J'avais pensé ne pas écrire sur le spectacle. Mais les images se sont tellement incrustées dans mon cerveau que j'ai changé d'avis. Géraldine Martineau propose une expérience sensorielle et émotionnelle qui, d'un point de vue artistique est menée avec beaucoup de finesse et de cohérence d'un bout à l'autre de la pièce.
Elle s'est attelée à La mort de Tintagiles qui est un texte initiatique et métaphysique imaginé par Maurice Maeterlinck autour du combat entre l’amour et la mort. Cet auteur est sombre, c'est le moins qu'on puisse dire. le plateau est quasiment constamment plongé dans une nuit profonde On ressent pourtant une poésie élégante qui transcende le sujet.
Sylvain Dieuaide incarne un Tintagiles fragile mais combattif. Les deux soeurs (Ophélia Kolb, Agathe L’Huillier) lui donnent la réplique avec chacune leur sensibilité. J'ai été moins convaincue par la voix d'Evelyne Istria qui interprète un personnage masculin, Aglovale, mais cette soirée me poursuivra longtemps.
Il faut admettre qu'on est dans l'univers de conte, avec île, tour et château, sur lequel plane la figure du Destin : la reine toute puissante a fait revenir Tintagiles que ses sœurs, Ygraine et Bellangère, ainsi que le fidèle Aglovale, accueillent avec joie. Mais tous partagent le pressentiment qu’une menace pèse sur la vie de Tintagiles et que l’amour est la seule force qu’on peut opposer à la fatalité : "Mets tes petits bras là, tout autour de mon cou ; on ne pourra peut-être pas les dénouer."
Tout l'amour du monde n'y fera rien. Viendra la nuit où Tintagiles sera emmené… Ygraine le suit, mais ils sont désormais séparés l’un de l’autre par une porte infranchissable.
Suggérer l’indicible, éveiller le mystère, cristalliser le temps, donner du volume au silence, telle est l’ambition de ce théâtre à fleur d’âme, qui ouvre un champ de perception bouleversant, à la fois infime et infini, en suggérant les étranges tempêtes de l’inarticulé et de l’inexprimable.
La mort de Tintagiles de Maurice Maeterlinck
Mise en scène : Géraldine Martineau
avec Sylvain Dieuaide, Ophélia Kolb, Agathe L’Huillier, Evelyne Istria et les voix de Anne Benoit, Christiane Cohendy, Claude Degliame
Du 21 septembre au 22 Octobre 2017
Du mardi au samedi 20h30, dimanche 16h30
Au Théâtre de la Tempête, Cartoucherie,
Route du Champ de Manoeuvre, 75012 Paris
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