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samedi 10 mai 2025

La ménagerie de verre mise en scène par Philippe Person

Ce n'est pas la première fois que je vois La ménagerie de verre, avec laquelle Tennessee Williams a connu, à trentre-quatre ans, une célébrité soudaine. En voici un exemple, mis en scène par Jacques Nichet.

Celle-ci a été pensée par Philippe Person, qui a distribué son actrice fétiche, Florence Le Corre dans le rôle d’Amanda, la maman solo dépassée par les évènements et campée sur ses rêves d’American Way of Life où le mariage est un passage obligé, quand bien même elle a raté le sien.

Le décor évoque une ville du Sud des États-unis dans les années 30, en reprenant les codes associés à l’auteur dont je crois reconnaître le portrait accroché sur le mur du fond même s’il nous sera désigné comme étant celui du père de famille. Il y a une machine à écrire, un gramophone, des vinyles, un vieux téléphone, plusieurs revues d’époque.
Malgré des scènes dans lesquelles il ne joue pas on comprend que le récit familial nous est raconté du point de vue du fils. Tom (Blaise Jouhannauds’échappe souvent pour fumer sur le balcon, et emprunte régulièrement la sortie de secours qui a été-très astucieusement- incluse dans la scénographie. Sa mère exprime ses craintes de le voir s’éloigner définitivement, à l’instar de son père et tente de contenir son angoisse dans une logorrhée parfois dérangeante.

Elle estime qu’il se rend trop souvent au cinéma : Tu es le seul jeune homme que je connaisse qui refuse de voir que le futur devient le présent, le présent le passé, et le passé l'objet de regrets éternels si on n'a pas su le prévoir !

Cependant, et c’est ce qui est réussi dans la construction de Tennessee Williams, chacun a du mal à accepter la réalité, pour diverses raisons. La mère et Jim (l’ami de Tom) parce qu’ils sont dans le déni, Tom parce qu’il pense ses rêves inatteignables, Laura parce qu’elle est hyper-romantique. Curieusement, malgré son autisme, c’est elle qui donne le la.

Chacun compose pour supporter le quotidien. Tom s’échappe au cinéma, Laura fait semblant d’aller à son cours de dactylo mais erre toute la journée dans la ville et collectionne les petits objet de verre (très joliment disposés au lointain sur un plateau qui semble suspendu dans le vide). Amanda lance des invitations à dîner. Jim s’est fiancé. L’équilibre est plus fragile que le verre et tout va voler en éclats.
D’abord pour des raisons financières car le budget de la famille est précaire, dépendant du salaire de Tom, employé dans un magasin de chaussures. Ensuite pour des raisons psychiques du fait de la combinaison entre l’hystérie de la mère et l’autisme de la fille. Le bris aura symboliquement lieu quand Jim casse malencontreusement la licorne préférée de Laura. La soirée prometteuse dérape mais curieusement ce sera positif pour Laura.

Il nous est permis d’espérer que chacun va pouvoir se libérer de l’emprise familiale et du passé pour suivre sa voie : On ne fera pas de miracle mais on sera à la hauteur.

Les trois jeunes comédiens sont tous issus de l’école du Lucernaire et avaient déjà joué sous la direction de Philippe Person et de Florence Le Corre. Bien se connaître doit sans doute participer à la cohésion du groupe. Le duo composé par Antoine Maabed (Jim) et Alice Serfati (Laura) est un des moments très forts de la pièce. 
La ménagerie de verre de Tennessee Williams
Mise en scène Philippe Person
Traduction Isabelle Famchon
Avec Florence le Corre, Alice Serfati, Blaise Jouhannaud et Antoine Maabed
Lumières et vidéo Tom Bouchardon
Du 26 mars au 1er juin 2025
Au Lucernaire - 53 rue Notre Dame des Champs - 75006 Paris
Du mardi au samedi à 21h, Dimanche à 17h30

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