Je suis revenue aujourd’hui à Brouage, presque un an après, ce qui m’a donné l’occasion de prendre de nouvelles photos, en complément du précédent billet.
Pour ceux qui auraient du mal à situer l'endroit, c'est un petit village, classé 5ème plus beau village de France en 2017, situé proche de Marennes, en Charente Maritime.
La bourgade est ankylosée par le même calme, alors que l’épidémie de Covid s’estompe. Ce n’était donc pas l’explication de ce vide étonnant, un peu angoissant, à peine estompé par un soleil chaleureux qui invite tout de même à la promenade.
Je n’avais jamais entrepris de faire le tour des remparts que, d’habitude, on escalade du côté de la Forge royale.
Renforcés de huit bastions, chacun surmonté de trois échauguettes, leur périmètre est à peu près de 2 kilomètres, ce qui représente une jolie balade si on la prolonge par une marche dans les rues dont le plan parfaitement perpendiculaire témoigne d’une création somme toute récente.
En commençant par l’entrée opposée, je découvre la glacière et son toit pointu, couvert de bois et de roseau. Construite en 1688, puis restructurée en 1707, elle fut détruite, mais fort heureusement reconstruite à l’identique à partir de 1994 pour être remise en service en avril 2001.
Profonde de plus de quatre mètres, elle est semi-enterrée et son diamètre de 6m 40 pouvait assurer le stockage de 22 tonnes de glace qui étaient accumulées là en hiver.
Son emplacement, dans le bastion le mieux abrité des vents et de la pluie, et son ouverture plein nord, permettait de garantir la meilleure conservation des pains de glace qui étaient utilisés par l’hôpital, notamment pour les anesthésies, et par le gouverneur pour régaler ses invités. Au XVII° siècle c’était le comble du luxe de servir des entremets et des sorbets. Le duc de Richelieu ne s’en privait pas.
Il reste d'autres bâtiments pour rappeler la fonction militaire comme la poudrière Saint Luc, d'où partent l'été des défilés de reconstitution historiques.
Suivre les fortifications offre un spectacle permanent sur la campagne. Par beau temps on peut voir jusqu'à Oléron et Aix.
Chaque échauguette est amusante à visiter, et je me suis amusée à focaliser le regard sur les oiseaux qui se ravitaillent dans les eaux voisines.
On repense fugitivement à la détermination de Richelieu de lancer depuis cet endroit le siège de La Rochelle en 1628. La géographie a modifié le paysage mais la folie des hommes demeure.
Depuis le chemin de ronde, situé à 8 mètres de hauteur, on a la possibilité d’admirer le panorama sur une campagne encore trouée de marais salants.
Ce sont eux qui autrefois ont assuré la fortune de la région quand la petite ville était la capitale européenne du sel.
J’imagine qu’alors les rues n'étaient pas désertes comme c’est le cas maintenant, avec une agitation qui se limite à la période estivale. Aujourd’hui leurs solides pavés résonnent dans le silence.
Boutiques et restaurants sont presque tous fermés. Les maisons de ville (donc sans garage) sont presque romantiques, avec leurs volets peints de couleurs tendres.
Le musée du vélo est lui aussi en vacances.
La porte de l'église Saint-Pierre est ouverte. Construite elle aussi au XVII° siècle, sa nef dominée par une voûte en coq de bateau renversé est un hommage au passé portuaire de la bourgade.
Elle est aussi célèbre pour être devenue le Mémorial des origines de la Nouvelle-France en référence à Samuel de Champlain, né à Brouage et fondateur du Québec. J'avais décrit, dans l'article précédent, ses vitraux réalisés par l'artiste québécois Nicolas Sollogoub et offerts à la ville par le Canada.
Les mimosas sont déjà fanés dans les jardins voisins mais les griffes de sorcière ont commencé à exploser de rose vif. J’ai la surprise de voir même des cactus comme ceux qui poussent (et qui servent de légumes) au Mexique, les fameux "nopales" qui sont des Opuntias, dits encore raquettes parce que leurs feuilles sont ovales et aplaties.
A la sortie, la sculpture de bois dite du Loup et du Coq représente elle aussi l'alliance entre la France et le Québec.
Cet été les touristes reviendront et arpenteront de nouveau les fortifications qui devaient protéger la place de l’envahissement, sans que personne ne songe alors que le pire ennemi serait l’envasement …
De retour sur Oléron, dont les côtes sont -à l’inverse- rongées par l’érosion, je m’interroge sur l’évolution de ce paysage dans le siècle à venir.
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