Philippines, archipel des échanges occupe la Galerie Jardin du Quai Branly jusqu'au 14 juillet. Il ne reste donc que peu de temps pour aller voir cette première grande exposition dédiée à cet archipel en Europe.
L'exposition réunit un ensemble de 310 œuvres précoloniales incontournables - sculptures, poteries, textiles, parures - sélectionnées dans les collections publiques et privées philippines, américaines et européennes.
C’est sous le prisme de l’échange que sont mis en lumière les objets méconnus en France de cette civilisation dont le socle est la réciprocité. Symbolique ou économique, l’échange met en relation des êtres visibles et invisibles. Avec deux regards, le premier tourné vers la Terre, le second vers la Mer.
C'est comme souvent à un double voyage, dans l'espace et dans le temps, que nous convie le Quai Branly. Il y a énormément à voir et à lire, parfois dans une relative pénombre pour préserver les objets. Chacun organisera son parcours selon ses voeux.
Pour ma part je mettrai l'accent sur quelques objets qui vous donneront, je l'espère, l'envie d'aller les contempler de vos propres yeux. Ils sont si difficiles à photographier que, pour une fois, j'ai eu recours à des clichés que le musée m'a autorisée à reproduire.
Copyright: © musée du quai Branly, photo Claude Germain
Détail d'une tenture cérémoniale tabil, en coton, de l'île de Mindanao, XX°siècle, de taille impressionnante, 220 x 153 cm
Copyright: © musée du quai Branly, photo Thierry Ollivier, Michel Urtado
C'est la population tausug qui a réalisé cette tenture rouge à motifs appliqués blancs, composée de deux parties cousues au centre de la pièce. Un "arbre de vie", si fréquent en Indonésie et en Inde, dont les ramures occupent la totalité de la surface y est cousue en appliqué. Ces tentures murales sont sorties lors des mariages et autres fêtes rituelles. On peut établir un lien avec les drapeaux Maranao de Mindanao. Le caractère abstrait et foliacé du dessin n'est pas nécessairement lié à l'injonction islamique de ne pas représenter d'êtres humains et d'animaux.
Armure et chapeau probablement d'origine arabe et inspirés à la fois de la cuirasse et de la cotte de mailles. Fin 19e siècle, population bagobo, Davao Oriental. En résine, coquilles de cauris, et sparterie.
Dans la mythologie Bagobo, porter un vêtement resplendissant métamorphose le caractère et l’identité : le guerrier se transforme en Malaki (héros de mythologie). C'est pourquoi les armures sont soigneusement préparées.
L'encolure, le plastron et les lames d'aisselles sont décorés de cauris. La Dossière est formée d'une vannerie plate étranglée à la hauteur du quart inférieur et constituée de trapèzes isocèles opposés par leurs petites bases et dont les cotés sont légèrement concaves. Quatre baguettes disposées horizontalement la renforcent sur ses 3/4 inférieurs. Un petit trapèze posant sa petite base sur le tiers central du bord supérieur de la vannerie la prolonge vers le haut. Cet ensemble légèrement convexe forme "dos rond". De chaque coté, la vannerie envoie une aile qui protège les reins et les cotés. Les basques de longueur égale sont cousues ; l'une au milieu, trapèze plus large en bas qu'en haut pend au bord inférieur de la partie dorsale. En outre, sur leurs bords libres, les ailes de cette vannerie portent des basques qui, cousues au bord inférieur remontent le long du bord longitudinal jusqu'aux aisselles.
Copyright: © musée du quai Branly, photo Claude Germain
Mentions obligatoires: Ensemble restauré grâce au soutien de Monsieur David Lebard, bienfaiteur de la société des Amis du musée.
Le Kulintang est un instrument de musique datant du XIXe siècle, en bois peint, laiton, bambou, corde, de dimension imposante : 90 x 340 x 35 cm
Il provient de Mindanao, province de Lanao del Sur
Ayala Museum, Manille,
Copyright: © musée du quai Branly, photo Neal Oshima
Très impressionnantes sont les jarres de secondes funérailles, servant d'urne funéraire, pour y placer les os qui étaient alors récupérés. On remarque un crâne humain dans cet exemplaire. On constate que l'ouverture permettant de placer le crâne et de le voir est effectuée sur la panse du vase.
Cet objet, de dimensions modestes (24 x 34,8 x 27 cm) a été collecté à Marinduque mais la jarre a été fabriquée en grès en Chine du Sud aux XV - XVIe siècle.
Copyright: © musée du quai Branly, photo Claude Germain
On voit aussi énormément de bijoux et d'accessoires en or, tous magnifiquement travaillés. Cette ceinture royale kandit de 74,2 cm appartenait au Trésor de Surigao, au Nord-est de Mindanao, Province de Surigao del Sur. Elle date des Xe-XIIIe siècle.
Copyright: © photo Neal Oshima
Mentions obligatoires: Bangko Sentral ng Pilipinas, Manille
L'exposition était gratuite d'accès aujourd'hui dans le cadre d'un week-end exceptionnel sur le thème de l'ethnologie, avec la participation de 85 personnalités qui lisaient des textes ou commentaient des oeuvres des collections permanentes. Avec une nouvelle exposition consacrée à l'inventeur des arts primitifs, Charles Ratton, (je lui consacrerai un billet spécial très bientôt) le visiteur était comblé. Sans oublier les jardins du musée qui sont de plus en plus agréables.
Les lecteurs du blog ont eu la possibilité, via la page facebook de A bride abattue, de gagner des entrées. Ce sont Christine R, Véronique H, Anne L, Constance V et Eric C qui ont reçu chacun deux invitations à leur domicile.
Pour préparer votre visite, le lien vers la page dédiée sur le site du musée.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire