Souvenez-vous, c'était il y a quelques jours. Je n'avais pas osé ouvrir le roman en revenant de la remise du Prix Nouveau Talent remis par la Fondation Bouygues, en partenariat avec Métronews et les éditions Lattès à Clélie Avit, de crainte de passer la nuit à le lire puisqu'on m'avait prévenue que personne ne résistait à la qualité éditoriale.
Elsa n’a plus froid, plus faim, plus peur depuis qu’un accident de montagne l’a plongée dans le coma. Thibault a perdu toute confiance le jour où son frère a renversé deux jeunes filles en voiture. Un jour, Thibault pénètre par erreur dans la chambre d’Elsa et s’installe pour une sieste. Elle ne risque pas de le dénoncer, dans son état. Mais le silence est pesant, même face à quelqu’un dans le coma. Alors, le voilà qui se met à parler, sans attendre de réponse.
Ce qu’il ignore, c’est que pour Elsa, tout est fini, jamais elle ne se réveillera. Mais tandis que médecins, amis et famille baissent les bras, Thibault, lui, construit une relation avec Elsa. Est-il à ce point désespéré lui-même ? Ou a-t-il décelé chez elle ce que plus personne ne voit ?
Le livre s'est vendu très cher aux enchères avant même sa publication en France par 19 pays. Il a été traduit dans presque autant de langues. Hollywood "tourne autour". Un éditeur turc qualifie le roman d'époustouflant, métaphore de l'arc-en-ciel, rappelant le potentiel de l'amour à provoquer des miracles invisibles aux yeux de tous.
Je me méfie d'être trop enthousiaste dans mes jugements car je sais que cette belle énergie promotionnelle risque de provoquer un effet inverse. Abondance de compliments peut bloquer le lecteur qui estime que je lui vole sa liberté de penser.
C'est un peu ce qui m'a freinée à ouvrir le roman. Le sujet aussi, puisque j'avais quelqu'un de ma famille qui se trouvait dans une chambre d'hôpital, à vivre une situation semblable.
J'ai fini par surmonter mes appréhensions mais je referme le "roman phénomène qui a ému le monde entier" avec une certaine déception.
Ayant rencontré Clélie Avit je connais les intentions de cette jeune femme et elle me semble promise à un vrai avenir d'écrivain. Son calme face au succès annoncé plaide en sa faveur. Il paraît que ce que j'écris est universel. Pourtant je ne m'attendais pas à cela en abordant le thème si délicat de la fin de vie.
Il n'empêche que j'ai eu le sentiment (peut-être parce que je connais la genèse du roman) que tout avait été écrit dans une certaine urgence au détriment d'un style qui se cherche encore. On pourrait positiver et y voir une plume énergique.
L'histoire se veut morale, parfois même moralisatrice : tout le monde a un coeur, reste juste à savoir ce qu'on en fait (p.59). C'est une ode à l'amitié solide, à cet unique rempart efficient en cas de coup dur. Comme les personnages sont sympathiques avec leur tempérament ! Et c'est très judicieux d'avoir osé nous montrer un jeune homme qui ne craint pas de montrer et de vivre ses émotions. C'est rare. Comme on a envie aussi de détester le corps médical quand il prend des airs de supériorité pour décider de ce qui est bien ou mal pour un patient.
J'ai été confrontée à la suffisance d'un chef de service s'arrogeant le droit de suspendre un traitement sans qu'il y ait eu d'ailleurs d'acharnement thérapeutique préalable. C'est vrai que c'est révoltant et que cela mérite d'être pointé.
Mais il y a dans ce roman, qui est très dialogué, beaucoup de fiction, ce qui en atténue à mon sens la portée. Je ne pense pas que les réactions d'Elsa soient justes et cela m'a dérangée. Qu'elle n'ait pas perdu la notion du temps me semble improbable. On est loin, de mon point de vue, de la qualité d'un Scaphandre et le Papillon, pour citer un ouvrage comparable.
Il n'y a sans doute pas eu de travail éditorial, à proprement parler. La règle, dans le cadre du Prix Nouveau Talent doit être de publier en l'état. Et sans délai.
Les redites sont fréquentes. Les allusions à "ce-livre-dont-vous-êtes-le-héros" finissent par être vraiment répétitives et ce type d'humour un peu maladroit.
Il n'empêche que je salue le travail de Clélie qui témoigne d'un vrai sens du détail, car on se doute qu'elle n'a pas eu le loisir de faire une véritable enquête sur le sujet. Pour un premier roman, s'inscrivant dans la "commande" d'un concours, elle a parfaitement répondu à l'appel d'offres. Au sens propre comme au sens figuré puisque le défi consistait à traiter cette assertion de Marcel Pagnol : Tout le monde pensait que c'était impossible. Un imbécile est venu qui ne le savait pas, et qui l'a fait.
Bien entendu je ne me permettrais pas de traiter l'auteur d'imbécile, bien au contraire. Et je serai très attentive, et bienveillante à son prochain livre.
Je suis là, de Clélie Avit, Editions JC Lattès, en librairie depuis le 27 mai 2015
Le livre s'est vendu très cher aux enchères avant même sa publication en France par 19 pays. Il a été traduit dans presque autant de langues. Hollywood "tourne autour". Un éditeur turc qualifie le roman d'époustouflant, métaphore de l'arc-en-ciel, rappelant le potentiel de l'amour à provoquer des miracles invisibles aux yeux de tous.
Je me méfie d'être trop enthousiaste dans mes jugements car je sais que cette belle énergie promotionnelle risque de provoquer un effet inverse. Abondance de compliments peut bloquer le lecteur qui estime que je lui vole sa liberté de penser.
C'est un peu ce qui m'a freinée à ouvrir le roman. Le sujet aussi, puisque j'avais quelqu'un de ma famille qui se trouvait dans une chambre d'hôpital, à vivre une situation semblable.
J'ai fini par surmonter mes appréhensions mais je referme le "roman phénomène qui a ému le monde entier" avec une certaine déception.
Ayant rencontré Clélie Avit je connais les intentions de cette jeune femme et elle me semble promise à un vrai avenir d'écrivain. Son calme face au succès annoncé plaide en sa faveur. Il paraît que ce que j'écris est universel. Pourtant je ne m'attendais pas à cela en abordant le thème si délicat de la fin de vie.
Il n'empêche que j'ai eu le sentiment (peut-être parce que je connais la genèse du roman) que tout avait été écrit dans une certaine urgence au détriment d'un style qui se cherche encore. On pourrait positiver et y voir une plume énergique.
L'histoire se veut morale, parfois même moralisatrice : tout le monde a un coeur, reste juste à savoir ce qu'on en fait (p.59). C'est une ode à l'amitié solide, à cet unique rempart efficient en cas de coup dur. Comme les personnages sont sympathiques avec leur tempérament ! Et c'est très judicieux d'avoir osé nous montrer un jeune homme qui ne craint pas de montrer et de vivre ses émotions. C'est rare. Comme on a envie aussi de détester le corps médical quand il prend des airs de supériorité pour décider de ce qui est bien ou mal pour un patient.
J'ai été confrontée à la suffisance d'un chef de service s'arrogeant le droit de suspendre un traitement sans qu'il y ait eu d'ailleurs d'acharnement thérapeutique préalable. C'est vrai que c'est révoltant et que cela mérite d'être pointé.
Mais il y a dans ce roman, qui est très dialogué, beaucoup de fiction, ce qui en atténue à mon sens la portée. Je ne pense pas que les réactions d'Elsa soient justes et cela m'a dérangée. Qu'elle n'ait pas perdu la notion du temps me semble improbable. On est loin, de mon point de vue, de la qualité d'un Scaphandre et le Papillon, pour citer un ouvrage comparable.
Il n'y a sans doute pas eu de travail éditorial, à proprement parler. La règle, dans le cadre du Prix Nouveau Talent doit être de publier en l'état. Et sans délai.
Les redites sont fréquentes. Les allusions à "ce-livre-dont-vous-êtes-le-héros" finissent par être vraiment répétitives et ce type d'humour un peu maladroit.
Il n'empêche que je salue le travail de Clélie qui témoigne d'un vrai sens du détail, car on se doute qu'elle n'a pas eu le loisir de faire une véritable enquête sur le sujet. Pour un premier roman, s'inscrivant dans la "commande" d'un concours, elle a parfaitement répondu à l'appel d'offres. Au sens propre comme au sens figuré puisque le défi consistait à traiter cette assertion de Marcel Pagnol : Tout le monde pensait que c'était impossible. Un imbécile est venu qui ne le savait pas, et qui l'a fait.
Bien entendu je ne me permettrais pas de traiter l'auteur d'imbécile, bien au contraire. Et je serai très attentive, et bienveillante à son prochain livre.
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