Nancy était « la » ville à la page ce week-end.
On y célébré avec succès les trente ans du Livre sur la place.
C’est le premier Salon littéraire de la rentrée. Les écrivains sont heureux de tourner la page des vacances et de se retrouver entre eux. Didier Decoin vit tous les ans ce moment avec la même intensité. C’est comme un sapin de Noël m’a-t-il confié en prenant le train vendredi soir. Je n’imagine pas septembre sans venir à Nancy.
Les lecteurs sont loin de songer que la vie d’un écrivain se passe aussi dans le bruit à serrer des mains, écrire des dédicaces et écouter gentiment des inconnus leur parler d’eux-mêmes. Bientôt les « presque collègues » se lasseront un peu d’inscrire les horaires de train sur leurs agendas et de passer tous leurs week-ends au coude à coude. Jay Alis fait le compte : l’an dernier j’ai passé moins de temps avec ma famille qu’avec d’autres auteurs.
Mais pour l’heure c’est encore l’été et ce ne sont pas les averses de dimanche soir qui auraient pu gâcher les retrouvailles. Elles ont d’ailleurs été aussi soudaines que brèves, preuve modeste mais réelle, qu’Erik Orsenna a raison de nous alerter : les phénomènes climatiques seront de plus en plus violents et il n’y aura bientôt plus de climat tempéré comme on les a connus.
Le plan du Salon facilite les échanges. Tout est à portée de pieds pour tout le monde. On déambule d’une place à l’autre sans se soucier des voitures, comme à Venise, … les canaux en moins, ou plutôt les canaux plus loin puisqu’à quelques minutes de tram (qui ne déraille plus et qui était gratuit ce dimanche) on peut savourer les rives de la Meurthe ou découvrir l’Autre Canal, la Scène de musiques actuelles qui ouvrait vendredi dernier.
C’est que Nancy cumule les manifestations, provoquant l’essoufflement de quelques-uns qui interpellent les élus. Le calendrier des Journées du patrimoine est fixé au niveau européen. Celui de Livre sur la place obéit à la demande des éditeurs. D’où des télescopages sympathiques entre les groupes.
J’ai croisé des conférenciers racontant la ville et ses remparts de 16 mètres de haut, rabotés par la volonté de Louis XIV, des académiciens dévoilant une plaque commémorative rue des Carmes, un petit garçon faisant tourner une roue à aubes, une fillette grimpant les marches du Palais du Gouvernement avec inquiétude : tu crois papa que c’était un château de sorcières ? J’ai relevé des pronostics à propos « du » prix Goncourt mais je me tairai jusqu’au verdict.
Que vous dire de l’ambiance ? Ceux qui y étaient (130 000 visiteurs) approuveront : elle était détendue et propice aux échanges de points de vue. Erik Orsenna livrait ses coordonnées en prévenant qu’il était inutile de le chercher sur Meetic ou Facebook. A l’inverse, David Foenkinos, y donnait rendez-vous aux Nathalie. La langue de Bernard Pivot fourchait, changeant le prénom de Viviane Forrester en Virginia (Woolf) à l’issue de la remise du Goncourt de la biographie couronnant son magnifique travail sur cette femme de lettres anglaise.
Les larmes aussi furent de la partie. L’émotion faisait chanceler Michel Caffier, missionné par Jean Vautrin pour cueillir la Feuille d’or offerte par les métalliers lorrains en hommage pour son œuvre. Cet homme au talent immense, que la maladie freine à peine, continue d’écrire, et regarde passer les torrents de la vie au fond du jardin japonais qu’il a dessiné dans sa propriété bordelaise. Le lien avec la Lorraine ne faiblit pas et il a écrit dans une lettre magnifique combien ce prix le rendait heureux.
On y célébré avec succès les trente ans du Livre sur la place.
C’est le premier Salon littéraire de la rentrée. Les écrivains sont heureux de tourner la page des vacances et de se retrouver entre eux. Didier Decoin vit tous les ans ce moment avec la même intensité. C’est comme un sapin de Noël m’a-t-il confié en prenant le train vendredi soir. Je n’imagine pas septembre sans venir à Nancy.
Les lecteurs sont loin de songer que la vie d’un écrivain se passe aussi dans le bruit à serrer des mains, écrire des dédicaces et écouter gentiment des inconnus leur parler d’eux-mêmes. Bientôt les « presque collègues » se lasseront un peu d’inscrire les horaires de train sur leurs agendas et de passer tous leurs week-ends au coude à coude. Jay Alis fait le compte : l’an dernier j’ai passé moins de temps avec ma famille qu’avec d’autres auteurs.
Mais pour l’heure c’est encore l’été et ce ne sont pas les averses de dimanche soir qui auraient pu gâcher les retrouvailles. Elles ont d’ailleurs été aussi soudaines que brèves, preuve modeste mais réelle, qu’Erik Orsenna a raison de nous alerter : les phénomènes climatiques seront de plus en plus violents et il n’y aura bientôt plus de climat tempéré comme on les a connus.
Le plan du Salon facilite les échanges. Tout est à portée de pieds pour tout le monde. On déambule d’une place à l’autre sans se soucier des voitures, comme à Venise, … les canaux en moins, ou plutôt les canaux plus loin puisqu’à quelques minutes de tram (qui ne déraille plus et qui était gratuit ce dimanche) on peut savourer les rives de la Meurthe ou découvrir l’Autre Canal, la Scène de musiques actuelles qui ouvrait vendredi dernier.
C’est que Nancy cumule les manifestations, provoquant l’essoufflement de quelques-uns qui interpellent les élus. Le calendrier des Journées du patrimoine est fixé au niveau européen. Celui de Livre sur la place obéit à la demande des éditeurs. D’où des télescopages sympathiques entre les groupes.
J’ai croisé des conférenciers racontant la ville et ses remparts de 16 mètres de haut, rabotés par la volonté de Louis XIV, des académiciens dévoilant une plaque commémorative rue des Carmes, un petit garçon faisant tourner une roue à aubes, une fillette grimpant les marches du Palais du Gouvernement avec inquiétude : tu crois papa que c’était un château de sorcières ? J’ai relevé des pronostics à propos « du » prix Goncourt mais je me tairai jusqu’au verdict.
Que vous dire de l’ambiance ? Ceux qui y étaient (130 000 visiteurs) approuveront : elle était détendue et propice aux échanges de points de vue. Erik Orsenna livrait ses coordonnées en prévenant qu’il était inutile de le chercher sur Meetic ou Facebook. A l’inverse, David Foenkinos, y donnait rendez-vous aux Nathalie. La langue de Bernard Pivot fourchait, changeant le prénom de Viviane Forrester en Virginia (Woolf) à l’issue de la remise du Goncourt de la biographie couronnant son magnifique travail sur cette femme de lettres anglaise.
Les larmes aussi furent de la partie. L’émotion faisait chanceler Michel Caffier, missionné par Jean Vautrin pour cueillir la Feuille d’or offerte par les métalliers lorrains en hommage pour son œuvre. Cet homme au talent immense, que la maladie freine à peine, continue d’écrire, et regarde passer les torrents de la vie au fond du jardin japonais qu’il a dessiné dans sa propriété bordelaise. Le lien avec la Lorraine ne faiblit pas et il a écrit dans une lettre magnifique combien ce prix le rendait heureux.
La voix de Daniel Mesguich a résonné sous les ors de l’Hôtel de Ville, déclinant plusieurs tonalités humoristiques avec décalage, poésie, surréalisme. Le parterre a été conquis par le choix des textes, depuis Aragon à Kafka en passant par Borgès et Eric Chevillard.
Les artisans à l’honneur dans le numéro spécial du Point se croisaient au micro de Radio Bleue Sud Lorraine avec les écrivains et les éditeurs. Patrick Poivre d’Arvor se faisait un peu attendre, mais comment ne pas lui pardonner … traverser la place Stanislas le jour de son anniversaire prend forcément un certain temps.
Vous imaginez bien que ce n’est pas en quelques lignes et trois clichés que je pourrais tout dire du Livre sur la Place (l’abondance des majuscules plaira à François de Closets). Juste exprimer combien j’ai été heureuse de goûter le cru de cette année et d’y faire provision de belles rencontres que je relaterai dans les jours et semaines à venir.
En attendant vous pouvez consulter le site de la manifestation. Les lectures de Daniel Mesguich y sont écoutables en ligne avec une qualité de captation exceptionnelle.
Vous imaginez bien que ce n’est pas en quelques lignes et trois clichés que je pourrais tout dire du Livre sur la Place (l’abondance des majuscules plaira à François de Closets). Juste exprimer combien j’ai été heureuse de goûter le cru de cette année et d’y faire provision de belles rencontres que je relaterai dans les jours et semaines à venir.
En attendant vous pouvez consulter le site de la manifestation. Les lectures de Daniel Mesguich y sont écoutables en ligne avec une qualité de captation exceptionnelle.
1 commentaire:
Une ambiance que j'ai ressentie comme étant très ... feutrée avec autant de visiteurs, une vraie gageure !
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