Il était une fois un papa et une maman graphistes qui se marièrent et eurent beaucoup d'enfants, cinq exactement, tous graphistes. Laurence est un membre de cette tribu.
Beau début pour une histoire qui bifurque plusieurs fois.
Premier tournant avec l'illustration. Une passion qui prend racine le jour où son père lui offre une boite de crayons de couleur qu'elle trouve extraordinaires : " C'était magique. on ne voyait pas les traits de crayon".
La collaboration avec notamment une revue pour enfants (Blaireau, pour Gallimard jeunesse) sera fructueuse. Elle prendra plaisir à dessiner une multitude d'animaux. Mais aussi des visages qui seront exécutés de mémoire ou d'après photos. A illustrer également des recettes de cuisine en imaginant les bonnes odeurs qui se diffusent dans les cuisines des petits lecteurs.
Elle s'en souvient comme d'une succession de moments calmes, penchée sur la feuille.
Laurence Moussel imaginera aussi des affiches pour la ville d'Antony.
En 2003, nouveau tournant : elle inscrit sa fille dans un poney-club et ressent brusquement l'envie de remonter elle-même à cheval. Le moniteur dessine un peu. Leurs conversations seront partagées entre l'équitation et la peinture.
L'été suivant elle découvre une petite sardine échouée sur une plage de l'ile de Ré. Ce poisson de papier exerce une pression métaphorique. L'oeil de la graphiste y voit plusieurs signes. Laurence est fascinée par les arêtes qui se devinent sous les écailles. Le harpon n'est pas loin. Débordée par les taches ménagères et sa vie professionnelle, elle pense qu'il lui faudrait un mois de vacances pour se mettre à peindre elle aussi. Mais le 1er janvier 2005 elle démarre en s'octroyant juste un week-end pour tenter l'aventure. Est-ce de s'être tant retenue ... toujours est-il que les toiles sont couvertes au triple galop.
La peinture de Laurence Moussel est d'emblée "abstraite" mais explosive de couleurs. La reconnaissance institutionnelle est rapide : la Maison des Arts l'expose à Antony en septembre de la même année.
Quand on observe les tableaux dans l'ordre chronologique on est frappé par le cheminement conceptuel. Des traces nettes et parallèles évoquent les sillons des champs, puis les intempéries, et le flux des marées où forcément la petite sardine trouve sa place, ramenant doucement l'artiste sur la voie du figuratif.
Nouveau tournant en août 2007 provoqué par la visite du musée du quai Branly et le face-à-face avec des sculptures océaniennes ... de poissons.
Depuis, Laurence dessine au fusain et à la feuille d'or des poissons qu'elle ne cherche plus à retenir, et qui trouvent acquéreur à peine achevés. Alternativement blancs ou noirs, féroces ou attendrissants, lisses ou piquants, ils peuplent un univers prolifique qu'elle rêve d'exposer dans une galerie parisienne. En attendant, elle organise régulièrement des portes ouvertes dans son atelier.
Il reste encore des zones d'expériences nouvelles à explorer. Comme la sculpture qu'elle se promet de faire lorsqu'elle saura manier la scie et le fer à souder. On peut lui faire confiance : le travail en volume permettrait à cette artiste plutôt "carrée" de sortir du cadre.
Depuis 14 ans que je la connais je vois bien que Laurence Moussel n'est pas tout à fait la femme qu'elle semble être. C'est une sirène dont la métamorphose n'est pas achevée.
Atelier 27 rue Carnot, 92160 Antony, tel 01 74 71 55 30
Toute l'année vous pouvez passer. Particulièrement ce week-end de 11 à 19 heures. Il suffit de s'assurer de la présence de l'artiste. en téléphonant avant. Et en cas d'absence, consulter le site ... il est régulièrement mis à jour et vous y aurez un aperçu des œuvres de Laurence Moussel, même si c'est toujours plus beau "en vrai".
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