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vendredi 24 mars 2017

Voir peut-il rendre fou ? Aurélie Dubois répond à la question

Le 24Beaubourg présente la première rétrospective parisienne des œuvres anciennes et récentes d'Aurélie Dubois, rassemblant un grand ensemble de dessins ainsi que des vidéos.

Ce ne sont pas moins de 16 années de création qui ont été réunies par Paul Ardenne, écrivain et historien d’art, qui en a assuré le commissariat.

L’accent est mis sur le dessin, un étage entier de l’exposition lui est consacré. Photographies et installations complètent ce parcours.

L’exposition est aussi l’occasion de découvrir ses vidéos, telles que The Corridors, court métrage sélectionné pour le festival Côté Court en 2015, Traverse Vidéo en 2016, ainsi que son dernier court-métrage expérimental Amour écrit en fer.

L'artiste produit des corps humains, le sien et ceux des autres. Ses dessins sont d'une hyperintensité proche de l'animation, toujours là où on ne l'attendrait pas, soit dans un point de vue girly au final éloigné de sa personnalité, soit sous un angle assumé comme relevant de la pornographie. C'est par eux qu'elle s'est fait connaitre. Elle en a réalisé des centaines. J'ai eu la chance de la voir en action et c'est passionnant de suivre son trait de crayon, illustrant concrètement son credo, vivre c'est muter.
L’œuvre protéiforme d’Aurélie Dubois, alimente un appel à la résistance et à la vigilance, face aux diktats de notre société contemporaine et à ses tabous, justifiant qu'on la qualifie d'artiste de garde, selon une idée définie par le psychanalyste et écrivain Daniel Androvski en 2008. Il a constaté combien cette résistance habite ses créations, contrairement au principe qu’une œuvre d’art serait faite pour décorer plutôt que pour donner du sens ou révéler la nature des choses.
Une table ronde, intitulée "Corps intenses" a été programmée aujourd'hui avec ce psychanalyste dont la présence s'imposait tout comme celle de Paul Ardenne, Historien et Critique d’Art, et à laquelle participaient aussi le Docteur Jacques Ohana (Chirurgien Plasticien) et Orly Rezlan (Avocate).

L'artiste ne craint pas de se mettre elle-même en scène, nue, au naturel ou grimée, vivante ou comme morte. Le sexe est devenu la principale thématique d'Aurélie Dubois, dans toutes ses dimensions, y compris la transformation. Ce n'est pas un hasard si Julie Pomme, activiste trans a évoqué à la fin son histoire personnelle. Etait également présent l'acteur septuagénaire qu'elle affectionne, Huu Nghia Tran.

Outre les dessins, on pouvait voir Family Hammers qui a servi de support à l'affiche, trois marteaux qui m'évoquent les trois ours, Papa, Maman et Petit, ce qui d'une certaine façon me parait bien étrangement conformiste et au final misogyne puisque la mère est de taille inférieure au père.

Quoiqu'il en soit le marteau est un double symbole selon qu'il sert le maitre ou ceux qui n'ont pas l'heur d'être des maitres, explique-t-elle. Plusieurs photographies sont marquées du sceau de cet objet.
Situé près du Centre Pompidou, 24Beaubourg expose des artistes de tout horizon dans un espace de plus 280m². Il a pour vocation de devenir un tremplin pour la nouvelle génération, un lieu d’exposition pour des artistes confirmés ou encore une vitrine parisienne pour des galeries étrangères. La programmation, assurée aujourd’hui par Mijo Roussel, repose avant tout sur des rencontres  et des coups de cœur.

Voir peut-il rendre fou ? 
24Beaubourg
24, rue Beaubourg, 75003 Paris
Du 16 mars 2017 au 26 mars 2017

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