Richard Brinsley Sheridan n'a que vingt-quatre ans quand il décide d'écrire une pièce de théâtre en s'inspirant d'événements qu'il venait de vivre parce qu'il estime avoir suffisamment de matériau pour composer une comédie dans laquelle il pourrait utiliser ce qu'il connait de la tyrannie familiale et des rivalités amoureuses qui ont marqué une jolie idylle.
Il avait cinq ans plus tôt enlevé une jeune femme et contracté avec elle un mariage secret. L'union était devenue officielle un an plus tard. Il a dû vivre ou voir de près des rivalités amoureuses, la jalousie et la valse des sentiments pour avoir su si bien les enchainer dans cette pièce qu'il composa en six semaines seulement et qu'il intitula Les Rivaux.
Comme l'affiche le laisse supposer, les protagonistes iront jusqu'au duel pour gagner leur amour. La fin sera heureuse, je ne trahis pas grand chose car on peut deviner qu'une comédie aura une telle issue.
Mais avant d'en arriver là les dix personnages auront offert au public une valse ponctuée de retournements de situation qui auront beaucoup fait rire. Outre le comique de situation, on goûte le franc-parler insolent des domestiques et on apprécie énormément la manière de s'exprimer de la tante Madame Malaprop (savoureuse Catherine Salviat) dont on pense d'abord qu'elle "savonne" avant de s'apercevoir que c'est bien son personnage qui ne maitrise pas correctement la langue. Elle adore les mots savants mais les massacre cependant avec un art consommé qui évoque une précieuse ridicule du XVII°. Sheridan a probablement réglé à travers elle des comptes avec son père, directeur de théâtre et professeur d'élocution. Il faut du talent pour jouer un tel rôle ... sans être ridicule.
La pièce a été créée le 17 janvier 1775 à Covent Garden. On raconte que le succès fut mitigé et que Sheridan fut encouragé à corriger son texte. Il y fait des coupures, change un acteur, et connait le triomphe onze jours plus tard. Son humour (certes anglais, dans le bon sens du terme) et la bonne humeur excentrique qui s'en dégagent ne se sont pas ternis avec les années.
Sachant que bien entendu Sheridan a écrit dans sa langue maternelle il faut saluer le travail de traduction et d'adaptation (et de coupes car si elles avaient conservé le texte original la pièce aurait duré quatre heures) de Frédérique Lazarini et de Sylviane Bernard Gresh. Il me semble que la pièce n'était pas du tout connue du public français et on se réjouit de découvrir ces péripéties qui se succèderont en cascade dans un jeu incessant de chassé-croisés et d'apparences.
Sachant que bien entendu Sheridan a écrit dans sa langue maternelle il faut saluer le travail de traduction et d'adaptation (et de coupes car si elles avaient conservé le texte original la pièce aurait duré quatre heures) de Frédérique Lazarini et de Sylviane Bernard Gresh. Il me semble que la pièce n'était pas du tout connue du public français et on se réjouit de découvrir ces péripéties qui se succèderont en cascade dans un jeu incessant de chassé-croisés et d'apparences.
Le scénographe François Cabanat a eu la bonne idée de penser le décor avec des toiles peintes qui permettent de passer très vite du dedans au dehors, et d'un lieu à l'autre. Il respecte la tradition du théâtre de tréteaux, et donne le message appuyé qu'on est au spectacle et que, quelque part, les personnages sont manipulés - manipulables- comme des marionnettes, ce qui instaure une juste distance.
Dominique Bourde a imaginé des costumes magnifiques, en puisant (comme elle le fait souvent pour Les Athévains) en grande partie dans les réserves de l'Opéra de Paris. En privilégiant des tenues à la mode au Premier Empire (environ 1805) elle rajeunit les personnages de quelques années et pratique elle aussi un petit décalage.
Anne-Marie Lazarini a distribué les rôles à des compagnons ayant partagé l'histoire de la compagnie en différentes saisons tout en intégrant, comme à l'accoutumée, quelques nouveaux venus comme Thomas Le Douarec qui n'avait jamais joué sous sa direction (mais que j'ai vu dans cette même salle et qui donc est en quelque sorte un habitué) .
L'action se situe à Bath, une ville d'eau frivole et provinciale, haut lieu de la mode que Sheridan connait bien pour y avoir vécu lui-même quelques années. C'est un endroit où l'on s'amuse autant qu'on s'ennuie, ce qui exacerbe le romantisme.
Pour écrire le rôle de Lydia Languish, Sheridan s'est inspiré d'une célèbre chanteuse, Elisabeth Linley, née à Bath, qu'il a effectivement disputé à plusieurs prétendants, pour laquelle il s'est battu en duel et qu'il a fini par enlever et épouser. Une partition originale sera écrite pour que ce rôle soit agrémenté par des chants, clin d'œil à cette jeune soprano qui dû renoncer à la scène peu de temps après son mariage.
Pour écrire le rôle de Lydia Languish, Sheridan s'est inspiré d'une célèbre chanteuse, Elisabeth Linley, née à Bath, qu'il a effectivement disputé à plusieurs prétendants, pour laquelle il s'est battu en duel et qu'il a fini par enlever et épouser. Une partition originale sera écrite pour que ce rôle soit agrémenté par des chants, clin d'œil à cette jeune soprano qui dû renoncer à la scène peu de temps après son mariage.
On fait donc la connaissance de la très romanesque (et riche) Lydia, dont le coeur est orienté vers un jeune soldat désargenté ... qui est en réalité le capitaine Jack Absolute qui a bien compris que sa belle rêve d'interdit. On se croirait en plein marivaudage quand la famille, aussi bien Sir Anthony Absolute, qui est l'autoritaire papa du capitaine, que Mrs Malaprop, qui est la tante de Lydia, se mettent en tête d'unir leur progéniture.
Les quiproquos s'enchainent, entretenus par Fag, le valet, et faisant la fortune de Lucy, la femme de chambre qui se fait payer ses mensonges. Les têtes tournent et la tension monte. C'est rafraichissant, presque subversif et extrêmement drôle.
Le public parisien doit savoir que monter un spectacle qui mobilise autant de comédiens est devenu très rare et donc apprécier pleinement ce que l'Artistic Théâtre peut "encore" faire.
Pourvu qu'il ne boude ni la pièce, ni son plaisir.
Les rivaux de Richard Brinsley SheridanLes quiproquos s'enchainent, entretenus par Fag, le valet, et faisant la fortune de Lucy, la femme de chambre qui se fait payer ses mensonges. Les têtes tournent et la tension monte. C'est rafraichissant, presque subversif et extrêmement drôle.
Le public parisien doit savoir que monter un spectacle qui mobilise autant de comédiens est devenu très rare et donc apprécier pleinement ce que l'Artistic Théâtre peut "encore" faire.
Pourvu qu'il ne boude ni la pièce, ni son plaisir.
Traduction et adaptation : Sylviane Bernard Gresh et Frédérique Lazarini
Mise en scène Anne-Marie Lazarini
Décor et lumières François Cabanat
Costumes Dominique Bourde
Avec Alix Bénézech, Cédric Colas, Charlotte Durand-Raucher, Bernard Malaterre, Philippe Lebas, Thomas Le Douarec, Willy Maupetit, Sylvie Pascaud, Catherine Salviat (Sociétaire honoraire de la Comédie Française) et Marc Schapira
A partir du 5 mars 2019
Artistic Théâtre
45 bis rue Richard-Lenoir - 75011 Paris
Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de Marion Duhamel
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire