Je déteste la publicité mensongère ou du moins insidieuse. Je livrerai donc mes propres secrets à défaut d'en avoir trouvé dans ce livre écrit par Martin Marceau et publié chez Nouvel Angle en 2010.
L'auteur s'est borné à une sorte de traité philosophique sous forme de conversation à l'instar du roman initiatique le Monde de Sophie, de Jostein Gaarder et paru au Seuil en 1991. On remarquera d'ailleurs la proximité des couvertures ...
Il reprend des citations célébrissimes, comme celle-ci de Socrate : Il n'y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas où il va.
En résumé son propos c'est de nous "révéler" que si nous avons un but et qu'on conjugue nos forces pour l'atteindre nous serons ipso facto heureux. Autrement dit : aide-toi le ciel t'aidera ! ce qu'on peut lire d'ailleurs en toutes lettres page 50.
Croit-il aussi nous apprendre que c'est en forgeant qu'on devient forgeron ? (page 36) Son secret, qui n'en est pas un, consiste à affirmer que c'est en étant heureux qu'on devient heureux. Comme si on ignorait qu'on ne prête qu'aux riches !
Encore heureux (pardon pour l'humour de bas étage) qu'il ne nous fasse pas le coup du verre à moitié vide.
J'ai, malgré tout, lu attentivement ce petit livre bleu qui n'a pas beaucoup malmené mon emploi du temps tant il est mince. J'ai été surprise par sa définition de la chance (p. 78) : avoir de la chance c'est recevoir dans une situation donnée, quelque chose de plus, de ce à quoi on a normalement droit.
Ne nous arrêtons pas sur la bizarrerie de la syntaxe, et sans polémiquer je me suis dit que si le bonheur était une chance on n'y avait pas "normalement" droit ... en suivant le raisonnement de Monsieur Marceau.
Je me suis souvenu d'un traité de Jean-Louis Servan-Schreiber sur l'Art du temps (chez Albin Michel), décryptant les attitudes néfastes et suggérant des comportements adaptés à la réduction du stress lié à des emplois du temps mal gérés. J'y avais puisé de précieux conseils.
Martin Marceau reste, lui, à un niveau abstrait. Comme il est facile de nous suggérer d'écouter nos rêves, de devenir charismatique (si c'était si simple on le serait tous) pour rayonner comme un soleil. A part entrer dans un monastère ou dans tout autre monde contemplatif je n'entrevois pas comment procéder concrètement. La seule recommandation un peu opérationnelle qu'il nous fait serait de sourire et même de rire pour (je cite) transmettre son bonheur. C'est un raisonnement en boucle fait par un Faucon Yaka.
Admettons que sourire sur commande soit relativement à la portée de tous, mais rire mériterait bien une leçon. Il faudra que je demande à des comédiens comment ils s'y prennent pour que leur rire sonne juste ... en attendant que ce soit inscrit dans les programmes scolaires.
Petits secrets de Bonheur est donc vite lu, vite expédié et j’ai pris le temps de chercher quelques pistes pour ne pas publier un billet pessimiste sur un tel sujet.
On peut poursuivre sur la voie contemplative en ouvrant Soufi mon amour dont j’ai récemment fait la critique. Ou aller au cinéma voir Another Year, ou les Petits mouchoirs.
On nous ressasse le même principe, dit avec d'autres mots (p. 13) : la capacité d’apprécier le présent, sans se laisser parasiter par des regrets du passé ou des craintes du futur, provoque un bien-être capable d’entrouvrir la porte du bonheur. Évacuer les pensées négatives est un conseil basique que j 'avais exposé il y a plus d'un an avec la technique du pas japonais.
Apprécier le présent est facile quand ce présent est agréable. Sinon il faudra anticiper un avenir et se réjouir à l'avance. Le rêve est un emprunt fait au bonheur (j'assume la formule tout en vous alertant sur les intérêts à payer en cas d'échec).
La fuite dans les tâches ménagères est un excellent palliatif à la morosité. D’une part parce qu’il est satisfaisant de voir un résultat positif quand on a le moral en déroute. D’autre part parce qu’il faut bien consacrer du temps au ménage et au rangement. Autant donc que cela profite au moral.
Tricoter est un dérivatif incroyablement efficace parce que la régularité du rythme des aiguilles évacue le stress, et ralentit la pensée tout en la structurant. Je n'ai pas le temps de développer ici mais croyez-moi sur parole, et faites votre propre expérience, ce qui ne coûtera pas grand chose.
Prendre le petit déjeuner au lit est une façon de démarrer agréablement la journée, surtout en semaine. Programmer son réveil beaucoup plus tôt que nécessaire permet de disposer d’une belle marge pour savourer café ou thé avec quelques tranches de brioche maison (j’ai publié des recettes faciles pour tous les gouts). Pour peu que vous ayez à portée de mains un (bon) livre une heure de lecture vous mettra de bonne humeur pour aborder la « vraie » journée de travail. Et le soir il suffit de ne pas veiller alors que vos yeux se ferment malgré vous. C’est une simple question d’organisation du temps.
Si on dîne seul(e) le principe du plateau repas est applicable au-delà du sandwich. Rien n’empêche de faire de belles présentations avec des plats qui ont mijoté plutôt que d’avaler n’importe quoi n’importe comment. Être heureux passe aussi par la satisfaction de besoins apparemment anodins.
Tout ce qui permet en quelque sorte de scénariser sa vie, est bon à explorer parce que c’est le moyen de se prendre en mains. Ceux qui ont conscience de chercher le bonheur vivent probablement un épisode dépressif. Le premier signe est l’absence de projets, ou du moins l’incapacité à se projeter dans l’avenir. C’est bien pourquoi la phrase de Socrate arrive comme une épingle dans le cœur. Comment savoir où l’on veut aller quand on n’a goût à rien.
Peut-être qu’en se fixant un premier objectif, même tout petit, même dérisoire, comme passer l’aspirateur ou aller chercher une baguette de pain serait une première étape ?
Je m’étais dispensée de lire le carnet personnel glissé dans la couverture. On nous y fait le coup de la bouteille à moitié pleine ou vide (comme quoi elle était bien là). Il se termine par "aujourd’hui est le premier jour du reste de ma vie". Magnifique promesse comme titre de film, plombant comme devise personnelle.
Livre chroniqué dans le cadre du partenariat avec Babelio.
L'auteur s'est borné à une sorte de traité philosophique sous forme de conversation à l'instar du roman initiatique le Monde de Sophie, de Jostein Gaarder et paru au Seuil en 1991. On remarquera d'ailleurs la proximité des couvertures ...
Il reprend des citations célébrissimes, comme celle-ci de Socrate : Il n'y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas où il va.
En résumé son propos c'est de nous "révéler" que si nous avons un but et qu'on conjugue nos forces pour l'atteindre nous serons ipso facto heureux. Autrement dit : aide-toi le ciel t'aidera ! ce qu'on peut lire d'ailleurs en toutes lettres page 50.
Croit-il aussi nous apprendre que c'est en forgeant qu'on devient forgeron ? (page 36) Son secret, qui n'en est pas un, consiste à affirmer que c'est en étant heureux qu'on devient heureux. Comme si on ignorait qu'on ne prête qu'aux riches !
Encore heureux (pardon pour l'humour de bas étage) qu'il ne nous fasse pas le coup du verre à moitié vide.
J'ai, malgré tout, lu attentivement ce petit livre bleu qui n'a pas beaucoup malmené mon emploi du temps tant il est mince. J'ai été surprise par sa définition de la chance (p. 78) : avoir de la chance c'est recevoir dans une situation donnée, quelque chose de plus, de ce à quoi on a normalement droit.
Ne nous arrêtons pas sur la bizarrerie de la syntaxe, et sans polémiquer je me suis dit que si le bonheur était une chance on n'y avait pas "normalement" droit ... en suivant le raisonnement de Monsieur Marceau.
Je me suis souvenu d'un traité de Jean-Louis Servan-Schreiber sur l'Art du temps (chez Albin Michel), décryptant les attitudes néfastes et suggérant des comportements adaptés à la réduction du stress lié à des emplois du temps mal gérés. J'y avais puisé de précieux conseils.
Martin Marceau reste, lui, à un niveau abstrait. Comme il est facile de nous suggérer d'écouter nos rêves, de devenir charismatique (si c'était si simple on le serait tous) pour rayonner comme un soleil. A part entrer dans un monastère ou dans tout autre monde contemplatif je n'entrevois pas comment procéder concrètement. La seule recommandation un peu opérationnelle qu'il nous fait serait de sourire et même de rire pour (je cite) transmettre son bonheur. C'est un raisonnement en boucle fait par un Faucon Yaka.
Admettons que sourire sur commande soit relativement à la portée de tous, mais rire mériterait bien une leçon. Il faudra que je demande à des comédiens comment ils s'y prennent pour que leur rire sonne juste ... en attendant que ce soit inscrit dans les programmes scolaires.
Petits secrets de Bonheur est donc vite lu, vite expédié et j’ai pris le temps de chercher quelques pistes pour ne pas publier un billet pessimiste sur un tel sujet.
On peut poursuivre sur la voie contemplative en ouvrant Soufi mon amour dont j’ai récemment fait la critique. Ou aller au cinéma voir Another Year, ou les Petits mouchoirs.
On nous ressasse le même principe, dit avec d'autres mots (p. 13) : la capacité d’apprécier le présent, sans se laisser parasiter par des regrets du passé ou des craintes du futur, provoque un bien-être capable d’entrouvrir la porte du bonheur. Évacuer les pensées négatives est un conseil basique que j 'avais exposé il y a plus d'un an avec la technique du pas japonais.
Apprécier le présent est facile quand ce présent est agréable. Sinon il faudra anticiper un avenir et se réjouir à l'avance. Le rêve est un emprunt fait au bonheur (j'assume la formule tout en vous alertant sur les intérêts à payer en cas d'échec).
La fuite dans les tâches ménagères est un excellent palliatif à la morosité. D’une part parce qu’il est satisfaisant de voir un résultat positif quand on a le moral en déroute. D’autre part parce qu’il faut bien consacrer du temps au ménage et au rangement. Autant donc que cela profite au moral.
Tricoter est un dérivatif incroyablement efficace parce que la régularité du rythme des aiguilles évacue le stress, et ralentit la pensée tout en la structurant. Je n'ai pas le temps de développer ici mais croyez-moi sur parole, et faites votre propre expérience, ce qui ne coûtera pas grand chose.
Prendre le petit déjeuner au lit est une façon de démarrer agréablement la journée, surtout en semaine. Programmer son réveil beaucoup plus tôt que nécessaire permet de disposer d’une belle marge pour savourer café ou thé avec quelques tranches de brioche maison (j’ai publié des recettes faciles pour tous les gouts). Pour peu que vous ayez à portée de mains un (bon) livre une heure de lecture vous mettra de bonne humeur pour aborder la « vraie » journée de travail. Et le soir il suffit de ne pas veiller alors que vos yeux se ferment malgré vous. C’est une simple question d’organisation du temps.
Si on dîne seul(e) le principe du plateau repas est applicable au-delà du sandwich. Rien n’empêche de faire de belles présentations avec des plats qui ont mijoté plutôt que d’avaler n’importe quoi n’importe comment. Être heureux passe aussi par la satisfaction de besoins apparemment anodins.
Tout ce qui permet en quelque sorte de scénariser sa vie, est bon à explorer parce que c’est le moyen de se prendre en mains. Ceux qui ont conscience de chercher le bonheur vivent probablement un épisode dépressif. Le premier signe est l’absence de projets, ou du moins l’incapacité à se projeter dans l’avenir. C’est bien pourquoi la phrase de Socrate arrive comme une épingle dans le cœur. Comment savoir où l’on veut aller quand on n’a goût à rien.
Peut-être qu’en se fixant un premier objectif, même tout petit, même dérisoire, comme passer l’aspirateur ou aller chercher une baguette de pain serait une première étape ?
Je m’étais dispensée de lire le carnet personnel glissé dans la couverture. On nous y fait le coup de la bouteille à moitié pleine ou vide (comme quoi elle était bien là). Il se termine par "aujourd’hui est le premier jour du reste de ma vie". Magnifique promesse comme titre de film, plombant comme devise personnelle.
Livre chroniqué dans le cadre du partenariat avec Babelio.
4 commentaires:
Il me semble que "le monde de Sophie" est déjà un plagiat ... et le suivant un autre !
Possible ... En tout cas, comme s'il y avait un hasard, je viens de recevoir 3 kifs par jour, le dernier livre de Florence Servan-Schreiber (la nièce de JJSS dont je parle dans ma critique, et qui me semble déjà nettement plus intéressant.
J'en parle dès que je l'ai lu.
Marie-Claire, tu lis beaucoup et avec bonheur (dans ton lit tôt le matin), tu fais des commentaires extraordinaires de concision, subtilité, empathie ou coup de griffe. Quand tu lis, prends-tu des notes au fur et à mesure, ou enregistres-tu tes réactions sur le vif, mets-tu des marque-pages ? Bref comment procèdes-tu pour nous "pondre" de pareilles analyses. Et que fais-tu pour les films et pièces de théâtre ? JoëlleM
Très joli compliment, qui me touche.
La réponse pourrait intéresser plusieurs lecteurs car on me pose souvent cette question.
Cela me donne un sujet pour écrire le désormais traditionnel billet d'anniversaire qui sera publié à la date du 13 février.
Enregistrer un commentaire