En présentant l'ensemble du Prix des lecteurs d'Antony, le 30 novembre dernier, je disais de ce livre dont le titre, Le ciel par-dessus le toit, fait référence à un poème de Verlaine, qu'il dénouait les fils d’une histoire familiale un peu triste avec une écriture puissante et poétique. Je le referme en devant nuancer cette brève analyse.
"Sa mère et sa sœur savent que Loup dort en prison, même si le mot juste c’est maison d’arrêt mais qu’est-ce que ça peut faire les mots justes quand il y a des barreaux aux fenêtres, une porte en métal avec œilleton et toutes ces choses qui ne se trouvent qu’entre les murs.
Elles imaginent ce que c’est que de dormir en taule à dix-sept ans mais personne, vraiment, ne peut imaginer les soirs dans ces endroits-là."
Cet extrait qui est exactement celui que l'éditeur place sur la quatrième de couverture reflète assez bien mon ressenti de lectrice qui à chaque page croyait être entrée dans l'histoire et qui, au chapitre suivant, mesurait combien elle en était encore très éloignée.
Il est vrai que les phrases se posent délicatement sur le papier comme la lumière sur une forêt de givre. Je ne sais pas si c'est parce que le livre ne se déploie que sur une centaine de pages, ou parce que l'auteure a voulu juxtaposer (on ne les sent jamais former une famille) trop de personnages et surtout trop différents les uns des autres que je n'ai pas réussi à sortir la tête d'une sorte de brume. J'accepte la proposition de Natacha Appanah : Il faut se tenir immobile et regarder comment la vie nous joue des tours (p. 26). Mais alors je suis incapable de formuler un avis argumenté.
Outre l'allusion poétique justifiée par l'importance que le ciel prend tout au long du roman je me suis souvenu évidemment que Verlaine en avait écrit les vers, alors qu'il était en prison, condamné à 2 ans. J'ai relu la toute fin :
Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà,
De ta jeunesse ?
C'est un peu la question à laquelle chacun tente de répondre dans ce roman. Paloma (la soeur de Loup) s'interroge sur le moment qu'elle appelle "heure bleue" où "se mélangent tous les sentiments du soir, petits et grands, beaux et laids, fades et puissants" (p. 30), ce ciel présent dès le début du roman, ouvert, bleu et calme, que l'auteure nous dit à la fin être si bleu, par-dessus tout ça comme un mensonge (p. 109).
Alors ... la vérité ....
Le ciel par-dessus le toit de Natacha Appanah, Gallimard, en librairie depuis le 22 août 2019
Livres précédemment chroniqués :Joseph Ponthus, A la ligne
Alexis Ragougneau Opus 77
Line Papin, Les os des filles
Abir Mukherjee, L’attaque du Calcutta-Darjeeling
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