Frank Tallis a imaginé un tandem entre un inspecteur de police, Oskar Rheinhardt, et un psychiatre, Max Liebermann pour démonter les pièges qui claquent à la tombée de la nuit dans cette bonne ville de Vienne en ce début de XX° siècle houleux.
Le livre est composé d'une belle matière qui aurait pu donner un chef d'œuvre. Hélas, autant le Journal météorologique (cf billet du vendredi 25 septembre) fut aérien autant ces Pièges du crépuscule resteront obscurs.
Ce n'est pas parce qu'on écrit qu'on est écrivain. Et ce n'est pas parce qu'on est psychologue (clinicien) qu'on peut produire un thriller. Le travail éditorial a manqué et le pavé nous arrive brut de décoffrage. L'objet est pantagruélique, très documenté, très savant, parfois redondant, quelquefois au contraire elliptique. Trouver ne serait-ce que le prénom de l'inspecteur au fil des 414 pages fut une enquête à elle seule.
Frank Tallis compose à la fois un traité explicatif des théories freudiennes, un livre d'histoire contemporaine, un recueil de spécialités culinaires, un panorama des arts et ... accessoirement une intrigue policière. C'est trop pour un seul lecteur. Manifestement cet auteur n'a pas encore intégré l'expérience de la frustration et ses personnages, à son image, ne résistent à aucune gourmandise.
Il faudrait avoir la vie devant soi, des stylos de plusieurs couleurs et une paire de ciseaux, s'atteler à l'ouvrage, réaménager, couper dans la surabondance des dialogues, élaguer les dissertions, sacrifier des personnages secondaires voire tertiaires, resserrer l'intrigue... Cela pourrait même faire un excellent film.
A sa décharge je dirais que cet ouvrage étant le quatrième de la série il s'adresse peut-être davantage à un lecteur déjà aguerri. Paradoxalement ce livre m'a fait réaliser combien j'avais délaissé la cuisine depuis quelque temps. Il m'a mise en appétit de galettes de pommes de terre, de massepain, de cornes de gazelle et de riz au lait, encore que j'hésite aussi avec une vraie choucroute. Il m'a donné envie de relire Schnitzler et Goethe, et de réécouter Shubert et Malhler, ce qui n'est déjà pas si mal.
En tout cas j'ai retenu la leçon : l'inconscient est plein de ressources et sans culpabilité. Je ne vais donc pas me mettre la rate au court-bouillon en refermant le livre.
Les pièges du crépuscule de Frank Tallis, collection Grands détectives, Editions 10/18, 2009
1 commentaire:
Moi aussi j'ai été un peu perdue face à la masse d'informations à assimiler, même si on apprend des choses ! (c'est surtout ce qui a trait à l'histoire des juifs qui m'a parue un peu trop érudit). Par contre, je vois que tu as été sensible aux évocations culinaires et psychanalytiques, notamment les pâtisseries !
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