Léonie Bischoff, Jean-Luc Englebert, Moka, Charlotte Moundlic, Jérémy Pailler et Mathieu Sapin avaient donné un rendez-vous intrigant à l'hôtel des Académies et des Arts pour une flânerie littéraire et artistique, le 7 juin à partir de 18h.
C'est dans le hall puis dans une chambre d'hôtel, réaménagée pour l’occasion, qu'ils avaient invité un petit groupe de fidèles pour suivre une sorte de petit théâtre intime ou pour échanger à propos de leur prochain album.
Une rencontre collective poursuivait l’expérience dans le café atelier de l'hôtel, où performance dessinée et exposition d'originaux se sont tenues. Tout était orchestré avec talent et sensibilité par les équipes de l'Ecole des loisirs, de Kaléidoscope et de Rue de Sèvres qui sont leurs éditeurs.
Par exemple on découvrira à la rentrée de nouveaux albums d’Alex Sanders chez Loulou & Cie ainsi que Jeanne Boyer et Émile Jadoul. Rascal a imaginé un nouvel album conceptuel comme il excelle à le faire. Cette fois il traite le thème de la découpe. Anais Vaugelade va poursuivre les aventures de la famille Quichon. Catherine Valck publiera un album et un roman. Grosse colère sortira en version cinématographique le 12 octobre prochain.
Il y aura bien d'autres publications à la rentrée mais dans cet article je vais faire un focus sur celles dont j'ai pu avoir un aperçu. Pour commencer Jan le petit peintre, de Jean-Luc Englebert (à paraître le 14 septembre 2022) dans la collection Pastel, à partir de 5 ans.
Chaque matin, Jan se rend à l'atelier du maître de la peinture. Il est apprenti comme beaucoup d'enfants à cette époque. Jan veut devenir un grand peintre. Pour le moment, il ne peut que ranger et nettoyer. Alors il observe, il prépare son matériel et imite le maître. Un jour, une commande importante oblige Jan à se dépasser.
Le dessinateur belge nous accueille dans une chambre qu’on croirait être un atelier d’artiste. S’il travaille travaille surtout les pastels et les encres c’est une profusion d’outils qui sont là pour nous mettre dans l’ambiance de son prochain album qui offrira aux jeunes lecteurs une plongée dans le quotidien d’un artiste de la Renaissance.
C’est avec simplicité que Jean-Luc Englebert explique qu'il a abandonné de concevoir ses albums à l'ordinateur. Il raconte le cheminement qu’il a suivi et comment son personnage fera une erreur qui lui permettra de découvrir un nouveau bleu, le bleu dit de Prusse. les bleus étaient alors rares et chers. On aimerait pouvoir s’installer, lire l’album et lui poser des questions judicieuses mais il faut passer dans la chambre voisine.
Nous y attendent, façon de parler, parce qu’ils sont totalement absorbés par la lecture et l’illustration, Charlotte Moundlic et Jérémy Pailler dont l'album Tout seuls sortira le 7 septembre 2022, pour les enfants à partir de 6 ans.
Les parents de Polo, 7 ans, sont partis en vacances sur une île pour cinq jours. Le petit garçon reste seul à la maison. Il fera tout comme d’habitude avec sa soeur et son frère de 11 et 13 ans. Cinq jours devraient passer vite. Surtout si sa cousine adorée vient s’occuper d’eux. Mais Arianne tombera dans un escalier à son arrivée en gare de. Paris. Les parents seront injoignables. Le temps risque d’être long …
La tension narrative est croissante mais l'humour désamorce la panique des enfants quand leurs habitudes sont bousculées.
Après des débuts modestes chez Pomme d'Api, Charlotte Moundlic a travaillé chez Okapi, Bayard Éditions jeunesse puis Je Bouquine. En 2003, Flammarion lui confie la direction artistique du secteur jeunesse & Père Castor jusqu'à son arrivée dans le groupe École des loisirs en 2013 pour le lancement des Éditions Rue de Sèvres en tant que directrice artistique de l'ensemble du catalogue et éditrice de la partie jeunesse. En parallèle, elle exerce depuis 2005 une activité d'auteure jeunesse et a publié une trentaine de titres albums illustrés et romans chez différents éditeurs (Albin Michel, Thierry Magnier…).
Jérémy Pailler travaille sur des projets d’illustration allant du livre à l’affiche de film, en passant par des courts-métrages animés. Il publie plusieurs livres dont il est l’illustrateur, notamment La fougère et le bambou chez Kaléidoscope (le 7 septembre 2022) qui proposera aussi un nouvel Elmer.
Il y aura aussi Pour Lily, de Marie Desplechin, illustré par Olivier Balez qui traite des difficulté d’intégration d’un enfant dans un nouveau quartier et du harcèlement sous un angle inhabituel (à partir de 9 ans). Le même duo publiera aussi chez Neuf Le ciel de Samir, et Babyface, toujours sous l’intitulé Quartier sensible.
Nous sommes ensuite invités à nous installer dans la chambre de Moka, la soeur de Marie-Aude Murail, autrice elle aussi, née comme elle au Havre. Elle est diplômée de l'Université de Cambridge. Très jeune, elle connaît un grand succès avec son premier roman, Escalier C, dont elle écrit elle-même les dialogues pour le cinéma. Après quatre romans pour adultes sous son nom elle prend le pseudonyme de Moka et se consacre à la littérature pour la jeunesse. Elle a depuis la fin des années 80 publié plus de cent vingt livres et est traduite dans une quinzaine de langues.
Nous ne la verrons pas. Elle restera protégée par le rideau de toile de jute de la salle d'eau. Mais nous serons en immersion, dans la pénombre et la moiteur de cette chambre, éclairée de bougies, propice à l'atmosphère du livre, Fantôme sur mesure, Illustration d’Emanuel Polanco, à paraître le 21 septembre 2022 dans la collection Médium +, qui fera éprouver au lecteur (à partir de 13 ans) tous les mécanismes de la peur.
Aurore croit que le croquemitaine habite chez elle. Tina croit en beaucoup de choses mais ne jure que par son Harley Davidson. Rémi ne croit en rien sauf en la Gendarmerie Nationale. Matthieu croit que moins on en fait, mieux on se porte. Jonas croit en la valeur nutritionnelle des chips. Le fantôme, quant à lui, croit que tous ces gens-là sauront lui venir en aide. Souhaitez-lui bonne chance !
L'ambiance est radicalement différente dans la quatrième et dernière chambre. C'est avec surprise que j'écoute une comédienne lire un livre … qui n'est pas dut tou une nouveauté puisque je reconnais la couverture de Pas de baiser pour Maman du si regretté Tomi Ungerer, l'auteur fétiche de l'Ecole des loisirs, et auquel j'ai consacré plusieurs articles.
S'il y a quelque chose que Jo n'aime pas, c'est d'être embrassé par sa tendre mère - Madame Chattemite - surtout si c'est devant les copains. « Des baisers ! Toujours des baisers ! » hurle Jo. « Je les déteste, je n'en veux pas ! Des baisers pour dire bonjour, bonsoir et merci ! Des baisers humides et poisseux, toujours des baisers ! » Comment Madame Chattemite s'y prendra-t-elle désormais pour témoigner sa grande affection maternelle ?
Quelle riche idée d'avoir demandé à Mathieu Sapin de transposer cette histoire en BD pour Rue de Sèvres. Il promet d'être le plus fidèle possible au coup de crayon de Toi, lequel a écrit là une histoire très autobiographique, tout en apportant sa touche personnelle.
L'album sera disponible le le 12 octobre 2022 et existera aussi en version « reportage », genre dans lequel l'auteur excelle. je me souviens des cinq années qu'il passa avec Gérard Depardieu.
Enfin, au rez-de-chaussé nous pourrons apprécier l'univers de Léonie Bischoff dont La longue marche des dindes est attendu le 7 septembre 2022 en BD jeunesse chez Rue de Sèvres. Autrice du brillant Anaïs Nin Léonie est basée à Bruxelles. On dit qu'elle a toujours aimé passer son temps à lire et gribouiller, et qu'elle est bien contente d’avoir pu en faire son métier. Nous aussi.
Il était agréable ensuite de pouvoir discuter avec nos auteurs préférés … diversement occupés parfois à deviner, encore et toujours …
L' Hôtel des Académies et des Arts se trouve au 15 rue de la Grande Chaumière, 75006 Paris. C'est un hôtel de 20 grandes chambres poétiques et un atelier d’artiste doté d'un boutique-hôtel 4 étoiles.
L’immeuble appartient à l’histoire de la vie artistique de la Belle Epoque. Il a abrité les grands peintres Modigliani et Fujita. Il dispose d’un atelier ouvert à tous.où sont reçus des artistes le temps d’un accrochage ou d’une exposition.
Les chambres sont pensées comme des ateliers d’artiste avec leurs murs talochés à la chaux, la présence de bois et de toile de jute. Inspirées de la chambre de VanGogh, des clous en fer sont prévus pour accrocher les oeuvres (ou suspendre des vêtements) et des tablettes hautes pour poser des objets. Pour la moitié d’entre elles, les plafonds sont décorés de fresques, réalisées par l’artiste dessinateur Franck Lebraly. Il s’est inspiré des motifs chers aux cubistes et aux surréalistes avec des clins d’oeil à Picasso et Delaunay en les voulant propices au rêve de celui qui s'allonge sur le lit.
Quelques chambres sont dotées d'une petite terrasse. L'espace d'accueil fonctionne selon le principe participatif de l'Honesty bar : chacun note lui-même ses consommations. Le prix est évidement en conséquence.
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