De toutes les photos exposées au Pavillon Comtesse de Caen (fraichement rénové en 2019 avec une nouvelle scénographie généreusement offerte par Jean-Michel Vilmotte, membre de la section d'architecture de l'Académie des beaux-arts) j'ai retenu une photo de Charlotte Perriand (1903-1999), que je croyais être un strict choix personnel. Disons que j'ai bon goût puisque, ensuite, je l'ai vue partout.
Pareillement quand j'ai voulu prendre un cliché la représentant, et illustrant son énergie, sa liberté de pensée et d'agir ....voilà que je réalise que c'est la photo que l'on voit partout sur les réseaux sociaux pour rappeler que l'exposition qui lui est consacrée à la Fondation Vuitton va s'achever sous peu. Je ne le savais pas.
Alors qu'il reste quelques jours pour y découvrir Le monde nouveau de Charlotte Perriand, en termes d'architecture et de design plus qu'en tant que photographe c'est sous cet aspect que l'Institut de France a choisi d'honorer cette femme d'exception.
L’exposition présente 48 photographies sélectionnées dans le fonds photographique Charlotte Perriand géré par sa fille Pernette Perriand-Barsac et son gendre Jacques Barsac, dont beaucoup sont rarement montrées au public.
Le parcours est articulé autour des principales thématiques explorées photographiquement par l’artiste de 1927 à 1940 : le monde paysan, la montagne, et les objets naturels qu'elle-même, Fernand Léger et Pierre Jeanneret associaient à l'art brut. Comme par exemple le Bloc de glace dans la forêt de Fontainebleau immortalisé en 1935 et qui figure en tête de cet article.
C'est Lélia Wanick Salgado qui assure le commissariat de l'exposition et qui a sélectionné les prises de vue. Etant elle-même très impliquée dans les combats écologiques il est probable que son regard a été dirigé par son propre engagement. Quoiqu'il en soit on découvre grâce à elle une artiste qui s'intéressait à tout, et qui, comme me l'a confié sa fille, affirmait qu'il fallait voir la vie en éventail.
Alors qu'elle dessinait énormément la photo deviendra sa nouvelle passion et il est amusant de savoir le rôle que son premier mari, le négociant en tissus anglais Percy Kilner Scholefield, a joué en lui offrant son premier appareil photo. Sa fille n'aura pas à attendre longtemps pour recevoir un tel cadeau, l'année de son dixième anniversaire.
On admire dans ce Pavillon combien Charlotte Perriand avait l'oeil de l'architecte dans toutes ses compositions, y compris lorsqu'elle mettait en scène des anonymes ou des personnalités. On est époustouflé de voir comment elle photographiait la nature, et surtout la montagne. Il ne fait aucun doute qu'elle était une alpiniste chevronnée.
Ceux qui connaissent son travail pourront établir des liens entre les clichés pris en Extrême-Orient, et notamment au Japon, et nous regarderons d'un autre oeil une station de sports d’hiver, notamment celle des Arcs, à laquelle elle a consacré vingt ans de sa vie.
J'ai beaucoup aimé aussi le diaporama qui fait exister Charlotte sous nos yeux comme sujet. C'était à n'en point douter une femme libre, féministe, pionnière à bien des égards.
Charlotte Perriand, photographies
Exposition au Pavillon Comtesse de Caen
27 quai de Conti - 75006 Paris
Du 13 février au 22 mars 2020
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