine de pièces qui seraient réalisées en suivant une fiche technique, un peu à l'instar d'une recette.
En mesurant la part d'artificiel et de plantes naturelles pour tenir compte de l'entretien par les jardiniers du domaine. Les élèves sont réjouis, heureux de cette expérience de travail en petits groupes de 5-6 dans un cadre aussi idyllique. les deux étudiants qui ont répondu à nos questions sont très motivés à suivre une voie professionnelle qui fasse sens. Antoine aimerait ouvrir sa propre boutique. Margot est davantage attirée par l'événementiel. Tous deux ont été surpris par la difficulté de travailler en plein air, sous un soleil assez vif. La station debout exige d'avoir une bonne constitution, parfois de porter des bas de contention, et surtout de s'équiper de bonnes chaussures. On l'ignore souvent mais pour exercer cette profession il faut accepter de se lever vers 5 heures du matin pour aller s'approvisionner. Et combiner des compétences de savoir-être, de savoir-faire et une grande disponibilité.
Garry Taffin nous a expliqué pourquoi on utilisait de l'artificiel (qui parfois consiste en des fleurs stabilisées ou séchées) en donnant l'illusion du vrai. Comme en cuisine, la fleuristerie se soucie de travailler les produits de saison, avec une sensibilité aux fleurs françaises mais dont la production reste insuffisante; il faut donc se tourner vers la Hollande, surtout pour les chrysanthèmes.
Il existe dans ce domaine également des tendances; En ce moment ce sont les bouquets déstructurés intégrant des fleurettes de nos jardins comme le cosmos ou la nigelle. Leur inconvénient est de ne durer que trois jours alors que les attentes du client sont de l'ordre d'une semaine. La fleur séchée reste une valeur sûre en touches minimalistes. Les émissions de décoration ont influencé les goûts. L'herbe de la pampa est en train de disparaitre.
Pour le moment l’intervention se "limite" au Jardin dit "des apprentis" qui est cerné de quatre nids de cigogne, et aux deux salles à manger du Château. Je parie que l’an prochain ce sera davantage. Quoiqu’il en soit, l’intervention de cette école est spectaculaire, et susceptible de faire naître des vocations. Il faut impérativement la voir avant le 15 mai car tout sera alors démonté.
Les installations sont impressionnantes de sophistication, mais ce qui est fort réussi c'est qu'elles s’intègrent dans le cadre et n’excluent pas d’autres touches de décoration, dans le parc clos de 110 ha, dans le jardin bouquetier et potager et dans le jardin de l’amour. Tout n’est pas encore en place (notamment les barques fleuries qui seront prochainement placée sur la pièce d’eau).
Un coq surveille ses poules et compte les oeufs en chocolat qui sont "tombés" miraculeusement dans l'herbe d'une pelouse dense, obtenu sans aucun traitement.
Plusieurs décorations du lycée horticole de Blois ont été placées en bordure du verger (ci-dessous) riche de près de 480 arbre fruitiers, plantés il y a quatre ans, dans une configuration circulaire.
Ce sont des pensées, et plus précisément des violas cornutas qui ont été choisies pour leurs différentes nuances de violet et de rose afin de composer la reproduction florale de la façade qui accueille traditionnellement les visiteurs à l'entrée du domaine. Cette mosaïculture est renouvelée chaque saison.
Dans la Grande salle à manger ce sont des compositions de l'Ecole nationale des Fleuristes qui ornent la table … tandis que les décorations qui étaient l'an dernier dispersées dans les pièces du château patientent au pied du mur. Elles seront bientôt disposées à leur place habituelle car le public se plaindrait de ne pas les retrouver. Cependant le retard dans leur installation m'a permis de faire des photographies mettant davantage le mobilier en valeur.
Je suis toujours fascinée par les panneaux de cuir racontant les aventures de Don Quichotte tant à la mode en France au début du XVII° siècle.
Je l’ai souligné depuis octobre 2021 dans de précédents articles. Le mobilier est en excellent état parce que le château est chauffé. C’est encore le fuel qui est utilisé. Il faut environ 42 000 litres par an et des solutions alternatives sont à l’étude;
La robe de mariage de la fille de la marquise est désormais a côté de celle de la mère.
L'installation printanière était en cours au moment de notre passage et bien entendu elle n'est pas photographiée.
Ce tapis est nouveau. Il rappelle le soleil du blason de la famille.
La chapelle fut achevée au XIX° alors que l’entièreté du château fut construit en une seule fois, en l’espace de dix ans.
C’est ici que fut baptisé Maximilien, le fils de Madame la Marquise et de Monsieur le Marquis né en 2001, et qui poursuivra semble-t-il l’œuvre de ses parents le moment venu. Il faut rappeler que Cheverny appartient à la même famille depuis 650 ans … bien que le château actuel ne soit « vieux » que de 450 ans. S’étendant sur 4 niveaux de 800 mètres carrés, il représente une demeure colossale à entretenir. S’ajoutent aussi les 2500 hectares de forêt. Tout cela justifie l’emploi d’une trentaine de permanents, plus du double en haute saison.
Les parquets ont été re-calés avec minutie. L’opération qui s’est étalée sur deux ans, était devenue indispensable à cause du piétinement des visiteurs qui à raison de 450 000 par an, avaient créé des zones de faiblesse. Par chance le bois s’est révélé être tout à fait sain. Il aura donc "suffi" de vérifier, démonter les lambourdes, de les doubler et de tout recaler ensuite.
La Salle d’Armes et la Chambre du roi ont été achevées l’hiver dernier, puis la Salle à manger à Noël. C’est au tour en ce moment du Grand Salon qui embaume l’encaustique.
C'est toujours un grand plaisir de traverser les pièces de ce château.
Cette lampe vous tenterait-elle ? Elle est en vente à la boutique du château.L’équipage de vénerie de 130 chiens pratique toujours la chasse à courre, entre passionnés, puisqu’on y entre par cooptation après avoir donné des gages de son éthique. Ce mode de chasse est très réglementé et obéit à des règles fortes. Les prises ne sont pas nombreuses. Deux fois sur trois l’équipage rentre sans avoir pris le moindre animal.
J'ai profité de cette journée pour découvrir la boutique Tintin, dans laquelle je n'avais jamais eu l'occasion d'entrer et qui est la plus grande de France. Elle s'inscrit dans la continuité de l'exposition Les Secrets de Moulinsart que j'avais visitée lors de mon premier séjour à Cheverny.
Et bien entendu toute les figurines du héros et de ses acolytes
Des objets du quotidien, utilitaires, comme un set de deux tasses à espresso avec soucoupe (29, 90 euros) pour souhaiter à un couple d'amis Joyeux Noël conjointement à la Bonne année avec humour.
La potiche du Lotus bleu est un article de collection. Elle vous sera remise avec un certificat d'authenticité Tintin numéroté. Cette oeuvre en résine, et peintures polychrome, de presque 23 cm de hauteur a été produite en 2017
Domaine du Château de Cheverny
Avenue du Château – 41700 Cheverny
Tél : 02 54 79 96 29
Ouvert tous les jours y compris le 25 décembre, 1er Janvier et 1er mai.
Du 1er janvier au 29 mars, et du 1er octobre au 31 décembre de 10h00 à 17h00 sans interruption.
Du 30 mars au 30 juin de 9h15 à 18h00 sans interruption, (jusqu'à 18h30 les 30, 31 mars et 1er avril ; du 6 avril au 13 mai inclus et les 18 & 19 mai)
Du 1er juillet au 31 août de 9h15 à 18h30 sans interruption
L'exposition Les Secrets de Moulinsart est ouverte aux mêmes horaires que le domaine, mais ferme pour la pause méridienne de 12h45 à 13h45.
l'Ecole nationale des fleuristes
3 rue Hassard 75019 Paris - 01 53 38 60 60
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