Si vous décidez de passer Noël au Mexique essayez d’arriver le 16 décembre parce que dans ce pays les festivités commencent ce jour là et s’arrêteront 9 jours plus tard.
C’est la cinquième année que je passe la fin de l’année dans ce pays et j’ai déjà eu l’occasion de parler de plusieurs coutumes, notamment celle des posadas, consistant à se regrouper en famille entre amis ou même entre voisins chaque soir (jusqu’à Noël) pour commémorer la Nativité. On rejoue ainsi les voyages qu'effectuaient Joseph et Marie avant la naissance de Jésus. La moitié des convives reste à l’intérieur d’une maison tandis que les autres supplient de pouvoir rentrer. Les demandes sont faites en chansons et précèdent un repas convivial.
En fin de soirée les enfants tapent, les yeux bandés, avec un bâton sur la piñata, sorte d’énorme étoile à sept branches, autant que de péchés capitaux, pour faire exploser le papier mâché et libérer les friandises sur lesquelles ils se jettent.
Le Réveillon proprement dit a lieu le 24 décembre. On se souhaitera alors ¡Feliz Navidad! en s’embrassant et on chantera les chants traditionnels. Parfois le Père Noël, qui s’appelle Santa Claus (du fait de l’influence américaine) apporte des cadeaux dans la nuit. Mais le plus souvent il convient d’attendre le 6 janvier car dans les cultures hispanophones, les Rois Mages sont les plus importants et ce sont eux qui gâtent les enfants sages.
Contrairement à la France qui prolonge toujours les traditions quelques jours, pour les mexicains quand ce n’est plus l’heure, c’est plus l’heure. Ainsi la couronne des Rois sera proposée quelques jours avant le 6 janvier mais vous ne la trouverez plus les jours suivants dans les pâtisseries.
La plante traditionnelle par excellence n’est pas le houx mais la Noche Buena (littéralement Belle Nuit, qui est en fait un poinsettia) qui est absolument partout, même autour des crèches.
Des suspensions d’ampoules multicolores sont tendues entre les maisons et au-dessus des restaurants. Quant au sapin, il existe, il me semble toujours artificiel, garni souvent de fleurs en papier, et de guirlandes lumineuses. Il peut cohabiter sur les place des villages avec une crèche monumentale, comme ci-dessus à La Paz (Basse Californie) ou ci-dessous à Huasca de Ocampo (état de Hidalgo).
D’ailleurs la religion est totalement intégrée à la vie, sans aucune gêne, et sans qu’on reproche à qui que ce soit un manquement à la laïcité.
Ainsi les personnages de la Nativité sont intégrés en décembre dans le spectacle du ballet folklorique de Mexico (Ballet Folklorico) où personne ne s’étonne de voir les Rois Mages traverser la scène en effectuant leurs salutations en direction de Marie et de Joseph qui assistent à la majorité de la représentation avec leur nouveau-né dans les bras, et qui bien entendu saluent à la fin.
Depuis plus de 60 ans ce spectacle a pour spécificité de représenter les danses des cultures traditionnelles du pays, bien entendu par des artistes portant les costumes traditionnels mexicains de multiples régions (environ une soixantaine sont au répertoire). Il a été fondé par Amalia Hernandez en 1952 avec à l’origine seulement huit danseurs. Cette femme s'est consacrée à sauver les danses mexicaines traditionnelles qui avaient été perdues au fil du temps et a fait un effort pour améliorer leur qualité.
Le ballet s'est consolidé en 1959, lorsque le président Adolfo López Mateos a demandé à ce groupe de devenir l'un des ambassadeurs naturels du Mexique. Il a représenté le pays cette année-là aux Jeux panaméricains qui ont eu lieu à Chicago avec alors une cinquantaine de danseurs.
Il se produit depuis dans le monde entier. A Mexico il est basé au Palacio de Bellas Artes (Palais des Beaux-Arts) sauf à certaines occasions particulières, comme c’est le cas à Noël où il s’installe alors dans le cadre du Castillo de Chapultepec où je l’ai vu le 26 décembre.
En une soirée on passe en revue les diverses traditions des différentes populations mexicaines, aussi bien celles de l’ancien empire maya qui vivent encore dans la Péninsule du Yucatán que celles de la culture cow-boy issue de la culture espagnole sans oublier la pinata.
Le spectacle est reconnu mondialement pour sa qualité et son niveau d’exigence, récompensé par de nombreux prix dont le célèbre Tiffany Award à New York en 1992.
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