Je suis contente de pouvoir parler d'un spectacle qui n'est pas en bout de courses. Catherine Anne signe texte et mise en scène de la pièce qui a été créée l’an dernier et que l'on peut être heureux de voir reprendre.
Le ciel est pour tous s’annonce comme étant une fable moderne sur la question de la possible montée de l’intolérance religieuse. L’intérêt de la pièce est d’avoir focalisé l’action au sein d’une seule famille en proie à ses peurs et ses démons, pour mieux travailler le mystère de la foi et comment la religion surplombe le rapport au pouvoir. Ce qui nous est montré pourrait se passer aujourd’hui.
L'argument :
Une famille laïque : le père (origine musulmane), la mère (origine catholique), la fille et le fils, deux jeunes adultes d’une vingtaine d’années, et la sœur de la mère (résolument athée). Le père des deux femmes vient de mourir, les laissant orphelines. Contre toute attente, la mère décide d’organiser une cérémonie religieuse à l’église. Elle rencontre un curé. Réactions vives à l‘intérieur du groupe familial.
Dans le même temps, la fille entreprend d’écrire un texte inspiré par une erreur judiciaire . Son frère se moque d’elle, puis se dresse contre ce projet d’écriture.
Sujet réservé ? Sujet tabou ? Sujet masculin ?
Deux hommes, jumeaux, croisent le chemin des membres de cette famille …
Le ciel est très présent dans la scénographie avec des pendrillons peints qui tombent les uns après les autres. L’envoi d’un courant électrique dans les électro-aimants de fixation suffit à les décrocher définitivement, signifiant métaphoriquement qu’on ne reviendra jamais en arrière. Pourrait-on y voir une analogie strictement inverse avec le repentir qui, en peinture, permet de reprendre une toile et de la transformer ?
Ce qui est dit est dit. Le mal qui est fait est fait.
Catherine Anne place dans la bouche de ses personnages des réflexions qu’on pourrait s’approprier sans penser à mal :
Je crois Dieu une belle idée mal utilisée.
Par quel bout attraper le foutoir du monde (…) parfois j’envie ceux qui ont la foi.
Mourir viendra comme un allégement de peine.
Tu ne dois pas te mêler de religion.
Il y a dans la situation de départ quelque chose du film Devine qui vient dîner ce soir ? La fille va présenter son amoureux à sa famille et si, ici, la différence ne concerne pas la couleur de sa peau, le choc ne sera pas moins violent. De toutes façons il est vrai que rencontrer le père c’est toujours une épreuve.
Elle aborde aussi la difficulté de la condition féminine car si aujourd’hui tout est possible pour une femme dans notre pays comme l’affirme l’une d’elles cela reste : possible, pas facile. (…) Dans les écritures la femme est soumise à l’homme. Je ne suis pas soumise à Dieu : je ne crois pas qu’il existe.
Elle dénonce l’omnipotence de la télévision qui laboure les cerveaux pour planter de la pub dedans.
Elle écrit sans tabou, sans crainte de heurter les esprits, mais elle distille ce qu’il faut d’humour pour qu’on ne s’arrête pas à une basique leçon de morale sur la tolérance. On entend d’amusantes allitérations et de jolies formules comme : si je meurs, je me reposerai ; je suis fichée et je m’en fiche ; la rue ne bougera pas, la rue c’est moi ; est-ce qu’on ne pourrait pas vivre un tout petit peu tranquille en ce monde, nous n’avons que celui-ci ; Dieu est partout, pourquoi pas dans une église.
Le public rit, forcément. Mais il réfléchit aussi et ressent la lourdeur de l’atmosphère qu’on pourrait vivre si on revenait quelques années en arrière. J’étais probablement influencée par Henri IV que (j’avais vue récemment). Les guerres de religion qui semblent appartenir à l’histoire ancienne ne sont pas si lointaines.J’ai peur comme on a froid, sans réfléchir, résonne avec acuité.
Les saisons se suivent. Pour la dernière époque, qui se déroule dans un futur proche, on remarque que les couleurs des vêtements de la fille sont strictement inversées par rapport à celles de ceux du garçon. Chacun a son double. Chaque médaille son revers.
Le ciel est pour tous au Théâtre de l'Est Parisien, jusqu'au 19 février 2010
Du 15 au 28 janvier et du 9 au19 février à 19h30 les mardi jeudi et samedi, à 20h30 les mercredi et vendredi, à 15h les dimanche, représentation exceptionnelle le lundi 25 janvier à 20h30
159 avenue Gambetta, 75020 Paris, tél 01 43 64 80 80
Tournée fin février 2010 à Bayonne et Saint-Étienne.
Le texte de la pièce est publié aux Éditions Actes Sud Papiers.
Les photos qui ne sont pas mentionnées A bride abattue sont respectivement © Hervé Bellamy. De gauche à droite : Denis Ardant (Selim) Thierry Belnet (le curé)
© Agathe Poupeney. De gauche à droite : Jean-Baptiste Anoumon (Joël-Jonas), Denis Ardant (Selim), Fabienne Lucchetti (Hélène, la mère), Stéphanie Rongeot (Barbara), Marianne Téton (Lucie), Azize Kabouche (Abdel)
Le ciel est pour tous s’annonce comme étant une fable moderne sur la question de la possible montée de l’intolérance religieuse. L’intérêt de la pièce est d’avoir focalisé l’action au sein d’une seule famille en proie à ses peurs et ses démons, pour mieux travailler le mystère de la foi et comment la religion surplombe le rapport au pouvoir. Ce qui nous est montré pourrait se passer aujourd’hui.
L'argument :
Une famille laïque : le père (origine musulmane), la mère (origine catholique), la fille et le fils, deux jeunes adultes d’une vingtaine d’années, et la sœur de la mère (résolument athée). Le père des deux femmes vient de mourir, les laissant orphelines. Contre toute attente, la mère décide d’organiser une cérémonie religieuse à l’église. Elle rencontre un curé. Réactions vives à l‘intérieur du groupe familial.
Dans le même temps, la fille entreprend d’écrire un texte inspiré par une erreur judiciaire . Son frère se moque d’elle, puis se dresse contre ce projet d’écriture.
Sujet réservé ? Sujet tabou ? Sujet masculin ?
Deux hommes, jumeaux, croisent le chemin des membres de cette famille …
Le ciel est très présent dans la scénographie avec des pendrillons peints qui tombent les uns après les autres. L’envoi d’un courant électrique dans les électro-aimants de fixation suffit à les décrocher définitivement, signifiant métaphoriquement qu’on ne reviendra jamais en arrière. Pourrait-on y voir une analogie strictement inverse avec le repentir qui, en peinture, permet de reprendre une toile et de la transformer ?
Ce qui est dit est dit. Le mal qui est fait est fait.
Catherine Anne place dans la bouche de ses personnages des réflexions qu’on pourrait s’approprier sans penser à mal :
Je crois Dieu une belle idée mal utilisée.
Par quel bout attraper le foutoir du monde (…) parfois j’envie ceux qui ont la foi.
Mourir viendra comme un allégement de peine.
Tu ne dois pas te mêler de religion.
Il y a dans la situation de départ quelque chose du film Devine qui vient dîner ce soir ? La fille va présenter son amoureux à sa famille et si, ici, la différence ne concerne pas la couleur de sa peau, le choc ne sera pas moins violent. De toutes façons il est vrai que rencontrer le père c’est toujours une épreuve.
Elle aborde aussi la difficulté de la condition féminine car si aujourd’hui tout est possible pour une femme dans notre pays comme l’affirme l’une d’elles cela reste : possible, pas facile. (…) Dans les écritures la femme est soumise à l’homme. Je ne suis pas soumise à Dieu : je ne crois pas qu’il existe.
Elle dénonce l’omnipotence de la télévision qui laboure les cerveaux pour planter de la pub dedans.
Elle écrit sans tabou, sans crainte de heurter les esprits, mais elle distille ce qu’il faut d’humour pour qu’on ne s’arrête pas à une basique leçon de morale sur la tolérance. On entend d’amusantes allitérations et de jolies formules comme : si je meurs, je me reposerai ; je suis fichée et je m’en fiche ; la rue ne bougera pas, la rue c’est moi ; est-ce qu’on ne pourrait pas vivre un tout petit peu tranquille en ce monde, nous n’avons que celui-ci ; Dieu est partout, pourquoi pas dans une église.
Le public rit, forcément. Mais il réfléchit aussi et ressent la lourdeur de l’atmosphère qu’on pourrait vivre si on revenait quelques années en arrière. J’étais probablement influencée par Henri IV que (j’avais vue récemment). Les guerres de religion qui semblent appartenir à l’histoire ancienne ne sont pas si lointaines.J’ai peur comme on a froid, sans réfléchir, résonne avec acuité.
Les saisons se suivent. Pour la dernière époque, qui se déroule dans un futur proche, on remarque que les couleurs des vêtements de la fille sont strictement inversées par rapport à celles de ceux du garçon. Chacun a son double. Chaque médaille son revers.
Le ciel est pour tous au Théâtre de l'Est Parisien, jusqu'au 19 février 2010
Du 15 au 28 janvier et du 9 au19 février à 19h30 les mardi jeudi et samedi, à 20h30 les mercredi et vendredi, à 15h les dimanche, représentation exceptionnelle le lundi 25 janvier à 20h30
159 avenue Gambetta, 75020 Paris, tél 01 43 64 80 80
Tournée fin février 2010 à Bayonne et Saint-Étienne.
Le texte de la pièce est publié aux Éditions Actes Sud Papiers.
Les photos qui ne sont pas mentionnées A bride abattue sont respectivement © Hervé Bellamy. De gauche à droite : Denis Ardant (Selim) Thierry Belnet (le curé)
© Agathe Poupeney. De gauche à droite : Jean-Baptiste Anoumon (Joël-Jonas), Denis Ardant (Selim), Fabienne Lucchetti (Hélène, la mère), Stéphanie Rongeot (Barbara), Marianne Téton (Lucie), Azize Kabouche (Abdel)
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