Son "actu", comme on dit dans le jargon, c'est Albert Camus, dont il vient de publier une biographie. C'est aussi Mozart dont il signe la co-mise en scène de la Flute enchantée. J'y ai consacré un billet il y a quelques jours.
C'est aussi pour l'été l'Affrontement qu'il joue au Théâtre Rive Gauche avec Davy Sardou et que je n'ai pas encore vu.
Ma pendule ne tourne pas aussi vite. Il me semble que hier encore il était Otto Frank, le père de la célèbre Anne, dans ce même théâtre Rive Gauche où je suis venue voir ce succès que j'ai, lui aussi, relaté sur le blog. Et coté littéraire, je me suis arrêtée à Dior.
Francis Huster a écrit une "biographie autobiographique" puisqu'il raconte autant sa propre vie que les dix dernières années de Christian Dior. Il le fait avec beaucoup d'honnêteté, avouant d'emblée son estime pour Zinedine Zidane qu'il aimerait voir revenir en équipe de France, son amitié pour Patrick Dewaere qui fut son copain d'enfance ...
On comprend vite combien le comédien est habité par son sujet. Quoi que vous fassiez, faites-le avec passion disait le grand couturier, une maxime que l'on retrouve en exergue du livre.
Il nous dépeint un homme secret, fragile peut-être, spontané et généreux (p. 12) et nous donne sa définition de l'élégance qu'il considère comme un don, un état d'esprit. La couverture exprime à elle seule le propos soutenu par l'auteur : la femme peut compter sur la haute-couture et s'appuyer sur elle. Le mot est d'ailleurs typographié dans la couleur rouge tant aimée par Christian.
Les vies des deux hommes se croisèrent, d'abord dans une sombre réalité puisque Francis Huster se souvient d'avoir assisté à la crise cardiaque de Christian Dior, à Montecatini, en Italie. Le premier était en vacances, le second en cure. La maman de Francis étant couturière, dans le quartier de la Bourse, au 5 rue de la Banque, nombre de souvenirs personnels reviennent à la surface. Comme sa maman découpant, à s'en tordre les doigts, les "foutus" patrons de robes splendides sur du papier kraft, avec de lourds ciseaux dont, encore aujourd'hui, se souvient parfaitement Francis.
Ensuite, nombre d'artistes évoquèrent ce "bon monsieur Dior" devant lui. Jean-Louis Barrault, Edwige Feuillère et surtout Jean Marais lui ont beaucoup parlé du couturier et de son décorateur, Christian Bérard, grand décorateur de Louis Jouvet, à qui il confia l'architecture intérieure de l'hôtel particulier du 30 avenue Montaigne, qui fut la première boutique haute couture. Elle ouvrit en 1955 et n'a pas cessé depuis d'être un lieu mythique. Avec toujours les mêmes couleurs particulières, beaucoup de blanc souligné par un gris absolu, ni sombre, ni terne.
L'esprit Dior y est toujours de mise, mais il a connu quelques évolutions, comme l'ajout d'un banc circulaire "feuilles de ginkgo en bronze", que Claude Lalanne a conçu en 2007 pour la rotonde d'accueil de la boutique et qui avait été montré au public lors de la très belle exposition Lalanne aux Arts décoratifs en 2010.
Le comédien n'a pas été contraint d'éplucher des archives. Ses souvenirs personnels ont constitué un terreau fertile. Il a de belles formules pour faire revivre la spécificité du créateur que l'on dit très pur dans sa création, très secret pour le reste. Il n'hésite pas à le désigner comme étant, à sa manière, le de Gaulle des ciseaux, parce qu'il n'a eu de cesse de libérer la femme. (p.43)
Francis Huster convoque tour à tour Louis Jouvet, Zinedine Zidane (qu'il aimerait voir revenir en équipe de France), Patrick Dewaere son copain d'enfance, Toscanini, ou Bettina Balland, la rédactrice en chef de Vogue qui fut une des premières à croire dans le talent du maitre. Il fait aussi parler des personnages comme Scarlett O'Hara si bien qu'on se perd un peu entre la réalité et le fantasme.
Peu importe. On le sent sincère et c'est ainsi qu'il nous apprend dans ce livre à aimer Dior.
Pour ma part j'ai rencontré Monsieur Dior ... au musée Grévin où il est représenté avec ses cartons de croquis entre les mains.
Francis Huster, Et Dior créa la femme, au Cherche Midi, novembre 2012
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