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vendredi 24 septembre 2021

Tout s'est bien passé, film de François Ozon

Il y a tant de spectacles et de films autour de la santé et de la mort que j'ai hésité à parler de Tout s'est bien passé dont le thème n'est pas réjouissant, a priori.

Hospitalisé après un sévère accident vasculaire cérébral, André (André Dussolier) se réveille diminué et surtout dépendant. Cet homme de 85 ans vivait jusque là passionnément, à l'inverse de sa femme (Charlotte Rampling) très atteinte par une démence consécutive à une maladie de Parkinson et surtout d'une froideur polaire à l'égard de sa famille. Ne voyant pas d'issue positive à la situation malgré une amélioration de sa santé, André va demander à sa fille cadette, Emmanuelle, de l'aider à mourir.

François Ozon a écrit le scénario à partir du livre éponyme d'Emmanuèle Bernheim, publié en 2013 et dans lequel elle raconte comment elle a aidé son père à mourir ...

On se trouve exactement à l'opposé du propos de Petite soeur, le film de Stéphanie Chuat et Véronique Reymond présenté en avant-première au Festival Paysages de cinéastes et qui va sortir très prochainement sur les écrans. Je publierai ma critique dans quelques jours.

Tous deux se situent dans un milieu aisé et artistique. Chacun sollicite l'aide au sein de la cellule familiale.  C'est toujours la femme qui est bien portante, sorte d'ultra infirmière porteuse de vie ou d'espoir. Mais si ces Ozon on lui demande d'aider à partir, chez Chuat et Reymond on la sollicite pour rester.

Ce qui est touchant dans Tout s'est bien passé, c'est qu'on perçoit qu'André Dussolier joue un rôle de composition (bravo pour le maquillage !), admirable au demeurant, ce qui autorise le spectateur à prendre le minimum de distance pour supporter le propos. Chacun est juste, que ce soit les têtes d'affiche ou les rôles, dits secondaires, pour beaucoup interprétés par des comédiens de théâtre comme Judith Magre (Simone, la cousine d'André), Daniel Mesguich (l'avocat Maître Kiejman), Stéphane Hillel (le médecin) …

Emmanuèle est une romancière épanouie et accomplie, aussi bien dans sa vie privée que professionnelle. Son mari (Éric Caravaca) est aux petits soins pour elle et la soutiendra, quoiqu'elle décide. Sa soeur ainée, Pascale (Géraldine Pailhas) est à peine jalouse de la complicité qui l'unit à leur père. Elle restera elle aussi toujours très proche d'elle. Il y a bien une crise de conscience, l'euthanasie n'étant pas une décision facile, et bien entendu toujours illégale en France. Mais elle est vite surmontée, comme le sous-entend le titre du film. Bien sûr, l'argent facilite les choses pour organiser de dignes adieux.

Il y a des crises de larmes, de la douleur, et Emmanuèle tombe elle-même malade, comment pourrait-il en être autrement ? Mais François Ozon évite le trop plein de pathos avec une responsable d'association suisse d'une grande dignité (Hanna Schygulla). Il distille plusieurs rebondissements, osant parfois le cocasse (notamment avec la scène des ambulanciers invoquant leurs croyances religieuses). Les dialogues sont souvent teintés d'humour noir (Sa femme, avec son coeur de ciment, elle est déjà morte). Il offre à Grégory Gadebois un rôle de contre-emploi autrement plus intéressant que sa prestation dans Délicieux.

Géraldine Pailhas et Sophie Marceau sont deux soeurs très crédibles. L'une et l'autre se donnent la réplique comme si elle appartenaient à la même famille. Leur jeu est juste et au final on se dit que oui tout s'est bien passé.

Initialement planifié en mars 2020 le tournage fut reporté à cause du confinement en raison de la pandémie de Covid-19. Il commença finalement au cours de l'été. Le film a été présenté et sélectionné en compétition officielle au festival de Cannes 2021. Il est sorti en salles depuis le 22 septembre 2021 en Belgique, France et Suisse romande.

Tout s'est bien passé
Scénario et réalisation François Ozon
Avec Sophie Marceau, André Dussollier, Géraldine Pailhas, Charlotte Rampling, Éric Caravaca, Grégory Gadebois, Hanna Schygulla …

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