Vol d'usage sera le dernier temps fort de l'Espace Cirque d'Antony. Il ne faudrait pas manquer ce ballet aérien parce que les deux artistes parviennent à raconter une très belle histoire empreinte de gravité avec somme toute peu de moyens ... mais beaucoup de travail, et c'est ce qui touche.
Un vélo suspendu par ses sangles se fracasse sur le parquet. C'est l'accident.
Récemment sortis du Centre National des Arts du Cirque, Jean Charmillot (vélo acrobatique) et Jérôme Galan (sangles aériennes) vont nous raconter l'avant, le pendant et l'après sans aucune parole ... mais rien ne nous échappera. La musique fait suite au grincement du bois. Elle est présente mais sans s'imposer. C'est un des charmes de ce spectacle qui, pour une fois, est concentré sur l'action sans que l'oeil du spectateur soit distrait par ce qui se passe dans les coulisses.
Du coup on ne perd rien de leurs mouvements ni de leurs intentions. On lit en eux comme dans un livre et leur art de "tourner en rond" devient limpide. Chacun a sa spécialité mais -et cela participe au charme du spectacle- ils ne sont pas enfermés dans leur discipline et sont capables de s'imposer sur le terrain de l'autre.
La scénographie est très intelligente, évoquant l'auto-stop, l'arrêt sur image, l'incruste, les rapports de forces, une crucifixion, ... chaque scène ajoute un chapitre à l'histoire qui se construit sous nos yeux sur les deux axes, horizontal et vertical.
On n'a jamais vu cela : un acrobate qui évolue au-dessus de nos têtes, au-delà du diamètre de la piste. Les artistes semblent défier les lois de l'apesanteur. Comme leurs envols semblent faciles ! Ils se jouent aussi de la vitesse, capables de tourner au ralenti comme à plein régime. Et on ne se lasse pas un instant.
Pour avoir moi-même fait un vol plané (absolument pas par goût pour le cirque) au-dessus d'une portière de voiture qui s'est ouverte sans prévenir je peux vous dire combien un accident est un moment grave. Il n'est pas ici minimisé ni tourné en dérision. Et pourtant l'humour et la légèreté sont de mise, faisant de chaque spectateur un complice conquis qui applaudit leurs démonstrations de forces comme leur sens de l'équilibre. Et qui rit beaucoup, par connivence et par plaisir.
Ce premier spectacle est très réussi. Le duo sait savamment doser la drôlerie, la poésie et la légèreté. Si l'un supplante l'autre ce n'est jamais longtemps. Ils sont en miroir ou en décalage, à l'unisson ou en inversant les rôles, toujours dans une grande fluidité. Il y a du Tati dans leur interprétation. Leur compagnie, La Quotidienne, porte bien son nom et nous parle de choses simples.
En voiture, à cheval ou à bicyclette, ces deux circassiens auront séduit tout le monde, même les jeunes spectateurs de 5 ans ... dont je ne suis pas sûre qu'ils sachent déjà faire du deux roues sans stabilisateur.
A voir et revoir pour comprendre le double sens du terme "gravité". A savoir : on peut revenir avec son billet pour seulement 5€.
Vol d'usage, de la Cie QuotidienneDe et avec Jean Charmillot et Jérôme Galan
Regard extérieur Marc Vittecoq
Création musicale Yannick Tinguely
Costumes Emily Cauwet
Création lumière Lydie Del Rabal
Création son Thomas Mirgaine
Jusqu'au 7 avril à l'Espace Cirque- Antony, rue Georges Suant - 92160 Antony
horaires variés (14h30, 16, 18 ou 20h30)
Les représentations des vendredis 22 mars et 5 avril sont destinées à des scolaires et des associations mais restent ouvertes à tous, dans la limite des places disponibles.
Rencontre avec les artistes le vendredi 29 mars à l'issue de la représentation
Carte Blanche le samedi 30 mars
Renseignements et réservations au 01 41 87 20 84.
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