La découverte d'un nouveau livre est toujours une émotion, surtout quand on peut la vivre en avant-première comme c'est le cas pour les ouvrages que je chronique ces jours-ci. Elle est davantage encore particulière quand il s'agit d'un premier roman.
Certes, Sophie Van der Linden n'est pas une novice. Elle publie depuis longtemps des ouvrages de référence sur la littérature pour la jeunesse, dont elle est une spécialiste reconnue.
La fabrique du monde est un livre très abouti, très bien construit autour du personnage très attachant de Mei, une jeune ouvrière de dix-sept ans dont l'usine est devenue son seul lieu de vie.
C'est une paysanne, partie à l'usine parce que son grand frère entrait à l'université. Quantité des plus négligeables, petite abeille laborieuse prise au piège de sa ruche. Enfermée là pour une éternité.
Nous sommes page 37 et nous pouvons encore croire qu'un prince charmant viendra délivrer l'héroïne comme dans les histoires où tout finit bien. Pourtant tout est dit, ou presque.
Tout ira bien, le temps nous aidera (p.119). Nos anciens prétendaient qu'à coeur vaillant rien d'impossible. Sophie Van der Linden apporte sa propre réponse. Elle nous livre un superbe portrait de femme, moderne et néanmoins romantique dans une Chine en pleine évolution, sans occulter l'aspect social des rapports de force entre les hommes et les femmes, ni les condition de travail en usine.
Je ne connais rien des motivations de l'auteure à avoir choisi pour cadre cet univers si particulier de la Chine contemporaine. Ai-je été influencée par la lecture de Balzac et la Petite Tailleuse chinoise, lui aussi un premier roman, de l'écrivain franco-chinois Dai Sijie, paru en 2000 aux éditions Gallimard dont l'action se situait au moment de la révolution culturelle (donc avant comparativement au roman de Sophie Van der Linden) ?
Je ne connais rien des motivations de l'auteure à avoir choisi pour cadre cet univers si particulier de la Chine contemporaine. Ai-je été influencée par la lecture de Balzac et la Petite Tailleuse chinoise, lui aussi un premier roman, de l'écrivain franco-chinois Dai Sijie, paru en 2000 aux éditions Gallimard dont l'action se situait au moment de la révolution culturelle (donc avant comparativement au roman de Sophie Van der Linden) ?
Ou par un des films chinois du festival Paysages de cinéastes qui a eu lieu l'an dernier, en particulier Last train home, de Lixin Fan, produit en 2009. Le film montre la difficulté pour les chinois originaires de provinces autres que celle dans laquelle ils travaillent d’obtenir des billets de train pendant la période du nouvel an chinois.
C'est, pour presque tous, le seul moment de l’année où ils vont quitter leur usine et rentrer quelques jours dans leur famille et le rituel se répétera toute leur vie. J'ai donc mesuré parfaitement l'importance de ce projet pour la jeune Mei.
Tout dans ce livre m'a semblé plausible. J'ai partagé le quotidien des ouvrières, leur dur labeur, les brimades, l'exaltation d'une rébellion, l'espoir d'un meilleur salaire, ... et puis les rancoeurs, les regrets, la colère, ... suivis des émois d'un amour inattendu auquel j'ai voulu croire.
La fabrique du monde de Sophie Van der Linden, chez Buchet-Chastel, sortie en librairie le 22 août 2013, code ISBN 978 2283 026472
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