Il y a des livres comme celui-ci qui me mettent dans un état de grâce. Comme un plat parfaitement dosé qui conduit à la satiété.
En treize lignes, Thomas Vineau condense le conditionnement de l'être humain, tellement formaté au malheur qu'il en est devenu incapable de faire de nouveau confiance à la vie. Sauf qu'on ne peut pas vivre sans une espèce de sérénité, qu'on ne peut intégrer qu'à grands coups de demains et de câlins. (p. 54)
Les chapitres sont brefs. Les phrases élégantes, à la limite d'un genre nouveau, une sorte de prose poétique. Thomas peut nous enchanter avec une simple accumulation de noms d'arbres et d'oiseaux. (p. 123)
Ecrit à la première personne du singulier, ce récit a pourtant l'art de nous englober : je porte un collier de perles noires et invisibles autour de mon cou. le collier de ceux qui gardent leurs absents à l'intérieur. Nous sommes nombreux à le porter. Je ne le sens presque pas. Il n'embarrasse plus ni mes gestes ni mes rêves. (p. 95)
Vous aurez pressenti que le thème central du livre est celui du deuil. Oui, et pourtant non. Parce que c'est avant tout un hymne à la nature, à la beauté sauvage d'une campagne peuplée de dizaines d'espèces d'oiseaux, où poussent tous les arbres imaginables et où bien sur, coule une rivière qui sert d'escalier à la lumière.
Ce livre nous donne envie de lire Mémoires sauvées du vent de Richard Brautigan, de cueillir des prunes, d'adopter un bébé ragondin, de revoir le film de Sean Penn Into the wild, et de nous mettre nous aussi à effectuer des allers-retours entre notre enfance et notre avenir.
De Thomas Vinau on sait peu de choses. Qu'il est né en 1978 à Toulouse et qu'il vit au pied du Luberon à Pertuis. Que son premier roman, Nos cheveux blanchiront avec nos yeux, a été publié chez Alma en 2011. Il se déclare comme militant du minuscule sur son blog. Vaste programme.
Ici ça va de Thomas Vinau, Alma éditeur, Paris, 2012
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