Le timbre si particulier d’Atef avait séduit les jurés de The Voice. Ils s’étaient tous retournés sur sa reprise de Ils s'aiment.
Les mots qui unissent est (seulement) son second album. Il est dans les bacs depuis le 7 novembre 2025 et le moins qu'on puise dire est qu'il est très surprenant.
La première chanson m’a désarçonnée et j’ai bien failli ne pas écouter la suite. Je trouve, et c'est un avis personnel, que sa voix est plus belle quand il ne chante pas trop dans les aigus.
Je comprends l’intérêt de la performance mais ses qualités d’interprète s’expriment davantage quand il emploie une tessiture un peu plus basse. Ses reprises le démontrent. Son Hallelujah est sublime, faisant oublier la version de Léonard Cohen (1984) qui l’a pourtant écrite et créée (en 1984). Et plus encore il a proposé une version magnifique de Ils s'aiment qui avait fait se retourner les quatre juges de The voice All stars, lui permettant d'intégrer l'équipe de Garou et de poursuivre l'aventure jusqu'en demi-finale. D'ailleurs est-ce un hasard s'il l'a placée dans le nouvel album (piste 4) ?
Rappelons-nous le contexte de la naissance de la chanson de Leonard Cohen. Il disait avoir été inspiré par un désir d'affirmer sa foi dans la vie, pas de manière religieuse, mais avec enthousiasme et émotion. C’est tout à fait, me semble-t-il, ce que Atef cherche à démontrer dans son album. Et c’est touchant.
Il nous amène de titre en titre à partager l'humanité de son regard et sa volonté de défendre les droits des hommes (et des femmes), particulièrement au cours de leurs migrations forcées comme le raconte Le soleil se lève (piste 1) soutenu par un accompagnement musical d'une discrétion magique. Tout le monde aura compris ce qui se cache derrière Lampedusa, ville tristement célèbre depuis la tragédie de la nuit du 3 au 4 octobre 2013, qui a vu périr 368 réfugiés péri noyés après l'incendie d'un bateau.
Il a mis beaucoup de lui-même dans cet album vibrant et sincère, allant jusqu'à revendiquer une sincérité qui lui est reprochée comme de la naïveté. Il assume totalement sa position dans le titre Naif (piste 2), revendiquant un acte de résistance dans un monde qui valorise le cynisme. C’est une déclaration de résistance pacifique, plutôt douce, et une invitation à choisir la voie de l’authenticité et de la bienveillance, même si cela peut sembler "naïf" aux yeux du monde.
Il dénonce la violence administrative dans La file (piste 3). L'emploi de la syncope dans la partie musicale évoque le jazz et l'époque de la ségrégation. Dans la seconde partie, la voix parlée n'est pas sans rappeler les déboires dénoncés dans l'admirable film L'histoire de Souleymane, primé aux Césars.
Ils s'aiment (piste 4) offre presque une réponse aux deux chansons précédentes et apporte un moment de tendre pause.
So simple (piste 5) est interprété en anglais pour s'adresser cette fois à un enfant : I wish it was so simple / Some bright fairy tale : J'aimerais que ce soit si simple / Comme un compte de fée.
Moi j'y crois (piste 7) est porté par un côté blues très marqué, faisant penser à un negro spiritual bien que chanté en français.
Le titre suivant commence par de jolis accords de guitare. Marseille (piste 8) est une brève mais belle déclaration d'amour à cette ville d'adoption, promesse d'une nouvelle vie.
Retour à l'anglais avec I can't breathe (piste 9) qui s'achève dans un grand et long soupir accompagné par les violons.
Il a voulu adapter "O que tinha de ser" et cela devient Je le vois je le sens je le sais (piste 10) sur une musique qui m'évoque étrangement Avec le temps de Léo Ferré.
Enfin, sur la dernière, La famille (piste 11) c'est Louis Bertignac, qu'il connait de longue date depuis The Voice, et pour qui il a travaillé sur deux de ses albums, qui prend en charge les guitares, les basses et les percussions. Elle s'achève sur de joyeux cris d'enfants
Atef est né à Toulon dans le sud de la France mais il est d'origine turque et son nom signifie "ancêtre". Il est chanteur, auteur, compositeur et interprète, et c'est en 1997 que ce passionné est devenu professionnel. En 1999, il créa le groupe M'Source avec son frère Akram et sortit en 2014 de son premier album solo composé à Londres "Perfect Stranger" (Mercury).
Il a beaucoup voyagé et chanté pour des ONG internationales, et il va continuer. Chacun de ses retour s'est fait en revenant avec des cultures, des musiques, des langues, des chansons qui finissaient par devenir les siennes. Lorsque il s’intéresse à une culture, il en apprend la manière de chanter, et s’en imprègne. C’est sa principale source d’inspiration.
Il construit avec ce second album des ponts entre la chanson française et les musiques du monde en y plaçant des couleurs d'Afrique, d'Amérique du Sud, et d'ailleurs ... pour prôner l’espoir, l’amour et l’unité.
L'artiste a invité plusieurs musiciens dans cet album, notamment Louis Bertignac mais aussi Levon Minassian (maître du doudouk arménien) comme différentes pièces d’un puzzle universel. Je veux signaler aussi John Robertson avec qui Atef a co-écrit et co-composé plusieurs titres et dont on entend régulièrement les guitares. Et puis souvent Yul pour la programmation additionnelle.
Espérons que les rêves de liberté, la force de l’amour face au chaos, la quête intérieure de paix et de sens, mais aussi la ferveur d’une jeunesse qui croit encore au changement deviennent réalité.
Les mots qui unissent
Atef
Sortie le 7 novembre 2025 chez Song for you Production
Pour visionner le clip et pré-commander l’album : www.atefmusic.com/infosSortie le 7 novembre 2025 chez Song for you Production

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