Comment ai-je pu passer si longtemps loin de Sylvie Germain ? Heureusement que ses Petites scènes capitales sont tombées dans mon escarcelle ... L'expression surprendra. Comme la (très belle) photo qui orne le bandeau de la couverture et qui évoque la liberté.
C'est l'image qui me vient à l'esprit en pensant à la petite fille se balançant, au début (p. 16-17) comme à la fin du roman (p.216) qui, clandestine, toujours tapie dans un recoin de son être refuse de déposer les armes, refuse de descendre de la balançoire lancée à la volée sous la voûte d'un marronnier en fleur criblée d'insectes et de flammèches de soleil.
C'est l'image qui me vient à l'esprit en pensant à la petite fille se balançant, au début (p. 16-17) comme à la fin du roman (p.216) qui, clandestine, toujours tapie dans un recoin de son être refuse de déposer les armes, refuse de descendre de la balançoire lancée à la volée sous la voûte d'un marronnier en fleur criblée d'insectes et de flammèches de soleil.
La question de l'identité est au coeur du livre. Une petite fille découvre, un jour de rentrée scolaire, que son premier prénom est Barbara. Jusque là on l'appelait Lili, Liliane si vous préférez. La situation est plus fréquente qu'on le croit. Quand la révélation a lieu en maternelle les adultes posent les mots qu'il faut. Plus tard ils n'en voient pas l'utilité ou n'en ont pas la force. Cela devient alors un fardeau à porter.
S'envoler pour s'échapper ...
Que Sylvie Germain ait donné ces deux prénoms à son personnage ne peut pas être anodin. Elle n'ignore sans doute pas l'enfance calamiteuse de l'artiste, qui s'appelait d'ailleurs Monique Andrée Serf. Qu'elle cite en italiques Rappelle-toi, Barbara, N'oublie pas ... et puis plus loin Et celui qui te serrait dans ses bras Amoureusement Est-il mort disparu ou bien encore vivant ... (p. 200) ne peut obéir au hasard.
On pense au poème de Prévert, chanté par Serge Regiani ... Ah Barbara, quelle connerie la guerre, cette pluie de fer, de feu, d'acier , de sang... Il pleut sur Brest.
On pense aussi au titre du documentaire d'Yves Riou réalisé en 2007 pour les dix ans de la mort de la "grande dame brune". Et puis encore à Lily, avec un Y, la chanson de Pierre Perret dont Barbara fit une interprétation très émouvante.
Multiplications et décompositions familiales se suivent, provoquant à chaque fois une métamorphose. Lili deviendra bel et bien Barbara.
Multiplications et décompositions familiales se suivent, provoquant à chaque fois une métamorphose. Lili deviendra bel et bien Barbara.
A la manière d'une noveliste, l'auteure met en pleine lumière des instants qui ont marqué une vie. Que retenir d'une trajectoire ... quelques moments dont le souvenir resurgit plus ou moins inopinément et qui, placés bout à bout, composent un livre qui se lirait presque comme un poème.
Petites scènes capitales de Sylvie Germain chez Albin Michel, ISBN 978 2226 249791, sortie en librairie le 22 août 2013
Le livre est en lice pour le Prix Goncourt.
1 commentaire:
J'aurais été ravie que ce roman soit récompensé par le Goncourt même si le livre retenu semble très intéressant également. C'est ma troisième lecture de Sylvie Germain et une fois de plus j'ai été conquise par son style !
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