Cheverny a revêtu ses couleurs de fêtes. Et je commencerai cet article (une fois que vous aurez cliqué sur « plus d’infos ») par des clichés pris à la nuit tombée parce que l’atmosphère est alors magique.
Cinq jours pleins ne sont pas de trop pour disposer toutes les décorations à l’intérieur du bâtiment (rassurez-vous, un tarif spécial est alors consenti aux visiteurs pour compenser le désagrément des allers et venues).
Vous constaterez qu’elle est très abondante. Il a fallu d’ailleurs faire bâtir un édifice spécial, en dehors du château, pour la conserver d’une année sur l’autre. Il est hors de question de stocker des cartons sous les combles. Le marquis de Vibraye a été traumatisé par l’incendie de Notre-Dame et tout le monde est plus vigilant que jamais.
Une dizaine de jours est nécessaire pour les extérieurs. Tout n’était pas achevé ce matin, 1er décembre. Le sapin monumental a été terminé ce soir. Toute l’équipe est mobilisée pour effectuer les derniers ajustements de manière à accueillir dignement Mère et Père Noël en grande tenue à leur descente d’hélicoptère (sauf contre indications météorologiques) le 18 décembre.
Ce jour-là sera particulièrement festif puisque les enfants pourront se faire photographier sur les genoux de l’un ou de l’autre dans la salle des Trophées avant de repartir avec un petit cadeau.
En attendant je vous montre les illuminations qui embrasent la façade à la nuit tombée et qui sont visibles depuis la route, ce qui permet de réjouir tous les habitants et visiteurs du village. Mais rassurez-vous ce sont des leds basse consommation.
Suivez-moi ensuite d’abord dans les extérieurs où la gourmandise est à l’honneur, en poussant jusqu’au jardin de l’amour qui lui, n’est pas décoré spécifiquement. Par contre je n’ai pas photographié les boules démesurées du jardin bouquetier ni les autres jardins parce qu’ils ont fait l’objet de publications précédentes, qui sont toutes répertoriées en bas de cet article.
Nous irons après à l’intérieur du château où, je le précise de nouveau, j’ai tenu à montrer les pièces telles que vous pouvez les admirer en ce moment en privilégiant des axes de vue différents.
Les décorations y sont, comme celles de Pâques, supervisées par la marquise de Vibraye qui choisit chaque objet, privilégiant souvent la couleur rose qui est sa préférée. On remarquera cette année une série de personnages inspirés par Casse-Noisette.
Il sera temps alors de faire une halte gourmande pour un « petit » repas que vous pourrez commander à l’Orangerie qui, elle aussi, fait peau neuve. Vous constaterez sur la table une bouteille de vin AOC Cheverny.
Cette cuvée fera l’objet d’un article spécifique en vous donnant un accord mets-vins comme ke l’ai fait les jours derniers avec des crus alsaciens. Enfin je vous annonce un reportage à paraître dans les prochaines semaines sur un métier peu courant, indispensable à Cheverny, celui de « piqueux ».
Les photos sont spécialement légendées sans pour autant reprendre toutes les informations données dans les précédents articles que je vous incite à parcourir avant de vous rendre à Cheverny dont la visite est toujours une fête. La meilleure preuve est donnée par les chiffres : 400 000 visiteurs par an, sans aucune période creuse ni jour de relâche puisque le château est ouvert 365 jours par an.
D’autres nouveautés sont attendues pour le Printemps, avec le doublement du ruban des tulipes qui est déjà splendide dans sa configuration actuelle. Et sans doute d’autres actions en lien avec le centenaire de l’ouverture au public.
Visible depuis la route, la façade change de couleurs à la nuit tombée et le spectacle est fascinant.
Revenons en plein jour. Une fois la grille d’entrée franchie on découvre la maquette du château qui, après les courges d’Hallowwen est composée de boules de Noël qui scintillent la nuit.
Une calèche est à disposition des visiteurs pour se faire photographier.
Et le grand livre des recettes est ouvert à la page des Bredele de circonstances, ces spécialités alsaciennes de Noël dont des représentations géantes semblent courir le long de l’allée conduisant à la salle des Trophées.
Elle prend une allure traditionnelle et gourmande avec des figurines de bonhommes en pain d’épices (à ne pas croquer …), de coeurs et d’étoiles accrochés dans les arbres et même de chien car, vous le savez sans doute, cet animal occupe une place très importante à Cheverny.
Une partie des décorations de la Salle des Trophées, dans une gamme de roses comme l’aime la marquise de Vibraye.
Retournons sur nos pas pour revenir vers le château. Nous allons symboliquement traverser une couronne de l’Avent dont une partie de la décoration rend hommage à l’immense travail des jardiniers qui entretiennent les 6 jardins du domaine.
Sur le côté droit, un calendrier de l’Avent gigantesque a été installé de part et d’autre d’une crèche à laquelle la date du 24 a naturellement été attribuée.
Cheverny est majestueux, sans être immense. Avec 70 mètres de long, 10 de large (14 dans les ailes, sa superficie est celle de la galerie des Glaces de Versailles. La largeur du bâtiment, de seulement dix mètres, permet de bénéficier d’une lumière traversante. Le confort a été privilégié à la construction alors que Chambord, le château voisin, construit cent ans plus tôt, est lui très minéral. Ici les parquets, les boiseries, les tapisseries, le cuir et même les dimensions; tout est propice au confort. L’intérieur n’a jamais été rénové, mais il est entretenu tout le temps. Les parquets sont soigneusement cirés une fois par an. Et comme dans les palaces, on peigne les franges des tapis. Renaud Boyer, le régisseur, m’a expliqué que chacun se sent responsable de la propreté et qu’il n’est pas rare que lui-même «donne un coup de chiffon» si nécessaire. C’est une question de fierté. Le château doit toujours être irréprochable.
Jolie attention à l’égard des enfants pour qui on a prévu une table spéciale, juste à côté des grands, avec une décoration particulière.
Jetons encore un œil sur la tapisserie si belle de Jean Monier que Marie de Médicis avait sollicité pour décorer le Palais du Luxembourg, aujourd’hui le Sénat. Elle est en cuir tendu, façon cuir de Cordou et gaufré au blason de la famille. Il subsiste d’ailleurs un fer au cas où une restauration serait nécessaire.
Au bout du couloir une reproduction de la Joconde pourrait sembler anachronique si on ne savait pas que durant la Seconde guerre mondiale Cheverny a été réquisitionné par l’Etat pour entreposer le mobilier national et de multiples oeuvres d’art (qui ont ensuite été replacées).
La célèbre œuvre de Léonard de Vinci a été reproduite en briques Lego® pour la quatrième édition de la collaboration avec la marque créée en 1932 par le danois Ole Kirk Kristansen et dont le concept de briques à assembler était initialement en bois. Les salles du château accueillirent ainsi, de juin 2019 à juin 2020, de mystérieuses reproductions d’œuvres de la Renaissance italienne et française en briques en taille réelle. Les visiteurs ont pu admirer les répliques en briques colorées du célèbre buste d’Henri IV, du portrait de Jeanne d’Aragon de Raphaël, mais aussi de coffres, chaises et tables, dont les originaux sont présents dans l’enceinte du château.
C’est le marquis de Vibraye qui en eut l’idée, avec un double objectif, ludique et pédagogique. Le thème des Fables de La Fontaine avait laissé place à celui des romans et films policiers se déroulant dans des demeures historiques.
En sortant de la salle à manger on monte l’escalier qui, sans être monumental comme celui de Chambord ou à double révolution comme celui de Blois, demeure un des endroits préférés parce que j’aime retrouver l’armure qui a été dessinée par Hergé.
Et j’aime autant l’emprunter dans le sens de la montée que de la descente Des impressionnants bois proviennent d’un ancêtre de l’élan : le cervus megaceros. Les bois ont été retrouvés dans la glace au XIX ème siècle et ils furent offert aux propriétaires de l’époque qui les firent fixer à la hauteur correspondant à celle de la tête de l’animal.
Nous traversons à l’étage les appartements privés qui ont été occupés jusqu’en 1985.
On s’attardera sur le coffre qui faisait partie du mobilier de l’ancien château pendant la période de la Renaissance, réalisé entièrement en briques Lego® aura nécessité 180 heures de travail.
Sorte de forêt enchantée … (ci-dessus) et humour avec le sapin de l’alcoolique, présenté tête en bas (ci-dessous).
L’ancienne salle à manger des propriétaires est bleue ou verte mais sur la table les décorations sont en vrai chocolat, très tentantes.
On a envie de s’arrêter sur le moindre détail.
Tout est surprenant, même ce chien qui soudain s’anime sans impressionner son voisin Père Noël.
Le personnel n’a pas été oublié. Chacun a une boule décorée spécialement à son prénom.
Pas une pièce sans décoration. Et le moins qu’on puisse saluer est leur variété.
La salle d’armes accueille un imposant sapin
A sa gauche, une table et une chaise Renaissance, eux aussi en briques Lego® auront nécessité respectivement 12000 et 6200 pièces et 140 et 90 heures de construction.
Il ne faudrait pas pour autant oublier de regarder des pièces de collection, et bien sûr les tapisseries.
Les décorations ont été judicieusement choisies, comme ce buste revêtu d’un pourpoint placé à côté de Henri Herault, comte de Cheverny, constructeur du château.
Des figurines rappelant des soldants ou encore le personnage de Casse-noisettes sont disposées sur les meubles ou dans la cheminée.
On notera un coffre ancien, chinois, placé à l’extrémité du plateau de la cheminée, dans la chambre du roi.
Le lit, dans lequel dormit Henri IV, mais lorsqu’il était dans le vieux château, démoli depuis est orné de broderie de soie en fils d’or et d’argent de Perse (Ispahan).
Des scénettes décorent les lambris de Jean Monier, racontant l’histoire de Théagène et Chariclée qui fait pendant à celle de Persée et Andromède illustrant le plafond à caissons et le tableau au-dessus de la cheminée. Chaque image est encadrée du monogramme composé de deux C pour Comte de Cheverny.
On voit aussi près du plafond le H de Hurault avec le C de Cheverny. Mais curieusement ce monogramme est inversé pour une raison inconnue en bas, à droite, du dernier panneau dans son cartouche rouge.
A propos de monogramme, on remarquera en redescendant tout à l’heure, et la première fois, le monogramme HV, datant de 1625, à partir du moment où Louis XIII accorde le titre de marquis à Henri Hurault. a épousé en seconde noce Marguerite Gaillard de la Morinière. Le couple fait raser la forteresse et lance en 1625 la construction très rapide du château actuel … une merveille née de l'amour. Mais ce sera leur fille qui achèvera les décors intérieurs.
J’aime beaucoup le romantisme de ces rideaux de type brise bise joliment brodés. En voici un exemple visible au premier étage, et un second, au rez-de-chaussée.
La pièce la plus impressionnante d’une des expositions Lego est sans doute la maquette de la version fortifiée du château qui est sur le palier, fidèle à la version partiellement dessinée et datée de 1510. Les dimensions des œuvres originales ayant été respectées, l’ensemble a exigé 216 122 briques précisément et plus de 700 heures de travail.
Juste au-dessus se trouve un petit oratoire XIX° dans la chapelle. On redescend au rez-de-chaussée pour la suite de la visite.
Les lumières ne doivent pas faire oublier la présence dans le grand salon, de tableaux de Raphaël, du Titien et de Pierre Mignard, le peintre personnel de Louis XIV, qui a fait le si joli portrait (au-dessus de la cheminée) de la comtesse de Cheverny à 16 ans, par Pierre Mignard.
Traversons le bureau et poursuivons par la bibliothèque qui est riche de 3000 livres dont beaucoup sont aquarellés à la main.
Et, pièce suivante, admirons l’horloge Louis XV de 1740, dite le régulateur, donnant l’heure, le jour, la date et même les phases de la lune. En face, une commode style Boulle, donc Louis XIV, effectuée par son concurrent, Nicolas Sageot.
Il y aurait encore beaucoup à dire et à montrer. Je recommande la visite. Nous sortirons côté Orangerie pour aller jeter un œil dans l’immense paquet-cadeau qui étonne et dans lequel on peut entrer pour voir les photos d’archives, comme celle du mariage de Constance avec Charles-Antoine de Vibraye, posées comme des décorations sur un monumental gâteau … d’anniversaire.
Cheverny a été la première propriété privée ouverte au public, en 1922, ce qui permet de conserver la propriété, le personnel et la meute. Ce centenaire est dignement célébré.
Nous avions vu tout à l’heure l’immense sapin depuis les fenêtres du premier étage se parer des ultimes décorations. La grue est encore en action. Nous allons le voir de près et (re)visiter les jardins avec Sami, le chef jardinier. Au nombre de six, ils représentent un travail d’entretien considérable. Comme toujours à Cheverny les chiffres sont importants : le jardin sucré compte pas moins de 500 arbres fruitiers et au printemps prochain le ruban de tulipes sera doublé. Sans compter les 1500 hectares de parc et les 2500. hectares de forêt, et le vignoble qui devrait donner l’an prochain la première vraie vendange car celle de cette année a été réduite en raison de la grêle qui a fortement endommagé les raisins.
Je n’ai pas pris de nouvelles photos, préférant vous renvoyer sur les articles publiés à la belle saison. L’allée menant du jardin des Apprentis à l’Orangerie est surmontée d’une pergola en coque de bateau inversée, en hommage au capitaine Haddock puisque le château inspira Hergé. Il serait amusant de voir l’ensemble depuis le ciel, ce qui doit être réalisable avec un drône.
J’ai juste refait quelques clichés du Jardin de l’amour que je n’avais encore jamais vu que de loin. Et qui est émouvant tant les œuvres du sculpteur Gudmar Olovson, mécène Bo Hjelt, sont sensibles. Son prélude en est la meilleure preuve :
Ne serait-il pas temps de vous montrer les assiettes qui sont servies à Cheverny ? Le menu de Noël est à 38 € mais le premier plat est à 9 €.
Velouté de potimarron et sa Chantilly aux épices, gressin de parmesan. Il va de soi que les légumes ont été récoltés dans le jardin. J’en profite pour signaler que 1500 kilos de divers cucurbitacés ont été donnés aux restos du coeur juste avant l’hiver. Cet acte de générosité est désormais devenu un rituel.
Parmentier de canard, jus réduit et salade verte que l’on accompagnera d’un verre de vin blanc ou rouge … Cheverny, cela va sans dire.
Macaron glacé à la framboise et coulis exotique. Et si vous voulez y passer 48 heures sachez que des suites sont réserva les (voir article spécifique).
La grue a été rentrée. Le parc s’apprête à passer la nuit sans visiteurs. Avec juste la surveillance du regard du chien de chasse conçue par Michel Audiard en 2020. Il s’appelle, c’est une évidence … Amour …
La sculpture est un hommage à l’animal et aux traditions millénaires de la chasse. Réalisée en miniature en 2019, la pièce fut scannée et virtualisée et mise à la taille voulue de 3,50 mètres. Un maillage en fil d’acier a recouvert la surface puis supporté un grillage qui a été recouvert de cinq couches de toiles enduites de résine et posées en croisés. Puis une couche définitive d’enduit gélifié a été posée en 2020 pour garantir une pérennité dans le temps.
Précédentes publications sur Cheverny :
Découvrir Moulinsart au Château de Cheverny le 13 octobre 2021
Les jardins, le plan d’eau et le parc de Cheverny le 15 octobre 2021
Visite du Château le 18 octobre 2021
Une tulipe est baptisée Château de Cheverny le 7 avril 2022
L’appellation AOC Cheverny le 6 décembre 2022
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