Philippe Meyer a été (il l’est peut-être encore) professeur à Sciences Po, journaliste à l’Express, producteur à France Culture, critique au Point, écrivain ... une chose est sûre, c’est un homme de radio depuis plusieurs décennies et il le sera toute sa vie. Vous êtes sans doute nombreux à connaître sa voix parlée et ses formules. Nous vivons (toujours) une époque moderne.
Il est en ce moment sur la scène du Lucernaire où il fait bien plus que raconter ses souvenirs. On passe en sa compagnie une soirée formidable. J’en reviens.
Philippe Meyer surprend et régale le public en commençant la soirée par une chanson disant en substance qu’il fait beau, qu’il fait chaud et qu’on est bien.
Cette première chanson sera suivie de beaucoup d'autres car même si ce spectacle est une "causerie" Philippe Meyer ne peut pas s'empêcher de chanter. Il a la variété dans le sang. Ce n'est pas un hasard s'il anima si longtemps l'émission "La prochaine fois, je vous le chanterai", le samedi midi sur France Inter.
Quand je m'ennuie, je chante, dira-t-il au cours de la soirée. On espère juste qu'il ne s'ennuie pas en notre compagnie. Nous, on se régale. Cet homme a un vrai talent de conteur.
Peu importe que Il fait beau remonte à 1975, à Guy Béart et aux Frères Jacques, qu'il a découverts à l'âge de neuf ans, au Théâtre des Champs Elysées. L’interprétation toute en finesse instaure un climat de complicité. Il est probable que par la suite certaines de ses confidences font référence à des personnalités que le grand public ne connaît plus mais comme il imite leurs voix à la perfection son spectacle peut plaire à tout le monde.
Il n’est pas nécessaire de savoir qu’Edgar Faure fut président du Conseil sous la IV ème République pour apprécier son sens de la repartie. Cet homme avait inventé un curieux régime pour perdre du poids, que Philippe Meyer nous donne en adoptant la voix zozotante de l’homme politique. J’enchaîne un whisky (pour indiquer à mon cerveau que c’est l'heure de l’apéritif) et un café (pour lui faire croire qu'on est rendu à la fin du repas). Philippe Meyer ne nous dit pas si cela a marché, mais la salle rit de bon cœur.
On remonte le temps en sa présence. On le voit devant le TSF, puis le transistor qui le fascinait dans son enfance. Les voix comblaient l'absence des adultes. Il n'aurait pas raté La Tribune des critiques de disques chaque dimanche après-midi dont il ne comprenait pas vraiment la nature des échanges, trop intellectuels, mais l'exercice de l'argumentation a formé son oreille et a probablement nourri une vocation qui se révèlera plus tard.
Il est en ce moment sur la scène du Lucernaire où il fait bien plus que raconter ses souvenirs. On passe en sa compagnie une soirée formidable. J’en reviens.
Philippe Meyer surprend et régale le public en commençant la soirée par une chanson disant en substance qu’il fait beau, qu’il fait chaud et qu’on est bien.
Cette première chanson sera suivie de beaucoup d'autres car même si ce spectacle est une "causerie" Philippe Meyer ne peut pas s'empêcher de chanter. Il a la variété dans le sang. Ce n'est pas un hasard s'il anima si longtemps l'émission "La prochaine fois, je vous le chanterai", le samedi midi sur France Inter.
Quand je m'ennuie, je chante, dira-t-il au cours de la soirée. On espère juste qu'il ne s'ennuie pas en notre compagnie. Nous, on se régale. Cet homme a un vrai talent de conteur.
Peu importe que Il fait beau remonte à 1975, à Guy Béart et aux Frères Jacques, qu'il a découverts à l'âge de neuf ans, au Théâtre des Champs Elysées. L’interprétation toute en finesse instaure un climat de complicité. Il est probable que par la suite certaines de ses confidences font référence à des personnalités que le grand public ne connaît plus mais comme il imite leurs voix à la perfection son spectacle peut plaire à tout le monde.
Il n’est pas nécessaire de savoir qu’Edgar Faure fut président du Conseil sous la IV ème République pour apprécier son sens de la repartie. Cet homme avait inventé un curieux régime pour perdre du poids, que Philippe Meyer nous donne en adoptant la voix zozotante de l’homme politique. J’enchaîne un whisky (pour indiquer à mon cerveau que c’est l'heure de l’apéritif) et un café (pour lui faire croire qu'on est rendu à la fin du repas). Philippe Meyer ne nous dit pas si cela a marché, mais la salle rit de bon cœur.
On remonte le temps en sa présence. On le voit devant le TSF, puis le transistor qui le fascinait dans son enfance. Les voix comblaient l'absence des adultes. Il n'aurait pas raté La Tribune des critiques de disques chaque dimanche après-midi dont il ne comprenait pas vraiment la nature des échanges, trop intellectuels, mais l'exercice de l'argumentation a formé son oreille et a probablement nourri une vocation qui se révèlera plus tard.
On révise les grandes heures de la radio ... depuis une époque où la concurrence n'étant pas ce qu'elle est aujourd'hui, quelqu'un qui "passait dans le poste", qu'il soit radiophonique ou ensuite télévisé, était assuré de faire davantage que le buzz. L'audimat minimum était de six millions de personnes. Quelle web radio pourrait rêver mieux ? C'était la célébrité garantie ... si l'on avait bien sûr quelque talent.
La radio apportait les bruits de l'extérieur à travers la publicité à des français qui, sortant tout juste des restrictions de la guerre, avaient une envie folle de consommer. Il reprend les gimmicks de quelques spots restés fameux ... à en croire la ferveur avec laquelle la salle (presque) entière finit ses phrases en chantant en choeur, notamment un couplet sur Monsavon.
Il se souvient de Signé Furax, le feuilleton radiophonique créé par Pierre Dac et Francis Blanche en 1951. Il y aura plus de 1000 épisodes. Egalement Les maîtres du mystère, un programme de théâtre radiophonique policier, imaginée par Pierre Billard, concepteur, réalisateur et producteur, dont le générique si particulier (créé par André Popp) qui donnait le frisson chaque mardi soir, de 1957 à 1965.
Il évoque ou imite des voix qui furent longtemps des repères pour les auditeurs, comme Lucien Jeunesse et son jeu des mille francs, Macha Béranger, dont on suivait avec émotion les émissions de nuit.
Il devient sarcastique, mais juste, en racontant qu'enfant il s'étonnait qu'on puisse faire carrière sur les ondes sans avoir une voix radiophonique. Pour preuve celle chevrotante d'Albert Simon, présentateur météo d'Europe 1 dont il situe l'accent à mi-chemin entre le bourguignon et le roumain ...
On comprend que très vite la radio est devenu une passion, d'abord comme auditeur, puis comme journaliste, presque par hasard néanmoins car il n'était pas destiné à exercer ce métier. Il a 20 ans en mai 68 et fait ses études à Nanterre. Il milite aux cotés de Paul Ricoeur. Il deviendra éducateur dans un club de prévention de la délinquance. On a le sentiment que la radio s'éloigne. D'ailleurs il part au Québec pour étudier les réponses que ce pays apporte à la délinquance juvénile. Il s'intéresse à beaucoup d'autres choses encore et y forgera une grande amitié avec un chanteur peu connu en France à l'époque (mais tout de même) Gilles Vigneault dont il nous fait le plaisir de nous interpréter Les gens de mon pays, que le québécois chantait depuis 1965.
Il prépara une thèse de doctorat en sociologie qui aurait pu le faire entrer au CNRS. Un jour une rencontre change sa vie ... sur le plateau télévisé du Grand Echiquier, une émission qu'on peut qualifier de culte, animée par Jacques Chancel (qu'il ne nous imite pas poser sa question devenue fameuse : Et Dieu dans tout çà ?) à qui il soumet une idée d'émission sur le monde de la télévision, que les bourgeois de l'époque considéraient alors avec une certaine hauteur.
Finalement ce sera Telescopages, sur France Inter (1982-1989) où son premier invité est un agoraphobe notoire, scénariste de Roman Polanski, Gérard Brach. Il se trouve que Simone Signoret était à l’écoute et qu'elle a aussitôt fait savoir qu'elle serait cliente du petit Meyer, si celui-ci le souhaitait. Il a fait plus, en devenant son ami.
Il nous offre d'autres savoureuses anecdotes, en particulier ses déjeuners de travail avec Ivan Levaï (que j'ai connu à Europe 1), et règle quelques comptes avec divers responsables de programme avec un humour léger parce qu’il vaut mieux montrer ses cicatrices plutôt que ses muscles. Il ne fut ni le premier ni le dernier à subir les changements ... politiques qui entraînent des licenciements en cascade. La presse paie souvent cher sa liberté de pensée.
Cet homme a un talent de conteur et de chanteur. Accompagné à l’accordéon par son complice Jean-Claude Laudate il nous fait passer une bonne soirée
J’ai été attentive à son opinion sur l’évolution de la radio depuis les premières TSF qui préfiguraient l’écoute en wifi qui ne surprend personne aujourd’hui jusqu’au nouveau mode d’utilisation offert par les podcasts dont il dit qu’ils consistent à proposer aux auditeurs des choses dont ils ne savent pas encore qu’ils en auront envie.
Pas de "replay" pour ce spectacle, vivant, de Philippe Meyer qui est très applaudi par une salle composée de beaucoup d'admirateurs. Vous l'apprécierez même si vous ne le connaissez pas. Il vous fera partager ses deux amours, la radio et la chanson, ... pardon trois, la radio, la chanson et ... Paris (mais pour le comprendre il faudra attendre les saluts) !
Causerie drolatique de Philippe Meyer
Accompagné du musicien Jean-Claude Laudat
Mise en scène de Benoit Carré
Du jeudi au samedi à 21 heures, jusqu'au 1er juin 2019
Dimanche à 19 heures
Mise en scène de Benoit Carré
Du jeudi au samedi à 21 heures, jusqu'au 1er juin 2019
Dimanche à 19 heures
53 rue Notre Dame de Champs - 75006 Paris
La photo qui n'est pas logotypée A bride abattue est de Karine Letellier
La photo qui n'est pas logotypée A bride abattue est de Karine Letellier
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