Je connaissais l’Hôtel des Académies et des Arts où j’avais passé quelques heures, d’une chambre à une autre, le temps d’une flânerie littéraire en compagnie d'auteurs de l’Ecole des loisirs. C’est un endroit que j’affectionne et où je dormirais volontiers … si je n’étais pas parisienne.C'est plus qu'un hôtel de 20 chambres car il est conçu aussi comme une galerie, un lieu d’exposition et un atelier pour artistes. Cette fois j’ai découvert les lieux transformés par l'artiste et designer française Laetitia Rouget qui avait investi le rez-de-chaussée pour en faire une maison de campagne chic, un peu bohème, humoristiquement subversive, éclatante de couleurs.
Etant arrivée un peu en avance j’ai pu apprécier encore davantage la créativité et l’énergie qui se dégagent de chacun des objets présentés. Leur capacité aussi à fusionner dans un décor qui existe préalablement.
Je m'attendais à une exposition d'artiste. C'est plus encore puisqu'on peut contempler, bien sûr, mais aussi acquérir l’objet qui nous aura tapé dans l’oeil. Tout est à vendre, et les prix sont très raisonnables. Voilà donc une adresse à explorer en cette période de fêtes de fin d'année pour faire plaisir à des amis, à la famille, voire à soi-même.
Les arts de la table occupent une place de choix, ce qui correspond très bien avec le cadre d'un hôtel comme celui-ci. La jeune femme adore faire sourire ses invités. Alors chaque assiette est porteuse d'un message. Et les verres ne sont pas en reste pour dégager une forme de romantisme moderne.
Pour ranger les couverts Laetitia Rouget a imaginé une série de nanas costaudes qui s'ouvrent astucieusement en deux.
On les retrouve, déclinées en objets décoratifs, un serpent autour du cou en guise de collier. Là encore une mention fait sourire : double trouble …
Elles se cachent aussi au pied d'un chandelier, quand celui-ci n'est pas inspiré par la nature pour répondre à des décorations textiles sur de longues tablées.
Quel que soit l'endroit où le regard se pose on est surpris par la spontanéité et les clins d'oeil à l'absurdité autant qu'à la beauté du quotidien. Cette artiste aime expérimenter les formes, les couleurs en leur donnant du sens.
Ses œuvres se veulent personnelles, joyeuses et un brin inattendues ; elles célèbrent l'imperfection et invitent au sourire.
Il ne fait pas de doute que Laetitia aime le rose, poudré, pastel, dragée, nude, saumon, corail et framboise également …
Nous avons discuté un moment ensemble. Laetitia était assise sur le canapé du salon. Un jeu d’échecs n’attendait qu'une main pour prendre vie sur la table basse. Elle m'a raconté avoir commencé son parcours créatif à Londres, où elle a étudié à Central Saint Martins. Elle a débuté par la création de mode, mais sa curiosité l’a rapidement menée au-delà du vêtement.
Au fil du temps, son travail s’est enrichi de gravures, de céramiques, de peintures, de verrerie, de textiles et bien d’autres médiums – chacun offrant une nouvelle façon d’exprimer ses idées, ses histoires et ses émotions. Elle est aujourd'hui installée à Lisbonne. Voilà pourquoi elle dédie cette exposition -qui relève quasiment de l'installation- à sa vie portugaise.
A la croisée de l'art et de l'artisanat, chaque œuvre traduit une émotion ancrée dans ce paysage dont elle explore le dialogue qui se construit entre matière et lumières, entre mémoire et territoires, composant un voyage sensible à travers son Portugal intime.
"A minha vida Portuguesa" est une lettre d'amour à ce pays qui l'a adoptée, inspirée et rendue accro à la sardine grillée (à tel point qu'elle lui dédie le tableau ci-dessus). Il ne faudrait pas cependant voir partout des occurrences. Ce n'est pas elle qui a tracé ce poisson au plafond.
Mais c'est bien elle qui a disposé ses oeuvres sur les étagères. Du moins celles du rez-de-chaussée-de-chaussée …
Laetitia a une façon bien à elle de célèbrer la beauté du quotidien qui l'entoure au Portugal entre céramiques, dessins, verre soufflé et autres folies artisanales : la forêt qui la surveille depuis son atelier, les couchers de soleil aux couleurs orangées, et les magnifiques rencontres qu'elle a pu y faire.
Cette exposition est une ode à la beauté imparfaite, à la flamboyante nature qui l'entoure et à la tendresse du quotidien portugais, en dégageant beaucoup d'amour.
Nous admirions aussi le foisonnement de verdure qui composait des ambiances qu'on aurait dit sur mesure, et pour cause, car elles avaient été imaginées par son amie Laura Olympia O'rorke (ci-dessus, à droite), qui est, entre autres, scénographe culinaire.
L’artiste a développé un langage visuel audacieux, coloré et immédiatement reconnaissable qui évoque aussi bien Matisse que Niki de Saint Phalle et même quelque chose de Magritte … ou de Picasso pour certains.
Son travail a été présenté dans des collections et des projets à travers le monde, où elle a eu la chance de collaborer avec des partenaires exceptionnels. Parmi ses collaborations passées on peut citer Selfridges, Harrods, The Invisible Collection, The Conran Shop, SSense, 10 Corso Como, Net-a-Porter, Moda Operandi, The Webster, The Frankie Shop, Harvey Nichols, Printemps, Anthropologie, et bien d'autres.
Que ce soit une pièce en céramique, une peinture ou une nouvelle collection, son objectif est toujours de créer une œuvre vivante, authentique et pleine de caractère. Je ne sais pas si elle dit vrai quand elle affirme porter chance mais ce qui est certain c'est qu'avec une personnalité comme la sienne les arts de la table prennent un coup de jeune.
Et je la retrouverai avec grand plaisir dans un mois à la prochaine édition de Maison & Objet où elle a une place légitime. Je fais le pari qu'elle aura d'ici là exploré de nouvelles techniques et idées et que je serai encore surprise.
L’Hôtel des Académies et des Arts accueille régulièrement des expositions d’artistes, par esprit de fidélité à l’histoire de l’Académie de la Grande Chaumière, fondée en 1904 par la suissesse Martha Stettler et reprise en 1957 par la famille Charpentier. Deux ateliers libres, l’un de peinture et de dessin l’autre de croquis, toujours d’après des modèles vivants, accueillent encore aujourd’hui des centaines d’artistes du monde entier.
L'hôtel est protecteur des arts et met en avant des oeuvres de jeunes artistes. Les voyageurs peuvent s’en porter acquéreurs. Le café atelier est un espace créatif ouvert à tous. C’est tout à la fois un bar accessible toute la journée qui réunit les hôtes de l’hôtel et les artistes du quartier, mais aussi un atelier où chacun peut venir s’essayer au croquis et à l’esquisse.
Situé entre Saint-Germain-des-Prés et Montparnasse, l’hôtel accueille tous les voyageurs curieux de vivre l’expérience germanopratine comme celle de s’initier aux Beaux-Arts. Et pour les plus audacieux, un petit tour parmi les étudiants de l’Académie située en face de l’hôtel est une invitation à s’essayer au dessin de nus. Un séjour artistique et culturel inoubliable …
Laetitia Rouget expose sa Vie portugaise à l’Hôtel des Académies et des Arts
15 Rue de la Grande Chaumière, 75006 Paris - Téléphone : 01 43 26 66 44
Jusqu'au 9 janvier 2026





































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