Je n’avais pas prévu de voir cette exposition. C’est l’immense affiche accrochée sur le mur de la mairie du VI° arrondissement de Paris qui attira mon attention alors que je passais dans le quartier. J’ignorais d’ailleurs que cette administration disposait de deux espaces d’exposition, dont une salle dite du vieux Colombier que j’ai failli confondre avec le théâtre du même nom.
Bien entendu, je ne connaissais rien de Loche Kowalski dont le prénom, et j’en ai honte, m’évoquait plutôt un homme qu’une femme. J'appris que c'était un surnom que lui avait donné son père et Kowalski est un emprunt.
Par chance l’artiste avait prévu d’être sur place pendant toute la durée de l’accrochage, ce qui ouvrait la possibilité de discuter avec elle. On la voit, en tête de cette article, derrière son Angèle au panier. Elle aime représenter les femmes en marche, valise ou panier à la main et on remarquera avec Rue d'Odessa, une petite bretonne, fraîchement débarquée de la gare Montparnasse, se hâtant vers son nouveau travail.
Voilà comment elle se présente, sur son site : Je suis née en 1956 à Paris. Je suis française avec quelques origines polonaises. Je vis et travaille en Ile-de-France et en Bretagne. J’ai commencé la sculpture en 1980, mêlant toujours cette activité à une vie professionnelle et une vie de famille. J’ai toujours crayonné et depuis 2010, le dessin est devenu pour moi un mode d’expression à part entière.
Désormais, je suis une "sculpteuse qui dessine".La mairie a eu une excellente idée en décidant d’exposer conjointement ses sculptures et ses dessins comme l'annonce l'affiche sur laquelle on voit en gros plan à gauche Roc, une toute petite sculpture de quelques centimètres et à droite Rêve slave. Au total ce sont 120 oeuvres et quelques pages de carnets d'esquisses qui permettent d'avoir un aperçu de son style.
L'artiste poursuit son thème majeur à propos de l’être humain au quotidien et affirme son attachement à la nature. Elle saisit des scènes de vie, des paysages aussi bien en Bretagne qu'au japon mais elle ne fait pas poser ses modèles.
Les visages ronds des enfants jouant sur la plage sont une source d'inspiration infinie.
Elle les dessine inlassablement. Mais elle les sculpte également comme on le constate avec cette adorable composition simplement nommée "Le pâté de sable" et ce portrait qu'elle affirme être sorti de sa seule imagination, Roi d'un jour. Elle dit humblement utiliser des instruments de fortune, puisque sculpter est avant tout le travail des doigts.
L'artiste emploie le terme de rêveries pour qualifier l’origine de ses créations. Mais qu'il s'agisse de sculptures ou de dessins le mouvement est toujours présent. On a du mal à croire qu'elle est autodidacte tant ses oeuvres sont précises. Admettons que les quelques artistes professionnels qu'elle a rencontrés lui auront donné les précieuses armes qui lui permettent d’exprimer sa façon de voir le monde.
Mais tout a commencé en 1980 : intégrant la Banque de France, elle découvre par hasard l'existence d'un atelier de modelage avec modèle vivant. C'est le début d'une passion pour la terre. Après une dizaine d'années de pratique hebdomadaire en groupe, sous le contrôle d'un professeur, Loche Kowalski décidée modeler seule.
Cette nouvelle liberté a allumé un feu intérieur qui ne la quitte pas. Il peut la pousser à "disparaitre" quelques instants pour commencer une oeuvre qu'elle achèvera dans la foulée en quelques heures avant de refaire surface auprès des siens.
Loche Kowalski a été récompensée de multiples fois depuis une quinzaine d'années :
- au Salon d’Automne du Petit Format, Sannois (95) "Prix de Sculpture" en Octobre 2011
- au Salon ARTS 19, Paris (75) "Prix du Public Sculpture" en Novembre 2013
- au Salon des Lions District Ile-de-France, Paris (75) "Prix de Sculpture" en Février 2014
- au Salon d’Automne, Sannois (95) "Prix de Dessin" en Octobre 2015
- au Salon des Beaux-Arts Cormeilles-en-Parisis (95) "Mention du jury - section sculpture" en Novembre 2018
- au Salon des Artistes Français, Paris (75) "Mention du jury - section sculpture" en Février 2022
Cette dernière reconnaissance est probablement celle qui l'a le plus touchée bien qu'être distinguée lors de chaque exposition la réconforte et la redynamise systématiquement. Une énergie qu'elle insuffle immédiatement dans ses portraits (Arabesques en bleu à gauche, Bleu Caraibes à droite)
L'artiste est heureuse de vivre, et voit aussi la Vie en rose comme le suggère l'intitulé de ce dessin délicat :
Rarement, mais de façon signifiante, elle s'inspire de modèles qui sont bien réels. Voilà comment elle s'est représentée, enfant, avec ses frère et soeur sur la tombe de sa mère, dans une composition intitulée Ensemble, 1, 2, 3 …
Il faut se promener dans cette salle du Vieux Colombier et sa mezzanine pour découvrir les dessins–pastels, crayons, encres qui alternent avec les statuettes en bronze et en terre cuite ainsi que des objets sculptés. Chacun a sa part de mystère.
Mairie du VI° arrondissement - Salon du Vieux Colombier
78 rue Bonaparte - 76006 Paris- Du 6 au 27 mars 2024
Du lundi au vendredi de 10h30 à 17h.
Jeudi jusqu’à 19h et le samedi de 10h à 12h.
Présence de l’artiste durant toute la durée de l’exposition.
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