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mercredi 22 mars 2017

Le songe d'une nuit d'été dans la mise en scène Lisa Wurmser

Encore un songe, mais la dramaturgie de Lisa Wurmser est si différente de ce que j'ai vu jusque là que je ne peux pas regretter un instant d'être venue la découvrir au Théâtre de la Tempête. Le traitement n'est pas conformiste et c'est heureux.

Elle a imaginé avec la complicité de la décoratrice Sophie Jacob une ambiance de cabaret qui est déclinée sans faille d'un bout à l'autre de la représentation, reprenant chaque code de l'art forain et du cirque en s'inspirant pour cela du petit cirque de Calder, peuplé d’automates et de petites marionnettes. Tout y est : la piste, les étoiles, les paillettes, le chapeau claque, la canne et le boa, les couleurs vives ... Ça roule, ça scintille, ça chante, ça "se produit".

Faut-il vous résumer l'histoire ? Hermia aime Lysandre, et refuse d’épouser le prétendant que son père lui destine, Démétrius, lui-même courtisé par Héléna. Les amants fuient dans la forêt. Parallèlement, des artisans répètent une pièce qu’ils joueront pour le mariage du duc d’Athènes avec la Reine des Amazones. Arrive le clair de lune, et tout ce petit monde se retrouve sous l'influence des fées et de leurs souverains, Titania et Obéron dont la querelle trouble la nature. 

Obéron demande à son génie, Puck - qui a le pouvoir de commander aux phénomènes naturels - de déposer un philtre d’amour sur les yeux des personnages. S’ensuit une série de méprises… jusqu'à ce qu'au petit matin, après 4 jours et 4 nuits de folie, Puck rétablisse la concorde entre les couples respectifs.
Le Songe d’une nuit d’été est la première grande comédie de Shakespeare. Son succès est sans doute lié au théâtre-dans-le-théâtre que Lise Wurmser a la bonne idée de faire se dérouler en miroir devant un castellet, avec la complicité du magicien Abdul Alafrez et de la marionnettiste Pascale Blaison. On se réjouit de voir combien Shakespeare est un illusionniste épris de merveilleux. S'il y a rêve c'est à travers la confusion des genres. La fin sera heureuse, à l'instar d'un carnaval, en clôturant un moment de folie dans une ambiance joyeuse.
Quel cirque ! Et le voilà qui se déploie sous nos yeux, avec des effets légitimes puisque Puck (Laurent Petitgand, qui composa pour Wim Wenders) interprète un magicien bien que Lisa l'ait voulu musicien.
Les acteurs sont funambules, acrobates, chanteurs, magiciens, slameurs, marionnettistes, mais qu'on ne s'y trompe pas, la légèreté apparente camoufle la profondeur et la réflexion.

Chaque scène est pensée comme un tableau, provoquant à chaque fois un étonnement nouveau. Les effets sont multiples, osés, mais sans qu'il n'y ait jamais surcharge ou vulgarité. On entend les jeux de mots voulus par l'auteur.
La mise en scène est périlleuse. Il fallait oser demander à Flore Lefebvre des Noëttes de se risquer à danser avec quelques plumes. L'actrice est aussi prodigieuse dans le rôle de la première fée que dans celui de Quince, d'habitude interprété par un homme, et elle fait très bien le mur aussi.

Chacun interprète plusieurs rôles et c'est une vraie surprise aux saluts de se rendre compte, par exemple, que le lion est aussi Démétrius (Adil Laboudi), sans compter quelques figurations par ci par là. Les dix comédiens jouent vingt-cinq rôles sans qu'on ne remarque beaucoup la supercherie.

Heureuse idée aussi d'avoir conservé les chansons en anglais. Ce songe est une réjouissance !

Le songe d'une nuit d'été de William Shakespeare
mise en scène Lisa Wurmser
texte français : Jean-Michel Deprats (éditions Folio Théâtre)
scénographie : Sophie Jacob
musique : Laurent Petitgand
magie : Abdul Alafrez
costumes : Marie Pawlotsky
chorégraphie : Gilles Nicolas
avec  John Arnold, Jade Fortineau, Léo Grange, Adil Laboudi, Flore Lefebvre des Noëttes, Christian Lucas, Marie Micla, Yoanna Marilleaud, Gilles Nicolas, et Laurent Petitgand.
Du 3 Mars au 2 Avril 2017
au Théâtre de la Tempête - salle Copi
du mardi au samedi à 20h30, le dimanche à 16h30
Route du Champ de Manoeuvre 75012 Paris

Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de Laurencine Lot ou de Agathe Poupeney

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