Ne suivez pas mon exemple. J'ai cherché à "rentabiliser" mon déplacement à la Cartoucherie et j'ai enchainé La Mort de Tintagiles avec La vie est un songe. C'était trop. D'abord parce que cette pièce est longue et qu'ensuite elle réclame une attention sans faille.
C'est une épopée métaphysique qui, forcément, nous amène à nous poser de multiples questions, ce qui en soit est très positif.
Sigismond, prince héritier de Pologne, vit au secret dans une tour depuis que le roi Basile a lu dans les astres que son fils le destituerait et livrerait le royaume à la violence. Au terme de son règne, Basile est devant une alternative : remettre la couronne à Astolphe et Étoile, ses neveu et nièce, ou donner une chance à son fils en le soumettant à une épreuve : on administre un narcotique au prisonnier, et le voilà transporté dans le palais royal où on le traite en prince. Mais Sigismond s’y comporte en véritable brute. A nouveau endormi, et renvoyé au cachot, on le persuade qu’il a vécu en songe. Mais une révolte éclate et le peuple, libérant Sigismond, le proclame son souverain. Maintenant chef de guerre, se laissera-t-il aller à sa fureur vengeresse ? De grands changements toutefois se sont produits en lui. Héritier légitime, victorieux sur lui-même, Sigismond rétablit l’ordre, pardonne à son père, et fait par la sagesse de ses décisions l’admiration de tous. Mais c’est l’amour, sous les traits de Rosaura, sa jumelle en infortune – abandonnée par son père Clothalde puis trompée par Astolphe – qui aura été le grand agent de sa métamorphose. Comme dans un conte, c’est par les plus invraisemblables péripéties et dans le feu des passions que la vérité vient au jour. Lucidité et pondération, justice et honneur, amour et liberté en sont les maîtres mots : Sigismond ou le Destin de l’homme.
Clotaldo, le vieillard, s'alarme dès le début de la pièce. Nous ne sommes qu'au premier jour et il s'interroge : Quel est ce confus labyrinthe où je me trouve perdu et où ma raison marche sans guide ?
Calderón a écrit en 1636 un déroulement sur trois jours, qui comportent chacun plusieurs scènes. Il donne comme indication de lieu "un site sauvage. Des montagnes. Une caverne" ... et la scénographie élaborée par Erwan Creff est fidèle à l'esprit quoique déroutante pour le spectateur qui ne sait pas à quelle époque on se situe ni à quel endroit ... imaginant plutôt ce qu'on appelle un théâtre d'opérations (militaires). C'est au final astucieux puisque cela permet d'asseoir l'universalité du propos. Cependant l'éclairage au néon peut déranger les yeux fragiles.
Si Calderón invoque des croyances liées à la superstition aux astres il n'est pas compliqué de les imaginer dans un contexte contemporain. Les rapports entre honneur, morale et politique n'ont besoin d'aucune transposition. L'actualité est frappante.
Clément Poirée (dont c'est la première mise en scène en tant que directeur de la Tempête) a travaillé avec un oeil quasi cinématographique tout en respectant la spécificité baroque de ce théâtre. Les péripéties s'enchainent dans la démesure. Il y aura plusieurs tempêtes, de la neige, des évocations de terres lointaines.
Ce que l'on voit est-il songe ou mensonge ? Le questionnement est plusieurs fois repris, par plusieurs personnages. Avec le double sens du mot songe qui peut être compris comme rêve ou comme prédiction. En fin de compte nous sommes interrogés sur le sens qu'on peut donner à une vie qui, parfois semble n'être qu'une illusion.
Comme le dit Sigismond lors de la deuxième journée :
– Qu’est-ce que la vie ? – Une fureur. Qu’est-ce que la vie ? – Une illusion, une ombre, une fiction, et le plus grand bien est peu de chose, car toute la vie est un songe et les songes mêmes ne sont que songes.
De multiples métaphores font osciller le spectacle entre conte métaphysique et fable politique. Clément Poirée a voulu signifier combien il fallait s'extirper de nos pulsions pour atteindre la civilisation. Les dialogues ont été écrits il y a plusieurs siècles mais ils continuent de résonner aujourd'hui alors que nous n'avons guère de barrières, dans quelque domaine que ce soit.
Les comédiens qui interprètent parfois plusieurs personnages sont pour beaucoup dans la prise de conscience du spectateur qui ressort troublé, se promettant de lire le texte parce qu'il n'a jamais fini de s'interroger ...
Ce que l'on voit est-il songe ou mensonge ? Le questionnement est plusieurs fois repris, par plusieurs personnages. Avec le double sens du mot songe qui peut être compris comme rêve ou comme prédiction. En fin de compte nous sommes interrogés sur le sens qu'on peut donner à une vie qui, parfois semble n'être qu'une illusion.
Comme le dit Sigismond lors de la deuxième journée :
– Qu’est-ce que la vie ? – Une fureur. Qu’est-ce que la vie ? – Une illusion, une ombre, une fiction, et le plus grand bien est peu de chose, car toute la vie est un songe et les songes mêmes ne sont que songes.
De multiples métaphores font osciller le spectacle entre conte métaphysique et fable politique. Clément Poirée a voulu signifier combien il fallait s'extirper de nos pulsions pour atteindre la civilisation. Les dialogues ont été écrits il y a plusieurs siècles mais ils continuent de résonner aujourd'hui alors que nous n'avons guère de barrières, dans quelque domaine que ce soit.
Les comédiens qui interprètent parfois plusieurs personnages sont pour beaucoup dans la prise de conscience du spectateur qui ressort troublé, se promettant de lire le texte parce qu'il n'a jamais fini de s'interroger ...
La vie est un songe de Calderón
Mise en scène : Clément Poirée
du 15 septembre au 22 Octobre 2017
du mardi au samedi 20h, dimanche 16h
avec John Arnold, Louise Coldefy, Thibaut Corrion, Pierre Duprat, Laurent Ménoret, Morgane Nairaud, Makita Samba, Henri de Vasselot
Scénographie d’Erwan Creff. Lumières de Kevin Briard. Costumes d’Hanna Sjödin. Musiques de Stéphanie Gibert. Maquillages de Pauline Bry.
au Théâtre de la Tempête, Cartoucherie,
Route du Champ de Manoeuvre
75012 Paris, 01.43.28.36.36
Crédit Photos : Antonia Bozzi
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