J'avais déjà vu ces Fourberies de Scapin adaptées avec modernité par La Cie de L’Illustre Théâtre dirigée par Tigran Mekhitarian. Je qualifiais ce travail de déjanté et généreux. Il l'est toujours.
C'était à l'Epée de Bois il y a quelques mois. Le spectacle est maintenant installé au Théâtre 13 et il a bien muri. Le texte classique reste présent, avec les quelques petites coupes déjà remarquées, et revendiquées.
Par contre vous imaginez bien que quelques phrases sont venues renforcer le jeu, en s'appuyant sur des faits d'actualité. Comme la grande toile qui fait office de fond de décor où le mot Justice explose de couleurs vives à coté d'un coeur. Cette évocation à la fois au street-art et à des affaires de violences des forces de l'ordre contre des jeunes des cités est majeure dans le parti-pris des artistes.
C'était à l'Epée de Bois il y a quelques mois. Le spectacle est maintenant installé au Théâtre 13 et il a bien muri. Le texte classique reste présent, avec les quelques petites coupes déjà remarquées, et revendiquées.
Par contre vous imaginez bien que quelques phrases sont venues renforcer le jeu, en s'appuyant sur des faits d'actualité. Comme la grande toile qui fait office de fond de décor où le mot Justice explose de couleurs vives à coté d'un coeur. Cette évocation à la fois au street-art et à des affaires de violences des forces de l'ordre contre des jeunes des cités est majeure dans le parti-pris des artistes.
L’intrigue imaginée par Molière se situe aujourd’hui : un groupe de jeunes se retrouve confronté à un drame qui transformera chacun d’eux en la personne qu’il rêve de devenir. Parmi eux, un Scapin facétieux aidera ses compagnons à résoudre avec ruse et humour leurs intrigues amoureuses, tout en réglant ses propres comptes avec les pères et les maîtres tyranniques.
Le spectacle commence bien avant l'entrée des spectateurs mais je ne veux pas trop en dire. Arrivez en avance parce que une fois assis dans la salle vous profiterez d'une bonne musique, d'un rap un peu ancien mais qui devient intemporel. Comme Gravé dans la roche de Sniper ... qui date tout de même d'une quinzaine d'années...
Les comédiens tournent comme des ours en cage autour d'un empilement de palettes et d'un escabeau. On sent leur rage d'en découdre. Plus tard ils danseront sous une lumière stroboscopique. L'arrivée de Scapin jettera un froid : alors ... on fait une p'tite fête et on m'invite pas !
Scapin se présente comme valet expert en fourberie, et il va démontrer son art en ayant recours à la parole autant qu'au geste. Mais avant cela il se fera supplier : J’ai fait de grands serments de ne me mêler plus du monde ; mais si vous m’en priez bien fort tous deux, peut-être...
Cette réplique est de Molière mais les dialogues sont ensuite dépoussiérés. Le père est le daron (sans surprise) et on surprend au vol des petits hommages, à des artistes contemporains (Reviens bébé fait penser à Formidable de Stromae, le coup de soleil à Richard Cocciante) et des allusions à des événements récents (balance ton porc).
Le discours sur l'éducation (Acte II-Scène 1) est un petit bijou et le regard qui tue est magnifiquement interprété par Samuel Yagoubi (Octave) qui est plus que drôlissime. C'est injuste de ne pas les citer tous. Je vais me faire des ennemis parmi ces assoiffés de justice mais tant pis.
On oublie leur âge (qui n'est pas tout à fait celui d'Argante et de Géronte), la contemporanéité des costumes (dont on appréciera au passage l'harmonie en rouge-blanc et noir) et on se laisse aller à gouter la performance.
On aime tout. Le texte qu'on voudrait relire ensuite pour en goûter les amendements, la musique, qu'elle soit slamée a capella en direct ou qu'elle soit un clin d'oeil à la soit-disant vraie musique comme Ces gens-là du grand Jacques Brel.
Rassurez-vous, la soirée sera formidable. On présente ces Fourberies comme urbaines et déjantées mais ce n'est aucunement une galère ... que diable !
Le texte original a été conservé, mais des liens nouveaux entre certains personnages ont été tissés : amours assumées ou inavouées, liens de parenté, trahisons et passés douloureux viennent renforcer l’intrigue initiale de Molière. Des créations musicales et instrumentales originales, agrémentées de transitions improvisées où le langage est totalement contemporain, quelques notes urbaines avec un peu de rap et un squat en guise de décor inscrivent définitivement ce Scapin dans la France d’aujourd’hui.
Un jeune voyou habitué à vivre avec sa solitude mettra sa liberté et son intégrité physique en jeu pour l'amour de l’humanité. Scapin (Sébastien Gorki) aidera ses amis à résoudre avec ruse et humour leurs intrigues amoureuses tout en réglant les comptes avec les pères et maîtres tyranniques. Rendre service à une jeunesse appartenant à une classe sociale au-dessus de la sienne dans l’espoir d’y accéder. Sera-t-il remercié ou abandonné ? Les masques tomberont, fini de mitonner. Le spectacle s'achèvera sur le mot ingratitude ... nous faisant réfléchir aux sens profond de ce qu'on croyait être une comédie.
Je me répète : Il faut aller les voir sans tarder parce que dans 10-15 ans ils n'auront plus le même âge. Ils feront encore du théâtre, mais ils le feront autrement. Pour l'heure le message le plus essentiel est de faire un théâtre qui ne soit pas élitiste et qui parle aux gens efficacement, cultivés ou non, immigrés ou français de souche, libres ou détenus ... Surtout tous ceux qui ne vont pas (ou plus) au théâtre.
Le spectacle commence bien avant l'entrée des spectateurs mais je ne veux pas trop en dire. Arrivez en avance parce que une fois assis dans la salle vous profiterez d'une bonne musique, d'un rap un peu ancien mais qui devient intemporel. Comme Gravé dans la roche de Sniper ... qui date tout de même d'une quinzaine d'années...
Les comédiens tournent comme des ours en cage autour d'un empilement de palettes et d'un escabeau. On sent leur rage d'en découdre. Plus tard ils danseront sous une lumière stroboscopique. L'arrivée de Scapin jettera un froid : alors ... on fait une p'tite fête et on m'invite pas !
Scapin se présente comme valet expert en fourberie, et il va démontrer son art en ayant recours à la parole autant qu'au geste. Mais avant cela il se fera supplier : J’ai fait de grands serments de ne me mêler plus du monde ; mais si vous m’en priez bien fort tous deux, peut-être...
Cette réplique est de Molière mais les dialogues sont ensuite dépoussiérés. Le père est le daron (sans surprise) et on surprend au vol des petits hommages, à des artistes contemporains (Reviens bébé fait penser à Formidable de Stromae, le coup de soleil à Richard Cocciante) et des allusions à des événements récents (balance ton porc).
Le discours sur l'éducation (Acte II-Scène 1) est un petit bijou et le regard qui tue est magnifiquement interprété par Samuel Yagoubi (Octave) qui est plus que drôlissime. C'est injuste de ne pas les citer tous. Je vais me faire des ennemis parmi ces assoiffés de justice mais tant pis.
On oublie leur âge (qui n'est pas tout à fait celui d'Argante et de Géronte), la contemporanéité des costumes (dont on appréciera au passage l'harmonie en rouge-blanc et noir) et on se laisse aller à gouter la performance.
On aime tout. Le texte qu'on voudrait relire ensuite pour en goûter les amendements, la musique, qu'elle soit slamée a capella en direct ou qu'elle soit un clin d'oeil à la soit-disant vraie musique comme Ces gens-là du grand Jacques Brel.
Rassurez-vous, la soirée sera formidable. On présente ces Fourberies comme urbaines et déjantées mais ce n'est aucunement une galère ... que diable !
Le texte original a été conservé, mais des liens nouveaux entre certains personnages ont été tissés : amours assumées ou inavouées, liens de parenté, trahisons et passés douloureux viennent renforcer l’intrigue initiale de Molière. Des créations musicales et instrumentales originales, agrémentées de transitions improvisées où le langage est totalement contemporain, quelques notes urbaines avec un peu de rap et un squat en guise de décor inscrivent définitivement ce Scapin dans la France d’aujourd’hui.
Un jeune voyou habitué à vivre avec sa solitude mettra sa liberté et son intégrité physique en jeu pour l'amour de l’humanité. Scapin (Sébastien Gorki) aidera ses amis à résoudre avec ruse et humour leurs intrigues amoureuses tout en réglant les comptes avec les pères et maîtres tyranniques. Rendre service à une jeunesse appartenant à une classe sociale au-dessus de la sienne dans l’espoir d’y accéder. Sera-t-il remercié ou abandonné ? Les masques tomberont, fini de mitonner. Le spectacle s'achèvera sur le mot ingratitude ... nous faisant réfléchir aux sens profond de ce qu'on croyait être une comédie.
Je me répète : Il faut aller les voir sans tarder parce que dans 10-15 ans ils n'auront plus le même âge. Ils feront encore du théâtre, mais ils le feront autrement. Pour l'heure le message le plus essentiel est de faire un théâtre qui ne soit pas élitiste et qui parle aux gens efficacement, cultivés ou non, immigrés ou français de souche, libres ou détenus ... Surtout tous ceux qui ne vont pas (ou plus) au théâtre.
Tigran Mekhitarian est né en Arménie. Il est arrivé en France (précisément à Nice) à l'âge de quatre ans. Il a grandi avec le rap qu'il écoutait avec ses amis de la rue ... alors qu'il suivait brillamment ses études. Il défend la diversité parce qu'il a baigné dedans, pas parce que c'est dans l'air du temps. Il ne se force donc pas pour bâtir une distribution rassemblant un tunisien, un libanais, un kabyle, une juive, un arménien, une polonaise ... tous choisis non pas pour leur appartenance mais pour leur talent et pour leur énergie, sans cesse renouvelée. Il est metteur en scène mais aussi comédien. Je l'avais découvert en Sganarelle dans le Don Juan mis en scène par Anne Coutureau à la Tempête il y a trois ans.
Mise en scène Tigran MekhitarianAvec Isabelle Andrzejewski (Nérine), Théo Askolovitch ou Axel Giudicelli ou Damien Sobieraff (Carle), Sébastien Gorski ou Tigran Mekhitarian (Scapin), Charlotte Levy ou Pauline Huriet (Zerbinette), Tigran Mekhitarian ou Théo Askolovitch (Léandre), Louka Meliava (Sylvestre), Théo Navarro-Mussy (Géronte), Etienne Paliniewicz (Argante), Blanche Sottou (Hyacinthe) et Samuel Yagoubi (Octave)
Musiques originales Sébastien Gorski, scénographie et lumières Tigran Mekhitarian
Au Théâtre 13 / Seine, 30 Rue du Chevaleret, 75013 Paris - 01 45 88 62 22
Du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 16h – relâche le lundi
Conseillé à partir de 11 ans (attention, ne convient pas aux personnes épileptiques - utilisation de lumières stroboscopiques)
Production L’Illustre Théâtre Production exécutive En Scène Productions. Avec le soutien de l'Adami
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