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mardi 15 octobre 2013

Diana le film d'Oliver Hirschbiegel

Je me demande si on a vraiment parlé de ce film ... qui est un de mes coups de coeur du trimestre. Certes ce n’est pas un biopic exhaustif de la vie tourmentée de la princesse ultramédiatisée. C’est précisément là sa force.

Le réalisateur a mis un coup de projecteur sur un épisode méconnu. Il le fait avec tant de pudeur que je me suis surprise à douter. Et je l’avoue, j’ai vérifié les faits en sortant de la salle. La romance entre le médecin urgentiste et la belle semblait inventée de toutes pièces.

Les citations du poète persan du XIII° siècle, Rumi, sont magnifiques et universelles : l’amour est un jardin. N’y entre pas si tu ne peux pas sentir son parfum.

Evidemment il éclaire sous un autre angle la fin tragique de Diana qui, blessée par la séparation d’avec celui qui nous est présenté comme l’homme de sa vie, s’est jetée à corps perdu dans une spirale qui lui fut fatale.

Ce qui frappe dans le scénario c’est le vide sidéral dans lequel Diana évolue. Il est probable que son état dépressif (elle se mutilait les bras et les jambes) combiné à son anorexie (maladie sur laquelle le film ne s’appesantit pas) explique sa fascination pour l’univers hospitalier.

Le film nous montre une princesse humaine, drôle, attentive, juxtaposant des scènes que tout le monde avaient vu sur les écrans (Diana au chevet de malades, Diana se confessant au cours de la célèbre interview à la BBC le 20 novembre 95, Diana traversant un champ de mines en Angola...) avec des séquences insoupçonnées d’une femme cherchant à vivre normalement (Diana écoutant les cornichons de Nino Ferrer, Diana cuisinant des pâtes, Diana passant l’aspirateur ...).

On perçoit le rapport malsain de Diana avec la presse en général et les photographes en particulier, tantôt positif quand elle dénonce les mines antipersonnelles (les objectifs sont néanmoins braqués sur elle comme des armes), tantôt négatif (on la voit fuir les cameras en se protégeant par des sacs de grands couturiers), tantôt séducteur (elle appelle elle-même les paparazzi pour leur proposer des images «volées»).

On comprend aussi l’influence de quelques proches (son professeur de yoga, une de ses amies ...). Charles et la reine n’apparaissent pas. Je l’écrivais plus haut. Il ne s’agit pas de tout dire mais de dire ce qui ne l’a pas été jusque là.

C’est bien pourquoi le film s’achève avec un bref enregistrement du couple Diana-Dodi Al Fayed dans l’ascenseur du Ritz le 31 août 97 à 16 h 49 ... qui a été diffusé en boucle par les chaines du monde entier comme pour y décrypter l’indice qui manquait pour expliquer la catastrophe. X démontre que nous nous sommes trompés de pièce à conviction. L’essentiel a été occulté et s’était déroulé avant. Quant à la suite elle est si connue qu’il est inutile de revenir dessus.

L’interprétation de Naomi Watts est précise, parfois parfaite, parfois moins. Cette alternance accroit le doute. Elle est salutaire en nous rappelant que nous sommes face à une oeuvre de fiction et non en train de visionner par le judas une caméra cachée de la vie très privée d’une femme qui a été interdite de bonheur ... sur terre. Alors souhaitons qu'au paradis la dernière phrase du film se réalise ...

Quelque part, entre le Bien et le Mal il y a un jardin. Je vous y retrouverai.

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