J'ai découvert La fille du van dans les extraits des ouvrages concourant pour le Prix Hors Concours 2018. La règle est simple : chaque membre du jury reçoit une compilation dans laquelle les éditeurs disposent de 3 pages pour faire figurer le morceau de son choix. L'espace correspondait aux deux premiers chapitres du livre de Ludovic Nivet et c'est le choix qu'avait fait son éditeur, Serge Safran.
Impossible pour moi d'en rester là. J'avais terriblement envie de connaitre la suite sans attendre ce qu'on appelle la rentrée. Et je suis partie en vacances avec l'ouvrage en format numérique pour passer une partie de l'été dans le sud avec Sonja, Sabine, Abbes et Pierre ...
On apprend à la toute fin (P. 203) par une note que ce personnage est librement inspiré de Pierre Quinon, premier champion olympique français de saut à la perche, le 8 août 1984 à Los Angeles, disparu parce qu'il l'avait décidé, le 18 août 2011. J'aurais beaucoup aimé le connaitre, précise-t-il.
Ludovic Ninet est né à Paris en 1976. Il a exercé le métier de journaliste pendant quinze ans. Il vit aujourd’hui en Vendée. La Fille du van est son premier roman et il trace sa route imperturbablement puisqu'il est déjà (entre autres) finaliste du Prix Méditerranée des Lycéens (PML). Les lycéens de la région Occitanie auront jusqu’à fin mars 2018 pour lire les ouvrages sélectionnés avant de voter.
Les jurés de Hors Concours se détermineront le 2 octobre prochain.
Sonja, jeune trentenaire à la chevelure rousse, fuit son passé militaire en Afghanistan et lutte contre ses cauchemars. Elle se déplace et dort dans un van, errant dans le sud de la France, et particulièrement sur les bords de l’étang de Thau, en enchaînant des petits boulots. Échouée à Mèze, dans l’Hérault, elle rencontre Pierre, quinquagénaire, ancien champion olympique de saut à la perche, homme aux rêves brisés. Puis se lie d’amitié avec Sabine qui la fait embaucher dans un supermarché, et Abbes, fils de harki au casier judiciaire bien rempli. Tous les quatre vont tenter, chacun et ensemble, de s’inventer de nouveaux horizons, un nouvel avenir.
Sonja m'a fait penser aux jeunes femmes de Voir du pays, le film de Delphine et Muriel Coulin que j'avais vu il y a deux ans. Elles revenaient d'Afghanistan et passaient quelques jours dans un club de vacances en guise de sas de décompression.
On ne sait pas si Sonja a "bénéficié" d'une telle aide (façon de parler car le film montre à quel point on ne se sort pas sans dommage d'un séjour dans un pays en guerre). Toujours est-il qu'elle est restée très traumatisée et que sans le recours aux médicaments elle ne pourrait pas dormir. Elle est devenue incapable de vivre une vie de famille et est désormais éloignée de son fils.
Pourtant la vie coule toujours entre ses veines, avec ses tumultes, ses espérances, sa folie aussi. Interrompue par les souvenirs parce que la guerre ne te lâche pas une fois que ton avion a décollé de la zone de combat. Elle te collera à la peau ad vitam aeternam. A quoi se fier quand on a perdu la foi ? L'amitié, l'amour, l'alcool ou les neuroleptiques auront-ils raison des cauchemars ?
Ludovic Nivet nous raconte ce qui peut arriver lorsqu'une fille comme elle rencontre un mec comme lui, ancien athlète de haut niveau, lui aussi en pleine reconversion, oscillant entre renaissance et nouveau plongeon.
C'est beau. C'est fort, porté par une écriture sans concession. Un premier roman qui en laisse augurer d'autres.
La fille du van de Ludovic Ninet, Serge safran éditeur, en librairie depuis le 17 août 2017
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire