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La publication des articles est conçue selon une alternance entre le culinaire et la culture où prennent place des critiques de spectacles, de films, de concerts, de livres et d’expositions … pour y défendre les valeurs liées au patrimoine et la création, sous toutes ses formes.

dimanche 2 décembre 2012

Les collectionneurs d'autographes du Salon du Livre de jeunesse de Montreuil


La foule se pressait samedi pour venir au 28ème Salon du Livre et de la Presse Jeunesse en Seine-Saint-Denis (93), dit plus simplement, le "Salon de Montreuil". Je me trouvais dedans.
  
L'équation est sans doute compliquée. Les stands sont le plus souvent tenus par des libraires et non comme le croient les visiteurs par les éditeurs eux-mêmes. Il s'ensuit une grande méprise : les fans, et ils sont majoritaires, viennent pour rencontrer leurs auteurs adorés et les vendeurs ronchonnent dès que les conversations se prolongent. Parce que ce qu'ils veulent c'est vendre, beaucoup et vite.

La frustration était palpable dans les rangs. J'ai rencontré un couple de grands-parents venus spécialement de Rodez ... pour obtenir une dédicace d'Olivier Douzou. Il faut le faire quand on sait que le Rouergue, dont il est le directeur artistique est installé dans le sud. Ces spécialistes de l'autographe avaient presque terminé leur parcours du combattant et obtenu un mot gentil sur chacun des livres dont ils s'étaient munis, achetés sur place ou apportés dans leurs valises. (Si on vient à Montreuil avec sa provision personnelle les libraires vont véritablement rager, sans admettre que ces ouvrages ont bien été achetés quelque part pourtant.)

Cela fait quinze ans que ce couple fait le déplacement. Les dédicaces sont les "étrennes" de leurs enfants et petits-enfants. Et toute la famille, enfants comme adultes, piaffe d'impatience jusqu'au premier janvier pur découvrir quel livre et quelle mention va leur être attribuée. Tout est soigneusement choisi.

Olivier Douzou, ils le connaissent bien et reprennent chaque année la conversation au point où ils l'ont arrêtée la fois dernière. Quand elle travaillait encore, cette dame venait même avec ses élèves. C'était au temps où les auteurs signaient le mercredi à Montreuil. Les libraires ont obtenu depuis de bloquer les dédicaces sur le samedi et le dimanche pour que les enfants viennent avec leurs parents, parce que ce sont eux qui tiennent les cordons de la bourse.

Je surveille la progression du stylo du dessinateur. C'est vrai qu'il apporte du soin à son dessin, puis à la formule qu'il va ajouter.
Pour les auteurs la frustration est forte aussi parce qu'ils adorent discuter avec leurs lecteurs qui, bien souvent leur en apprennent beaucoup sur eux-mêmes. La réflexion la plus récurrente est de les entendre dire : Ah je m'étais pas rendu compte que j'avais écrit cela.

Il y a un top ten des auteurs, classés par ordre de gentillesse et d'intérêt en matière de dédicace. Je vais avoir la délicatesse de ne pas dénoncer celui qui restreint l'exercice à une heure pile, qui arrive en retard, part en avance, travaille à la chaine en étant à peine aimable et qui a d'année en année la tête de plus en plus grosse à mesure qu'enfle son lectorat, surtout chez les parents.

Le "bon" dédicaceur doit dire bonjour, sourire, faire mine (au moins) de s'intéresser à plus qu'au prénom de la personne à qui le livre est destiné, écoute, re-sourit, pose au moins une question, écrit au moins une ligne qui, si elle est personnalisée (c'est-à-dire en rapport avec la micro-conversation qu'il vient d'avoir) placera l'heureux détenteur dans un état d'euphorie remarquablement visible. Cela encourage ceux qui patientent dans la file à  ne pas se lasser. Car forcément, sauf pour l'individu sus-visé, la longueur de la file est proportionnelle au temps passé avec l'artiste.
On est parfois contraint à des abandons, comme je l'ai fait avec Ilya Green qui bat tous les records. Elle découpe des morceaux de tissus, les colle, réfléchit à ce qu'elle va écrire, prend le temps qu'il faut pour que sa dédicace s'intègre si parfaitement à la première page qu'on la croirait conçue tel que à l'origine. Et quand Ilya signe un ouvrage avec un autre auteur elle peste si la "collègue" a bâclé le travail. Ce manque de respect la choque. L'an prochain je serai la première devant la table d'Ilya ! Elle vient d'illustrer le dernier livre-CD des éditions Didier jeunesse avec, comme toujours dans cette collection, une sélection très bien choisie. Cette fois ce sont des standards du jazz, magnifié par les magnifiques illustrations d'Ilya et un travail de traduction très réussi.
Il y a notamment un God bless the child de Billie Holiday qui est "raccord" avec le livre de Viktor Lazlo et le spectacle qui est un beau succès au Théâtre Rive Gauche dont je vous parlerai très vite.
J'ai observé la manière de faire de quelques-uns. Chez Kaléidoscope le papa d'Elmer oeuvrait sans perdre une miette de ce qui se passait autour de lui, levant le nez de son livre pour adresser un franc sourire aux objectifs.
Je suis sûre que la fidélité et l'amitié des auteurs comme David Mc Kee  fait chaud au coeur d'Isabel Finkenstaedt, la créatrice de cette maison d'édition particulière (lire la chronique que j'ai faite en mai dernier).
J'ai revu Emmanuelle Houdard, aux éditions Thierry Magnier, dont j'avais fait la connaissance au Livre sur la place à Nancy. Elle aussi ajoute un joli dessin original à chacun sans compter son temps. Et je remarque que beaucoup ont une façon bien singulière de tenir leur "outil scripteur" comme on dit maintenant à l'Education nationale ...
Chez le même éditeur, Antonin Louchard dédicaçait Tout un monde de gourmandise, un album réalisé avec Katie Couprie, laquelle était attendue au sous-sol pour participer à des discussions sur le thème de l'aventure dans le cadre de l'exposition 28°W.
J'y ai retrouvé Kitty Crowther qui a dessiné un lutin sur son dernier livre. Je vous présenterai cette exposition demain lundi et j'ai réservé Lutin veille pour le 6 décembre, histoire de fêter la Saint Nicolas avec un personnage suédois.

A l'Ecole des loisirs Audren affichait un sourire communicatif, avant de s'accorder une pause et d'enchainer sur une rencontre autour de la littérature jeunesse. 
Colas Gutman se hâtait de terminer sa pile malgré une faim manifestement irrépressible.
Alice de Poncheville était déjà installée à la table des discussions.
Malika Ferdjoukh a suivi les conversations avec malice.
Colas nous a révélé le contenu de son prochain livre. Je vous rendrai aussi bientôt compte de l'actualité de ces quatre auteurs passionnants. Une amie blogueuse elle aussi a relaté la soirée en reprenant leurs paroles, ce qui donne en quelque sorte le "son" qui manque à mes images.

4 commentaires:

Sophielit a dit…

On s'y croirait :)

Leiloona a dit…

Je viens du blog de Sophie, et c'est sympa de revivre cette soirée grâce à tes photos.

Marie-Claire Poirier a dit…

Merci. Sophie a écrit son billet après le mien et ils sont complémentaires. D'ailleurs cela me donne l'idée de modifier le mien en ajoutant le lien vers le sien.
Les quatre auteurs ont des personnalités très différentes et pourtant ils ne manquent pas de points communs.

Sophielit a dit…

Merci pour l'ajout du lien dans ton article ! (pas sûre que mon billet ait été écrit après le tien^^... mais mis en ligne après, ça oui !)

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